RÉGIONALES Christophe Rivenq, tête de liste LR du Gard : "L'abstention, on ne sait pas si elle est de Gauche ou de Droite"
Christophe Rivenq, tête de liste Les Républicains pour les Régionales dans le Gard, achève sa campagne pour le second tour auquel il a accédé après avoir recueilli 10,90% des suffrages dans le département. Une dernière semaine décisive pour la Droite qui espère - sans trop y croire - battre Carole Delga ce dimanche. Interview.
Objectif Gard : Votre score sur Alès (21,33%) est proche du double de celui que vous avez obtenu dans le Gard (10,90%). Vous attendiez-vous à ce qu'il soit encore plus haut ?
Christophe Rivenq : Quand on se compare à toutes les villes de plus de 20 000 habitants on est la seule commune à ne pas avoir perdu de points de pourcentage. Je m'attendais à faire 17 ou 18% maximum. On maintient le score malgré le fait qu'il ait baissé de cinq points au niveau régional. C'est donc une grande satisfaction.
Marine Le Pen justifie l'abstention massive du premier tour par "une confluence de raisons". Y intégrez-vous le traitement médiatique des élections supposément insuffisant ?
Totalement ! Mais la première raison, c'est la médiocrité du politique qui ne sait plus intéresser les gens. L'un des responsables, c'est Emmanuel Macron, car à force de vouloir tuer le match entre la Droite et la Gauche il est en train de tuer la politique. Les deuxièmes responsables, ce sont les journalistes nationaux qui passent leur temps à débattre entre eux en se comportant comme s'ils étaient des responsables politiques à tel point qu'à la fin on ne comprend plus rien et on finit par éteindre sa télé. On a fait un super débat sur le plateau d'Objectif Gard mais malheureusement on a été trop constructifs pour intéresser les gens. Il aurait fallu qu'on s'invective ! Il y a aussi la faute à la crise sanitaire. Certains sont arrivés dans les bureaux de vote avec leur visière et leur bombe désinfectante. Les gens ont encore peur. Et puis il y a aussi 80% des jeunes qui ne votent pas. C'est une cata !
Justement, la jeunesse d'Aurélien Pradié (35 ans) n'est-elle pas le meilleur atout pour mobiliser les jeunes électeurs absents ?
C'est difficile car on ne sait pas vraiment ce que veulent les jeunes. Est-ce qu'ils veulent un copain comme chef ? Un papa ? Une maman ? Il suffit de se balader dans Alès avec le maire pour s'apercevoir que les gamins de 16-17 ans kiffent Max Roustan. Parce qu'il y a ce côté paternaliste. Donc on ne sait pas vraiment. Les jeunes n'ont pas toujours besoin des jeunes. Tout comme les femmes ne votent pas toujours pour des femmes ou les hommes pour des hommes. Je voulais qu'on intègre un grand projet pour les jeunes à notre programme. On est l'une des régions les plus jeunes de France, il faut miser sur les jeunes, leur filer le pognon !
La campagne du second tour est lancée depuis lundi. Comment procédez-vous dans ce laps de temps très court ?
On tracte et on remplit beaucoup les boîtes aux lettres. On fait moins de distribution de la main à la main. Les budgets de campagne étant limités, nous n'avons que 5 000 tracts pour les Régionales sur le Gard. C'est rien quand on sait qu'il y a déjà 20 000 boîtes aux lettres à Alès. Donc on cible beaucoup plus à partir d'une analyse des listes d'émargement pour identifier les abstentionnistes. Il y a aussi des logiciels qui permettent d'identifier les secteurs où on a loupé notre électorat. Par exemple, on ne va pas aller au Martinet car ça ne sert à rien d'aller tracter sur des communes qui votent à 90% communiste. Ça serait du temps perdu.
Pensez-vous réellement pouvoir renverser la vapeur et l'emporter ?
Aujourd'hui les études sont très claires ! Il y a 80% des Français qui se disent prêts à voter autant à Gauche qu'à Droite. Certains peuvent voter Mélenchon comme Le Pen. Il n'y a que 20% des Français qui sont d'un côté et ne bougent plus. C'est pour ça que je dis qu'on peut encore gagner cette élection. L'abstention, on ne sait pas si elle est de Gauche ou de Droite. Elle a été telle au premier tour qu'il suffit de convaincre une personne sur trente que tu croises dans la rue de voter pour toi et tu doubles ton score. Dit comme cela ça paraît simple, la réalité est bien plus compliquée (rires).
En quoi, comme le suggère Aurélien Pradié, sa candidature incarne-t-elle "l'alternative crédible" à Carole Delga ?
On est trois dans cette finale. Il y a l'extrême-Droite qui n'est absolument pas la solution car à part vociférer elle n'a rien fait. Carole Delga la sortante, et nous le bulletin qui sera au milieu sur la table de vote. D'ailleurs on représente ce qu'il y a de mieux chez tout le monde. On est pragmatique et non dogmatique. On a cette ouverture d'esprit que les autres n'ont pas. La Gauche pense encore que pour aider les pauvres il faut les assister. Nous on pense qu'il faut aider les gens à s'élever. Si on veut faire bouger certaines politiques publiques il faut mettre du sang neuf.
Cette campagne éreintante vous a-t-elle conforté dans l'idée que votre engagement politique s'inscrit exclusivement à Alès ?
Je le savais déjà mais je le sais d'autant plus. Ils m'ont sauvé la vie en faisant en sorte que je ne sois pas tête de liste régionale, même si ça m'aurait passionné de sillonner la Région. Mais qu'est-ce qu'on est bien à Alès... Pour autant je sais l'importance de ma présence à la Région pour la ville d'Alès. Si je n'y étais pas, on parlerait beaucoup moins d'Alès à Toulouse. C'est beaucoup de travail donc c'est la raison pour laquelle ça pourrait être mon dernier mandat.
Un dernier mot sur les élections départementales. Les cantons alésiens sauvent quelque peu la face de l'union de la Droite et du Centre...
Exact ! C'est plutôt une fierté. Je pense qu'il y a un coup à jouer sur Alès 1 avec l'usure de Jean-Michel Suau qui représente davantage le passé que l'avenir. S'il est réélu et que Claude Cerpédès l'est aussi sur Alès 2, ça va commencer à faire beaucoup de communistes au Département. Je me demande comment Françoise Laurent-Perrigot va gérer ses troupes...
Propos recueillis par Corentin Migoule