UN JOUR, UN CANTON Sur Nîmes 3, mano a mano entre Laurent Burgoa et Vincent Bouget
L'affiche est meilleure que celle de la Feria de Pentecôte ! Élu sénateur, Le Républicains Laurent Burgoa brigue un nouveau mandat au Département. Face à lui, l'ex-candidat communiste aux Municipales, Vincent Bouget tentera de lui rafler son siège.
À Nîmes, le canton 3 se caractérise par sa diversité. Diversité d’abord dans les quartiers qui composent ce territoire où se mêlent les secteurs rupins de l’avenue Feuchères, des quais de la Fontaine aux zones plus populaires de Gambetta ou de la Placette. Aux identités fortes, ces territoires sont à l'image de la ville de Nîmes. Cette diversité, on la retrouve aussi dans l’offre politique : cinq binômes sont en lice pour les élections départementales des 20 et 27 juin. Parmi eux : le sénateur Les Républicains Laurent Burgoa se représente pour un troisième mandat. Challenger du scrutin : l'ex-tête de liste aux Municipales, Vincent Bouget qui se présente pour la première fois sur son nom, désireux de confirmer son leadership sur la Gauche nîmoise.
Les sortants Burgoa-De Girardi en danger
Laurent Burgoa est l’un des piliers de la Droite nîmoise. Conseiller départemental depuis 2011, il a bien failli devenir président de la collectivité en 2015. Il s’en est fallu de peu, soit d’un canton. Depuis, Laurent Burgoa a continué à faire son trou politique. Au Département, il s’est placé en chantre de l'opposition constructive « pour ne pas bloquer la maison Gard ». Aujourd’hui, le Nîmois brigue un nouveau mandat. La partie ne sera pas facile. La candidature En marche de Valérie Rouverand pourrait lui piquer quelques voix centristes. Des voix pour venir à bout d'une Gauche unie sur le canton. Pour assurer sa victoire, le sortant accompagné par l'adjointe à la mobilité, Claude de Girardi, misent sur la popularité de Jean-Paul Fournier, réélu pour un quatrième mandat. Par ailleurs, Laurent Burgoa, qui consacre sa carrière professionnelle à la politique, connaît plutôt bien ses dossiers. En cas de réélection, il continuera à travailler sur « le projet de maison de retraite dans l’ancien collège Bigot, les contournements nord et ouest de Nîmes et le parc Jacques Chirac pour lequel une subvention a été demandée au Département. » Enfin, l'aficionado réserve quelques banderilles à ses adversaires pour « mettre fin à 150 ans de gestion socialo-communiste du Département », assurant que « dans ce canton, on ne vote pas communiste ». Réponse en juin.
Vincent Bouget, le challenger du scrutin
Après moult hésitations, le patron des communistes du Gard se lance dans la bataille avec l'écologiste Dominique Andrieux-Bonnet. Chef de l’opposition à Nîmes, Vincent Bouget entend confirmer son statut de leader de la Gauche nîmoise. Souvenez-vous aux dernières Municipales, sa liste a profité de l’éclatement de celle de son rival écologiste Daniel Richard. Le ralliement de ce dernier à Yvan Lachaud a laissé orphelin une partie de ses colistiers socialistes et écologistes. Pour transformer l’essai, le professeur au lycée Philippe-Lamour peut compter sur son réseau de militants mobilisés et « sur nos bons résultats aux municipales dans le canton de Nîmes 3 ». Le quadragénaire mise sur sa personnalité qui se distingue de celle des communistes les plus orthodoxes. Mais il en faudra plus pour déloger les sortants Laurent Burgoa et Claude de Girardi. Le challenger entend réveiller les électeurs de Gauche tentés par l’abstention, en « leur expliquant les compétences du Conseil départemental. Si la Droite passe au Département, le monde associatif et celui de la culture est menacé. » Un monde particulièrement présent sur Nîmes 3 avec l’association Le Spot. « Ce sont des choses qui échappent complètement à la Droite conservatrice », taille Vincent Bouget, le couteau entre les dents.
Valérie Rouverand veut écrire son histoire
Ancienne alliée du président Centriste de Nîmes métropole, Yvan Lachaud, la professeur au lycée de la CCI a pris la direction du parti d’En Marche dans le Gard. Ancienne adjointe à la ville de Nîmes en charge de l’éducation, Valérie Rouverand a travaillé d’arrache-pied sur la fermeture du collège Diderot, dans le quartier de Valdegour, permettant aux élèves d’étudier dans des établissements plus aisés. Les 20 et 27 juin, la candidate espère profiter de la nationalisation du scrutin pour rallier à sa cause les électeurs d’Emmanuel Macron. En campagne, elle brandit sa volonté d’aider « à la rénovation de l’habitat privé » et s’engage - si elle est élue - à travailler sur « l’attribution d’un ordinateur ou d’une tablette pour les collégiens avec une connexion internet ». Cette élection est l’occasion pour elle de s’implanter. Valérie Rouverand le sait : ses chances de battre Laurent Burgoa ou Vincent Bouget sont difficiles. Qu’importe, cette bataille est déjà pour elle une victoire. La victoire de l'implantation.
La grande inconnue du Rassemblement national
Le score du RN sera-t-il élevé ? Si l’on s’en réfère aux dernières élections municipales, le parti d’extrême-Droite est en recul. En cause notamment, la faible mobilisation liée à la crise sanitaire qui en a dissuadé plus d'un à ne pas se rendre dans l'isoloir. Toutefois, le parti de Marine Le Pen a coutume de faire de bons scores aux élections départementales et régionales, surtout dans le Gard. Les frontistes profitent de la nationalisation du scrutin. En dépit des compétences des collectivités, les électeurs y voient le moyen de sanctionner la politique du Gouvernement. Sur Nîmes 3, deux retraités défendent les couleurs du RN. Il s’agit de l'ancien cadre médical et pharmaceutique, Abderzak Berkani et de Sabine Adam. « J'ai été président du conseil de mon quartier et j'ai fait beaucoup de choses », commente Abderzak Berkani. Quant à Sabine Adam, elle assure en cas d'élection « tout faire pour une bonne qualité de vie ».
Zakaria Moukite, un caillou dans la chaussure des communistes ?
Fondateur du Mouvement écologistes libres, Zakaria Moukite et sa binôme Morgane Goasguen seront aussi de la partie sur Nîmes 3 : « On est un jeune mouvement, notre participation à cette élection confirme notre volonté de s’implanter durablement sur le territoire. » Ancien colistier de l’écologiste Daniel Richard à Nîmes, Zakaria Moukite a été l'un des candidats favorables à l’union avec le Centriste Yvan Lachaud. Aux élections sénatoriales, l’ingénieur territoire de l’Agglomération d’Alès a recueilli 31 voix. Si Zakaria Moukite a choisi le canton de Nîmes 3, c’est parce qu’il y a fait grandir ses filles et qu’aujourd’hui « il est hors de question que l’écusson passe entre les mains des communistes ! » Parmi ses propositions, le candidat se dit favorable à l’instauration d’une allocation de 300€ pour les jeunes de 18 à 25 ans mais aussi à la gratuité des transports pour les collégiens… Une dernière mesure qui ne relève plus des compétences du Conseil départemental du Gard.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com