UN JOUR, UN HÉROS Hassan Ramzi, la rage de vaincre
La vie, c’est un peu comme la boxe. Quand on prend des coups, il faut savoir les surmonter. C’est la leçon que dispense quotidiennement Hassan Ramzi dans son club, Muaythai Nîmois, au Chemin-Bas d’Avignon. Dans le quartier, la voix du quadragénaire est écoutée. Son influence auprès des jeunes n’est pas simplement due au fait qu'il ait grandi ici. Elle réside surtout dans son histoire personnelle et le respect qu’elle suscite.
Adolescence tourmentée
Né à Nîmes il y a 46 printemps, le jeune homme vit une adolescence tourmentée. À 15 ans, il abandonne l’école et quitte « le cocon familial » pour la rue. Sans un sou en poche, il squatte un grenier du Chemin-Bas et enchaîne les larcins « pour manger. » Un jour, c’est le déclic : « je me suis dis que je ne pouvais plus vivre comme ça. J'étais incapable de me projeter dans l’avenir. C’était contraire à la personne que j’étais au fond. »
Le service militaire est la première porte de sortie du jeune homme. Il y trouve « un cadre avec des repères qui rythment un quotidien. L'armée m’a aussi appris la rigueur et le respect de la hiérarchie. » De retour dans le Gard, Hassan est « à la croisée des chemins » : « reprendre ma vie là où je l’avais laissée, ou tirer profit de ce que m’avait apporté mon service militaire. »
Un « père spirituel »
Finalement, une rencontre va précipiter son choix et bouleverser sa vie. Celle de Christian Panzani, éducateur de l'association Présence 30. « C’est un père spirituel pour moi. Il m’a pris sous son aile et m’a transmis sa passion de la boxe » relate Hassan. Le Nîmois enfile ses premiers gants et cogne. Il trouve un exutoire, un moyen de sortir tout ce qu’il avait enfoui en lui. Il découvre aussi les valeurs de dépassement de soi : « dans la vie de tous les jours, le sport t’aide à surmonter tes difficultés. » En 1994, Hassan ouvre son club de boxe au Chemin-Bas, Muaythai Nîmois.
Bénévole sur le ring, ce touche-à-tout exerce différents métiers, comme médiateur dans les transports en commun, pour gagner sa vie. Par la suite, Hassan devient éducateur au Centre éducatif fermé de Nîmes. Il y a quelques jours, il a décroché son concours d'éducateur dans la fonction publique. Alors, le quadragénaire exulte auprès de ses petits boxeurs : « vous voyez, tout est possible dans la vie ! »
Le plus beau des combats
Au quotidien, Hassan aime transmettre son « expérience aux jeunes en difficultés. » Des jeunes parfois issus de l’immigration qui, face au rejet d'une partie de la société, peuvent se replier sur eux-mêmes. Leur tendre la main et surtout, leur faire comprendre « qu’ils ne réussiront que par leur propre volonté », voilà le plus beau combat que leur livre le sportif. Le combat d’une vie.
CM
coralie.mollaret@objectifgard.com
*Protection judiciaire de la Jeunesse.