UN JOUR, UN CANTON Sur Nîmes 2, Amal Couvreur : tout le monde veut prendre sa place !
Élue la première fois en 2015, l’assistante sociale est aujourd’hui une figure montante de la Gauche. Choisie comme tête de liste dans le Gard aux élections régionales, Amal Couvreur est une cible pour la Droite et l’extrême-Droite.
À l’est de Nîmes, le canton 2 est lourds d’enjeux. Regroupant les quartiers du Chemin-Bas et du Mas de Mingue, il a récemment fait la Une de l’actualité en raison de plusieurs règlements de comptes liés au trafic de drogue. On se souvient d’Abdelkader, 17 ans, tué en janvier dernier. En 2015, l’élu sortant communiste Christian Bastid a choisi Amal Couvreur comme binôme. Non-encartée, l’assistante sociale avait été recommandée par la députée et ex-socialiste, Françoise Dumas.
Cinq ans plus tard, la Nîmoise a fait son trou dans le monde politique, si bien que la présidente socialiste sortante de la Région, Carole Delga, lui a confié la tête de la liste pour les élections régionales dans le Gard. Pour tenter de déloger la Gauche, le Rassemblement national a envoyé son leader Yoann Gillet avec la conseillère municipales Laurent Gardet. Deux candidats rodés aux campagnes électorales. La Droite mise de son côté sur son ticket d’adjoints municipaux nîmois Carole Solana et Marc Taulelle. Déjà candidat en 2015, le maintien au second tour de ce dernier avait facilité la victoire de la Gauche au second tour. Cette fois, il entend bien tout faire pour l’emporter.
Couvreur-Bastid, la proximité en bandoulière
Avec plus de « 300 permanences et 3 000 personnes reçues ces six dernières années », la Gauche mise sur sa proximité. Élus sortants, le binôme Couvreur-Bastid ne manque pas de rappeler son bilan avec notamment la construction du collège Ada-Lovelace au Mas de Mingue. Sur la question des règlements de comptes liés au trafic de stupéfiants, Amal Couvreur martèle que « la sécurité est de la compétence de l’État. Toutefois, on ne peut pas parler de sécurité sans parler de prévention qui, elle, est de la compétence du conseil départemental. »
S’il était réélu pour un nouveau mandat, le binôme proposerait « la création d’une maison de santé au Mas de Mingue comme ce qui a été fait au Chemin-Bas ». Le canton de Nîmes sera également marqué par le deuxième projet de rénovation urbaine (79 M€ pour le Mas de Mingue et 71 M€ pour le Chemin-Bas, NDLR). Projet qui a déjà démarré avec la destruction des 80 logements sociaux de la Boule d'Or et le relogement de 53 familles. Enfin, Amal Couvreur propose de créer « une commission consultative pour les demandes de logements sociaux, étant donné que les conseils citoyens gérés par la ville de Nîmes dans le cadre des Contrats de ville ne fonctionnent pas ! »
Taulelle-Solana veulent créer la surprise
Déjà candidat en 2015, l’adjoint nîmois Marc Taulelle garde un mauvais souvenir de cette campagne. À l’époque, sa famille n’avait pas hésité à le trahir. Cette fois, il ne se laissera pas faire. L’édile assure avoir le soutien plein et entier de Jean-Paul Fournier. La Droite espère que la mobilisation de ses partisans combinée à une baisse de la participation, liée à la crise sanitaire, fasse mécaniquement gonfler son score.
Au-delà des calculs politiciens, le maire a préparé le terrain en confiant à Marc Taulelle la présidence du conseil de quartier de Courbessac. Car le canton de Nîmes 2, ce n'est pas que les quartiers populaires. Il y a également des zones pavillonnaires (route d’Uzès, Mas de Ville...). Il part avec sa binôme, Carole Solana, native de Courbessac et nouvelle adjointe en charge du Logement social.
Le tandem d'adjoints propose « de rapprocher les services du Département des personnes âgées des quartiers pavillonnaires. Toutes ne savent pas utiliser Internet. Ça peut se faire avec des bus spécialisés. » Marc Taulelle chasse aussi sur les terres du Rassemblement national : « On ne fait pas dans l’assistanat… Les bénéficiaires du RSA doivent être accompagnés. » En novembre lors de l’élection de la présidence du conseil départemental, Marc Taulelle s’était dit favorable à ce que la Droite s’allie avec l’extrême-Droite. Si cette position a fait polémique, « ça a moins été le cas auprès des familles de rapatriés d’Algérie » implantées sur le canton, met-il en exergue.
Les frontistes Gillet-Gardet partent à l’assaut
Sécurité, sécurité et sécurité ! Les tristes faits divers du canton émeuvent les habitants. Une colère, une émotion, qui a tendance à favoriser le Rassemblement national. Toutefois aux dernières élections municipales, l’extrême-Droite a reculé. La personnalité de Yoann Gillet, 35 ans, fait aussi débat. Du coup, l’élu d’opposition à la ville de Nîmes entend bien démontrer qu’il peut se muer en « porte-parole des habitants » du canton.
Avec Laurence Gardet, les deux élus sont rodés aux campagnes électorales. Citant Christian Bastid, Yoann Gillet assurent que « les habitants ne le voient sur le canton qu’au moment des élections ». La Droite, qui lui grignote de l’espace politique, en prend aussi pour son grade : « Voter Les Républicains ne sert à rien ! Ils ont fait alliance pendant six ans avec la Gauche ! » Enfin, concernant son programme, il propose « de retravailler sur la sécurité aux abords des collèges et de lutter contre la fraude sociale qui coûte des millions d’euros ». Quant aux financement des associations, « c’est très bien mais le conseil départemental se repose trop sur elles. Il faut qu’il réinvestisse ces territoires. »
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com