SAMEDI TOROS Il y a 50 ans, El Nimeño concourrait pour la Cape d'or
On vous l’accorde bien volontiers, la saison sans corrida commence déjà à démanger les aficionados et il faut trouver une actualité qui sorte un peu des sentiers battus afin de contenter tout le monde et de faire vivre un voyage atypique sur la planète des toros.
L’escalafon novilleril, au sein duquel les Français se portent plutôt bien et brillent régulièrement, est le classement qui agite la classe des novilleros. Dernière marche avant celle de la corrida, la novillada a changé avec le temps et nous avons souhaité faire marcher arrière en retournant voir le résultat la septième édition de la Cape d’or.
2019 signifiait la 58e Cape d'or. Andy Younes et El Rafi ont tous les deux remporté les dernières éditions mais en 1969, un autre torero local, très local même, était à l'affiche.
Cette novillada spéciale débouchait sur un prix remis par la peña Antonio Ordoñez et sur un contrat pour la feria de Pentecôte suivante. Aujourd'hui, la Cape d'or est la novillada de la feria. Pour notre histoire, tout débute le 20 avril 1969, avant la feria de Pentecôte qui revenait après une année 1968 où elle fut annulée à cause du mouvement citoyen national.
La Cape d’or, il y a 50 ans, avait déjà un intérêt certain pour les jeunes apprentis toreros. Le lot venait tout droit de la ganaderia Rocio de la Cámara. Alors que l’Homme n’avait pas encore posé le pied sur la Lune, certains jeunes toreros allaient devoir combattre un lot de la ganaderia Rocio de la Cámara.
Fernando de la Cámara a bâti son élevage avec du bétail venant de Carlos Nuñez mais aussi du Marquis de Villamarta. Le mayoral, Antonio Cortés, servira, après le décès de Fernando en 1965, les intérêts de sa fille… Rocio.
Au cartel de ce 20 avril 1969, Juan de la Cova Asenjo Castro " Calero ", mais aussi Alain Montcouquiol dit El Nimeño et le jeune El Marismeño. Le jury était composé d’Adrien Gauttier, de José Piles et du consul d’Espagne, M. Fontaine. Le revistero qui était responsable du compte-rendu de la course n’était autre que le célèbre Relampaguito, Edmond Thoulouse, qui signait les papiers taurins dans le quotidien régional La Marseillaise.
C’est " Calero ", né en 1948 près de Séville et qui prendra l’alternative en 1970 à Badajoz, qui était le chef de lidia d’une novillada qui allait le voir remporter le septième trophée de la Peña Antonio Ordoñez. Le jeune a même confirmé son alternative à Madrid en 1972. On le voit bien sur les photos, les arènes ne sont pas pleines comme elles pouvaient l'être dans les années 1990 mais elles sont bien plus garnies qu'actuellement.
Pour El Nimeño, évidemment, les Nîmois connaissent mieux le parcours d’Alain Montcouquiol qui était le frère aîné de Christian Montcouquiol, immortalisé en statue devant son amphithéâtre. Né en 1945, Alain fait remonter à la surface les envies légitimes des Français qui voulaient se frotter aux cornes espagnoles.
Les jeunes locaux souhaitaient retrouver les corridas d’antan mais ils voulaient surtout en faire partie. Avec Simon Casas et quelques autres, ils furent les pionniers de la tauromachie française de l’après-guerre. La fougue et l'envie masquaient peut-être le manque de technique mais la détermination était telle que leur personnalité ressortait plus facilement que celles des toreros issus des très formelles écoles taurines.
Troisième à l’affiche, Marismeño. Le jeune avait moins d’une année dans la catégorie et trois mois après cette novillada, il a pris son doctorat à l’âge de 20 ans jour pour jour à Barcelone. Julio Vega Rodríguez, de son vrai nom, est de Sanlucar de Barameda, une contrée chère à de nombreux Nîmois. Il ne marquera pas l'histoire du toreo mais, comme bon nombre de passionné, a vécu des moments intenses au fil des planches.
La Cape d'or, cette année-là, n'est pas allée dans les mains du Nîmois. Les novillos n'étaient pas des monstres aux cornes acérées et le public n'était pas particulièrement nombreux. Parfois, on fantasme des choses qui n'ont pas lieu d'être. De l'ambiance, bien sûr qu'il y en avait ! Une novillada reste un spectacle vivant pour lequel les curieux, les néophytes et les amateurs confirmés ont l'habitude de crier. On soutient son chouchou, on exulte après une de ses séries de passes mais on sait aussi rester plus froid quand il le faut.
L'avantage de la Cape d'or, c'est qu'elle permet, même s'il n'y a rien de franchement scientifique, de faire un état des lieux du monde novilleril. Si Nimeño, comme les deux autres toreros du jour, n'a pas marqué l'histoire taurine car sa carrière aura été courte, son aura dans le mundillo plane encore. Il écrit, il donne des conférences, il continue de suivre quelques jeunes (Escribano et Joubert ces dernières années).
À partir de 1971, voici quelques vainqueurs dont le nom fera briller quelques yeux... Julio Robles, Niño de la Capea, Nimeño II, Emilio Muñoz, le Yiyo, Emilio Oliva, Jesulin de Ubrique, Finito de Cordoba, Sanchez Mejias, Jose Tomas, El Juli, Miguel Angel Perera, Alejandro Talavante... N'oublions pas que lors de la première Cape d'or, le trophée était un véritable capote de paseo donné, s'il vous plaît, par Antonio Ordoñez en personne !