UN ÉTÉ DANS LE GARD Il attache les pieds et mains de sa fillette et la laisse se noyer
L’indicible est bien survenu ce mois de juillet de 2020. Depuis plusieurs jours, la police est à la recherche d’un père de famille qui est soupçonné d’avoir « enlevé » sa fillette, une petite gardoise de 11 ans. Elle sera découverte morte, noyée dans le Rhône à Avignon, les pieds et mains attachés.
Le père de famille est renvoyé depuis quelques semaines devant la cour d’assises de Vaucluse pour "meurtre", mais la question de la préméditation et de donc de "l'assassinat de sa fille sera sur la table", estime l'avocat de la famille de la victime, maître Jean-Marc Geiger.
Sergio Gil Gonzales, 38 ans, de nationalité espagnole, est séparé de sa compagne qui réside dans le Gard depuis 2018. Cela fait maintenant 18 mois qu'il ne supporte pas cette séparation liée en grande partie à son alcoolisme et à son attitude violente. Après plusieurs mois passés dans sa région natale en Espagne, il est revenu vers les Angles où sa fille Sarah, 11 ans, vit avec sa maman. Il n'a pas de droit de garde pour la petite.
Un premier rendez-vous en terre gardoise s’est bien passé quelques jours auparavant. Si l’ex-compagne ne veut pas reprendre la vie commune, elle ne s’oppose pas à ce que sa fille voit son père. Bien au contraire, elle estime que le lien entre l’enfant et le papa doit être maintenu.
Ce samedi 18 juillet, la mère de famille n’a aucune raison de craindre la venue de son ancien compagnon, qui récupère leur fille pour une balade à la journée. Un rendez-vous est fixé sur le parking d'une grande surface des Angles, la maman laisse partir sa fille sans savoir à cet instant qu'elle ne la verra plus vivante.
Il achète une corde deux jours plus tôt avec laquelle il attache sa fille
Car le soir, la fillette ne rentre pas et son ancien compagnon est injoignable. Des appels, des sms lancés à la volée sans aucune réponse, comme si le portable du père de famille était inactivé. Dans la soirée de samedi, la mère de famille se morfond, un peu de retard est possible mais elle ressent au fond d’elle une crainte envahissante synonyme de malheur. Elle essaie de se raisonner : un père ne peut pas faire de mal à sa fille. Pourtant les minutes, les heures, puis les jours passent et le désespoir se mue en tragédie pour la maman.
Le portable du chauffeur poids lourd espagnol est inactivé, sa fille est introuvable. Une enquête pour « disparition inquiétante », est initiée. Elle trouve son épilogue le 23 juin dans la journée, avec un équipage nautique qui sonde le Rhône à la recherche de la fillette. Le fleuve va rendre le corps de la malheureuse. La petite Sarah est inanimée, morte, les mains et pieds liés par une corde achetée par le père de famille deux jours plus tôt.
L’enquête pour disparition inquiétante devient une affaire criminelle de premier plan. Le père, qui a été arrêté un peu plus tôt dans un centre commercial des Angles, évoque un accident, avant de devoir baisser pavillon face aux enquêteurs de la police judiciaire qui lui font remarquer qu’une mort par accident est incompatible avec les constatations médico-légales et surtout avec le fait d’avoir retrouvé cette petite fille entravée. Durant les 48 heures de garde à vue avant sa mise en examen pour le meurtre de sa fille et son incarcération provisoire, le père de famille n’explique pas son geste et se borne à répéter aux enquêteurs : "Je ne sais pas ce qui m'a pris", en affirmant ensuite qu’il a eu "un coup de folie".
La petite Sarah, 11 ans, n'a subi aucune autre violence. "Elle n'a pas été assommée, elle n'a pas été étranglée ou frappée. Elle s'est noyée", avait confirmé à l’époque de la découverte du corps le procureur de la République d'Avignon. La petite fille, qui avait un léger handicap, aurait été poussée dans l'eau par son père. Ce dernier l’a vu s’éloigner du bord, se débattre, être piégée par ses entraves sans réagir en laissant couler sa fille unique. Depuis son interpellation, le meurtrier présumé a beaucoup varié dans ses déclarations devant les enquêteurs, puis devant le juge d’instruction, sans jamais donner les raisons de ce passage à l'acte.
La question de la préméditation de la mort de sa fille
« Il n’a jamais donné d’explications claires à ce geste. La seule chose que l’on sait avec certitude c’est qu’il ne supportait pas la séparation avec la maman », souligne maître Geiger, qui défend la mère de famille et les proches de celle-ci. Mais la question de la préméditation demeure et elle devrait être évoquée devant la cour d’assises, car il y a des éléments dans le dossier qui laissent à penser qu’il avait prévu de tuer sa fille », affirme l'avocat sans vouloir en dire plus à ce stade.
Les enquêteurs ont tout tenté pour obtenir un début d'explication, mais le mis en cause s'est enferré dans ses mensonges, avançant d'abord la thèse de l'accident avant d'avouer son crime quand les policiers lui ont présenté des preuves. Sergio Gil Gonzales risque la réclusion criminelle à perpétuité. Il n’a depuis son interpellation jamais effectué de demande de remise en liberté. Contacté, son avocat n’a pas souhaité s’exprimer.
Boris De la Cruz