Publié il y a 3 h - Mise à jour le 16.11.2024 - Louis Valat - 3 min  - vu 226 fois

ALÈS Deux éducatrices s’engagent pour briser l’isolement des familles d’enfants en situation de handicap

Marine et Camille sont les fondatrices de l'association Entr'ouvrir.

- Louis Valat

Face au manque criant de solutions pour les enfants en situation de handicap et leurs familles, deux éducatrices spécialisées, Marine et Camille, ont décidé d’agir. À travers leur toute nouvelle association Entr’Ouvrir, elles ont pour conviction de créer un lieu « cocooning » de soutien, d’accompagnement et de rencontres. Mais le projet se heurte déjà à de sérieux obstacles.

Sur le bassin alésien, les familles d’enfants en situation de handicap mènent un combat quotidien. Les structures d’accueil sont saturées, et les dispositifs d’accompagnement, largement insuffisants. « Ces familles sont souvent livrées à elles-mêmes, sans soutien, sans personne vers qui se tourner », déplore Marine Cogoluègnes, éducatrice spécialisée en libéral. Avec Camille, sa collègue, elles ont longtemps été témoins de cette détresse. Face à ce constat, elles ont décidé de s'associer.

Marine et Camille sont les fondatrices de l'association Entr'ouvrir. • Louis Valat

L’association Entr’Ouvrir, c’est leur réponse concrète et humaine à ce manque de ressources et de solidarité. « On a vu combien les familles avaient besoin d’un lieu où elles seraient écoutées, accueillies et soutenues », explique Marine. Sur le terrain, les deux éducatrices assistent impuissantes à des situations qui se répètent : des enfants sans solution adaptée, contraints de rester chez eux parce qu’il n’y a pas de place en établissements spécialisés. Avec le temps, ils perdent leurs acquis, qu’il s’agisse d’apprentissage ou d’interactions sociales. « Ces enfants finissent par se désocialiser, et quand une place en institut médico-éducatif (IME) finit par se libérer, c’est souvent trop tard, ils ne sont plus en état de rejoindre un groupe », regrettent les deux femmes.

Créer du lien

Pour répondre à ces besoins d'urgence, l'association créée il y a quelques semaines seulement veut proposer des ateliers éducatifs axés sur la gestion des émotions, les habiletés sociales, ou encore des activités comme la cuisine ou la danse-thérapie. D'après les deux professionnelles, ce serait des moments essentiels afin que les enfants se reconnectent à eux-mêmes et aux autres. « On veut offrir un cadre stimulant, mais surtout bienveillant, où chacun peut évoluer à son rythme », explique Marine Cogoluègnes.

Le logo de l'association. • DR

Les parents, eux, pourraient enfin souffler puisque l'association prévoit en effet des groupes de parole, des moments de répit, et des sessions de sensibilisation sur des sujets comme l’impact des écrans. Tout a été pensé pour leur apporter un soutien global. « L’usage des écrans devient souvent une béquille pour ces familles qui ne savent plus comment gérer la situation. Mais ça peut être très néfaste pour le développement de ces enfants déjà fragiles », rappelle toutefois Marine Cogoluègnes.

Un projet freiné par le manque de moyens

Pourtant, cette belle idée se heurte à un problème de taille, et récurrent dans les projets de ce type : le manque de local. L’association a besoin d’un espace adapté, avec des salles distinctes pour les ateliers, une cuisine, et une pièce sensorielle. Mais à ce stade, la quête d’un lieu reste infructueuse. « On a sollicité d’autres associations pour des prêts de locaux, mais c’est compliqué », admettent les éducatrices spécialisées. Entr’Ouvrir a lancé une cagnotte en ligne, mais la collecte avance lentement. Le matériel nécessaire, notamment pour les ateliers sensoriels, représente aussi un gros investissement pour les deux femmes. « Un simple tapis multisensoriel, des colonnes à bulles, ou des luminaires adaptés coûtent une fortune », confie Marine. Malgré des dossiers de subventions déposés un peu partout, les financements tardent. « On nous parle de restrictions budgétaires, mais pendant ce temps, ce sont des enfants qui restent sans solution », soupire l’éducatrice après avoir contacté la secrétaire des conseillers départementaux, entre autres.

Un appel à la solidarité

Malgré les embûches, Marine et Camille n'abdiquent pas. Ces deux éducatrices, peu enclines à renoncer, visent un lancement des premières activités dès janvier 2025, avec deux demi-journées prévues chaque semaine. L’une consacrée aux groupes de parole pour les parents, l’autre aux ateliers éducatifs pour les enfants. Mais tout repose sur la possibilité de trouver un local adapté et les ressources financières nécessaires. En attendant, les deux éducatrices en appellent à la solidarité. « Même un petit geste peut faire la différence », souligne Marine, déterminée à faire avancer leur cause. Avec ce projet, Marine et Camille espèrent offrir une bouffée d’espoir aux familles, souvent dépassées par les complexités administratives et l’isolement. « Elles se sentent vraiment délaissées, perdues, sans soutien. On les laisse face à des dossiers interminables, des demandes complexes… C’est tellement compliqué que certaines finissent par abandonner », déplorent-elles. Une situation qui pousse les deux fondatrices à persévérer, bien conscientes de l’impact que leur initiative pourrait avoir.

Pour faire un don à l'association Entr'Ouvrir, se rendre ici.

CONTACT

Pour contacter Marine et Camille, l'association Entr'Ouvrir est joignable par email à entrouvrir.asso@gmail.com ou par téléphone au 06 66 89 14 00 / 07 44 56 44 14.

Louis Valat

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