UZÈS Grève au Mas Careiron contre la mobilité des agents
Les agents du centre hospitalier du Mas Careiron, à Uzès, étaient en grève ce mardi à l’appel des syndicats Sud, FO, CGT et USP. En cause, un plan de mobilité des personnels qu’ils qualifient de « mobilité forcée », ce que la direction dément.
Environ 400 agents des services soins du centre hospitalier (sur les 700 de l’institution) sont concernés par, « pas un plan mobilité, corrige d’emblée le directeur par intérim de l’établissement, Roman Cencic, mais une charte mobilité. » Qu’importe au fond, « la direction veut imposer la mobilité forcée avec pour incidence la déstabilisation des équipes, la précarisation des postes des agents et attaque de notre outil de travail, la relation avec le patient », résume Édouard Gloanec, délégué syndical Sud.
Pour son homologue CGT Leïla Tribes, la raison est simple : « On a une souffrance au travail dans certaines unités, où il est très difficile de rester, et comme la direction n’arrive pas à recruter sur ces unités, ils préfèrent imposer une mobilité forcée », « et ça ne règle en rien les difficultés des services », ajoute Audrey Fenech, de FO.
Alors les syndicats sont montés au créneau, faisant signer une pétition (« on en est à environ 300 signataires », affirme Édouard Gloanec) et demandant en comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ce mardi matin de solliciter une expertise extérieure. « La direction a essayé de nous empêcher de délibérer là dessus, nous avons décidé de porter plainte pour délit d’entrave du CHSCT », avance le délégué Sud.
Par ailleurs, le dialogue entre syndicats et direction n’est pas rompu, contrairement au conflit social d’il y a deux ans. D’ailleurs, les syndicats ont fait des propositions, « une bourse de vœux sur la base du volontariat et la mise en place de mesures pour améliorer les conditions de travail dans les services difficiles », affirme Édouard Gloanec. La réponse de la direction a été « on prend votre proposition mais vous prenez la nôtre, c’est buvez la ciguë et continuez le repas », peste le syndicaliste, qui craint par ailleurs que la mobilité soit un moyen de pression pour les cadres.
« Ce n’est pas un management bouche-trou »
Du côté de la direction, on affirme que cette charte mobilité « répond à la demande des agents », selon le directeur par intérim Roman Cencic. Le but est simple, « qu’un certain nombre de postes puissent se libérer entre l’intra et l’extra-hospitalier », poursuit le directeur, sachant que les services intra-hospitaliers travaillent 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, quand les extra-hospitaliers travaillent du lundi au vendredi, de jour.
L’idée est donc « que les agents soient affectés cinq ans sur un poste, en les accompagnant en amont avec de la formation », affirme le directeur des ressources humaines du centre hospitalier, Emmanuel André. Ce même DRH précise plus loin que ce délai de 5 ans reste flexible, en fonction des attentes et des besoins du personnel. « Il n’y a rien de rigide là dedans », insiste le directeur.
Derrière cette charte, négociée depuis trois ans et dont le texte en est à sa huitième version, il y a un enjeu, rappelé par la directrice des soins de l’établissement Myriam Canonge : « C’est un outil d’attractivité pour fidéliser les jeunes professionnels en leur permettant de varier les postes. »
Or, jusqu’à maintenant « les mouvements n’étaient que peu programmables », note Emmanuel André, avec pour conséquence le fait que « on ne pouvait pas prendre d’engagement sur une évolution de carrière pour un nouveau professionnel », abonde Myriam Canonge. Pour autant, cette même directrice des soins l’affirme, « les changements doivent se faire à dose homéopathique. »
Car nous sommes en psychiatrie, avec tout ce que ça implique d’humain. « La psychiatrie nécessite un suivi permanent », rappelle le directeur. La mobilité ne va-t-elle pas nuire au patient, comme le redoutent les syndicats ? « Nous ne sommes plus sur de la prise en charge au long cours du patient, affirme Roman Cencic. Nous avons très peu de séjours de plus de 292 jours, le but est que les gens rentrent chez eux avec une prise en charge, la mobilité n’affecte pas le continuum du suivi. »
Y compris dans les services difficiles, « où on ne pourra pas laisser des postes non pourvus », glisse le DRH. D’où la définition d’un délais indicatif de 5 ans, histoire qu’un maximum d’agents s’y relaient, ce qui « rend les choses bien plus équitables », commente Myriam Canonge. « Tous les services sont difficiles », rappelle le directeur, quand son DRH insiste : « Ce n’est pas un management bouche-trou. »
Alors la grève serait le fait de syndicats qui « profitent du mouvement national », estime le directeur, avant de lâcher, un peu fataliste, que tout ça « fait partie de la vie d’un établissement. » De leur côté, les syndicats comptent appeler à la grève pour le 17 octobre, jour du comité technique d’établissement, au cours duquel le texte sera à nouveau présenté par la direction.
Thierry ALLARD