Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 29.02.2020 - anthony-maurin - 5 min  - vu 2348 fois

SAMEDI TOROS Arrêter les querelles de chapelles pour défendre la cathédrale

Laurent Burgoa, futur adjoint à la tauromachie si Jean-Paul Fournier est réélu à Nîmes, nous dévoile sa politique taurine à venir.
Devant la Porte des Consuls, Laurent Burgoa, futur adjoint à la tauromachie de Nîmes ? (Photo Anthony Maurin).

Laurent Burgoa devant les arènes de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Il est un des personnages incontournables des palcos nîmois. Laurent Burgoa est actuellement adjoint au maire délégué à la rénovation urbaine, au contrat de ville et au logement social. Si Jean-Paul Fournier est réélu pour son quatrième mandat, Laurent Burgoa deviendrait son adjoint à la tauromachie.

Objectif Gard : Qui est Laurent Burgoa l'aficionado ?

Laurent Burgoa : Je vais aux arènes depuis mes cinq ans. Mes parents m'y ont emmené pour la première fois voir une corrida portugaise en nocturne, mais j'ai eu la chance de bénéficier des chaises de Ferdinand Aymé (NDLR ancien empresa des arènes de Nîmes) que je connaissais un peu. J'ai vu beaucoup de corridas comme cela quand j'étais gamin. Ado, j'ai continué et pour ma plus grosse saison taurine, j'ai assisté à 88 spectacles qui allaient de la novillada sans picador à la corrida formelle. De Madrid à Bilbao, en passant par Bouillargues !

Quel est le rôle de l'élu à la tauromachie de la ville de Nîmes ?

Ce qui manque, c'est la promotion. La corrida doit être défendue par les élus, surtout les novilladas sans picador ou piquées. L'élu à la tauromachie doit avoir un lien avec les clubs taurins et faire respecter le cahier des charges que le délégataire doit appliquer.

Ici, Laurent Burgoa donne deux oreilles à Paco Ureña lors de la feria de Pentecôte 2019 (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Que propose de neuf le cahier des charges de l'actuelle mais récente délégation de service public attribuée à Simon Casas ?

Le nouveau cahier des charges fait évoluer les choses. Une école de razeteurs doit être créée et un pass découverte doit permettre aux jeunes de venir un peu plus aux arènes, ils seront accompagnés. C'est un vrai partenariat. Arrêtons les guerres de chapelles et défendons la cathédrale ! Je suis issu des clubs taurins, de l'Union taurine nîmoise.

Les guerres intestines n'ont pas arrangé l'image de la tauromachie...

Il faut que les clubs taurins soient solidaires les uns des autres. L'organisation d'une journée rassemblant tout ce qui se fait comme Rendez-vous en Terre d'Aficion, le Printemps des Jeunes Aficionados... On va y arriver et chacun trouvera sa place. Il faut sortir de la guerre d'ego. Mon combat, si je dois en mener un, c'est pour que mes enfants et petits-enfants puissent aller aux corridas car rien n'est sûr aujourd'hui. Nous ne sommes pas là pour imposer un cadre, toutes les sensibilités peuvent être représentées, on aime tous nos arènes !

Comment se définit l'aficionado Laurent Burgoa ?

J'aime autant voir une belle pique et un combat fort qu'un changement de mains d'Aguado. L'essentiel, c'est l'émotion. J'ai vibré pour les Samuel Flores avec Ponce ou Rincon, mais aussi quand j'ai vu Morante couper une oreille à Madrid. Il faut sortir des stéréotypes.

Là, l'élu change le toro de Paco Ureña lors des Vendanges 2019 Laurent Burgoa deux oreilles Paco Ureña Pentecôte 2019 (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Comme les jeunes qui défendent les traditions ?

J'aime bien Touche pas à mes passions ! Nous les aficionados, moi, nous devons les soutenir. On parlait d'une journée unique où tous les petits rendez-vous taurins nîmois seraient rassemblés : pourquoi ne pas l'appeler Touche pas à mes passions ? On pourrait imaginer qu'elle serait en feria, dédiée uniquement à ces enjeux. Il y aurait des animations réalisées par les clubs taurins, les practicos...

Les aficionados anciens n'ont-ils pas loupé la transmission de leur passion ?

On a loupé la transmission dans tous les domaines, pas qu'en tauromachie. Il manque des bénévoles dans les associations... Nos jeunes, il faut promouvoir leurs actions ! C'est l'avenir, moi je suis un vieux, mais je me battrai pour eux. Le maire est favorable à tout cela, il a eu les larmes aux yeux quand il les a entendus parler. Ces jeunes sont au-dessus de la mêlée, ils sont fédérateurs et unissent les tauromachies comme l'UVTF devrait elle aussi le faire. C'est en étant unis que nous arriverons à défendre toutes nos traditions. Une tradition, c'est une identité et une identité c'est une âme. Si on supprime la corrida, on supprime notre identité et je ne comprends pas l'irrespect que l'on subit. Des races spécifiques de toros et de taureaux pourraient être supprimées, les paysages en seraient bouleversés, tout comme l'économie qui gravite autour de cela. Camarguais et Landais doivent aussi se sentir concernés par les attaques contre la corrida.

Où se situera Nîmes sur l'échiquier taurin ? 

Nous devons créer, recréer du lien. On pourrait réintégrer l'UVTF mais pas l'ONCT. D'ailleurs, l'idée de Jean-Paul Fournier serait de récupérer l'argent que l'on donne à l'ONCT pour organiser une novillada sans picador, piquée ou mixte en fin de saison avec trois français au cartel. Les triomphateurs de l'année auraient ainsi une course de plus au compteur et cette course se déroulerait dans les arènes de Nîmes.

Sur le territoire de Nîmes métropole il n'y presque plus de mise à mort. Peut-on envisager un retour en arrière ?

Oui, il est vrai que les maires de l'agglo sont contraints par diverses choses, mais il est certain qu'outre Saint-Gilles et Bouillargues, les mises à mort ne se pratiquent plus. Nous devons travailler habilement la question, expliquer aux nouvelles populations que cela fait partie de nos traditions.

Les corral en 1969 (bien sûr)... peu de changements depuis ! (Photo Archives municipales fonds Hervé Collignon)

Les corrals de Nîmes sont plus que vieillissants et peu adaptés au public. Que ferez-vous ?

Nous sommes d'accord pour lancer un groupe de travail sur la question des corrals. Nous voudrions peut-être implanter de nouveaux corrals du côté du Marché gare. Là-bas, on pourrait peut-être faire des petites arènes pour que les écoles taurines et les clubs taurins puissent s'entraîner ou organiser des fiestas camperas. Il y faudrait aussi une salle d'exposition ou de conférence pour l'aspect culturel du site. Cela rentre parfaitement dans la promotion de la tauromachie.

Que doit-on attendre de la temporada à venir ? Sur la forme !

L'empresa va prochainement présenter ses cartels mais nous sommes favorables à un changement de forme. On pourrait imaginer ça comme à Istres, avec des partenaires privés, des prix décernés aux meilleurs toros, aux meilleures faenas, aux meilleurs toreros... Ça ferait une belle réception, plus largement ouverte qu'à l'heure actuelle.

La Cape d'Or fait son grand retour hors feria, pourquoi ?

C'est à la demande des clubs taurins et c'est un beau challenge que nous verrons le 5 avril dans les arènes. On revient un peu en arrière, comme dans le passé où la Cape d'Or était hors feria et nous avons la chance d'avoir deux Nîmois au cartel avec le petit Rafi et le jeune Solal qui fait ses premières courses en novillada piquée. Nous devons être fier de cette émulation car depuis l'arrêt de Maxime Ducasse, Nîmes n'a plus de torero, de subalterne... Cela m'interpelle fortement et c'est important de retrouver nos Nîmois au sommet.

Un dernier mot à dire ?

Le plus important, c'est demain. Nos enfants et petits-enfants pourront-ils voir des corridas ? Je mènerai le combat pour que cela soit le cas car des coups sont portés à nos traditions et les élus doivent être fiers de leur territoire et de son identité. Toutes nos actions doivent être maintenues et amplifiées. Nous devons parler tauromachies dans tous les quartiers et nous retrouver trois fois par an dans nos arènes de Nîmes !

Anthony Maurin

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