FAIT DU JOUR RCN : Saimone et Save, le rugby dans la peau
Cette saison, le RCN accueille deux Fidjiens, enfants du rugby, au stade Kaufmann. La puissance de Totovauso au centre, alliée à la vitesse de Qeleca à l’aile, propulsent le club de rugby nîmois au rang des prétendants à la montée.
« Ce sont des joueurs qui ont des qualités que les Européens n’ont pas, lance le coach nîmois Guillaume Aguilar, ils ont touché à tous les rugbys, à 13 ou à 7… Ils naissent avec un ballon dans les mains, jouent sans arbitre sur de la terre, ce qui leur procure une vision du jeu et une grande liberté ».
Deux fidjiens dans le champ
Cette saison, le RCN accueille deux Fidjiens, enfants du rugby, au stade Kaufmann. Aujourd’hui, on peut dire que le choix est judicieux puisque la puissance de Totovauso au centre, alliée à la vitesse de Qeleca à l’aile, propulsent le club de rugby nîmois au rang des prétendants à la montée. Les deux compatriotes sont même les artisans des victoires de ces derniers matchs, au point que l’on se demande aujourd’hui comment l’équipe première du RCN alignerait les victoires sans eux.
La preuve samedi dernier. Les feux d’artifices résonnaient encore dans le stade Kaufmann quelques secondes après que l’arbitre Charles Morel a sifflé la fin de la rencontre. Le RCN remportait une quinzième victoire consécutive à domicile, sur le fil cette fois, face à Valence d’Agen (32-30). Soixante-quinze minutes plus tôt, Saimone Qeleca fixait la défense et servait Save Totovosau qui marquait son premier essai sous le maillot Rouge et Vert. Quarante minutes plus tard, il doublait la mise.
Issus du même patelin
Le centre Savenaca « Save » Totovauso, qui évoluait à Narbonne (Nationale) depuis 2021, a posé ses valises au mois de septembre à Nîmes, du côté du CHU. 27 ans, 1,92 m et 108 kilos, Save a joué en Major League de Rugby (USA), à San-Diego Légion (Californie) pendant 3 ans. Un enfant du rugby, de ces îles vouées au Dieu rugby situées dans l'ouest de l'océan Pacifique Sud, les Fidji, qui comptent 80 000 licenciés pour 905 000 habitants ! De quoi faire rêver les fédérations européennes.
Au sein de cet archipel, il y a la ville du rugby Sigatoka, 10 000 habitants, plantée entre la côte de Corail au sud de la grande île fidjienne de Viti Levu et la Queen's Highway, principale route du pays. La ville de Napolioni « Napo » Nalaga, qui a inscrit pas moins de 87 essais en Top 14 avec Clermont, puis Lyon, de 2006 à 2017. Et Save connait bien cet endroit puisque c’est là qu’il a appris à jouer "aux" rugbys. « Avec Saimone, nous sommes issus de villages voisins, en périphérie de Sigatoka, nous aurions pu partager les bancs de l’école », raconte Save.
« Ce que j’apprécie le plus c’est la cuisine gardoise. J’adore la brandade ! »
Saimone Qeleca
Arrivé au mois de décembre, l’ailier fidjien Saimone Qeleca (1,75 m, 88 kg) fêtera ses vingt-sept ans le 19 mars prochain. Il a débarqué en France à Digne en tant que maçon il y a plus de quatre ans et s’est fait remarquer au Super Seven de Monaco. Grâce à ses relations avec le Rugby Club Dignois, le président du RCN, Steeve Calligaro qui l’avait repéré, a réussi à le faire venir à Nîmes, après qu’il a effectué une saison à Aubenas. « C’est un joueur exceptionnel, très adroit, rarement plaqué en premier rideau et impressionnant en défense », indique Guillaume Aguilar.
Saimone a rejoint la famille de sa compagne à Nîmes. Ils habitent au centre-ville de Nîmes avec leur petit garçon âgé d’un mois. L'ailier du RCN adore se balader dans les Jardins de la Fontaine. « Je me sens bien à Nîmes. Ce que j’apprécie le plus c’est la cuisine gardoise. J’adore la brandade ! », lance Saimone.
Assurance défense
Si les deux Fidjiens sont imprévisibles offensivement, ils apportent de la solidité en défense. Saimone est explosif sur les dix premiers mètres, très fort dans les duels et intraitable au placage. Grâce à ses qualités défensives, il a évité un naufrage à Rumilly le 18 février dernier, match tout de même perdu 18-25. Lorsque l’un de ces deux lascars s’empare du ballon, leurs coéquipiers se préparent à l’imprévisible, et doivent s’attendre chaque seconde à effectuer un soutien extrêmement rapide. Les deux joueurs se sentent bien à Nîmes, la mayonnaise a pris au sein de l’équipe. « L’accompagnement des joueurs étrangers pour un club est particulier. Saimone est en famille ici, mais Save est seul, alors nous veillons à ce que tout se passe bien pour lui. Assurance, mutuelle, impôts, etc. Lucas Gulizzi, le 3ᵉ ligne du RCN, effectue un travail remarquable avec Save », explique Alexandre Salles, le directeur administratif du club. Et l’on n'a pas fini de les voir au stade Nicolas Kaufmann, puisque les deux Mélanésiens ont signé un contrat jusqu’en 2025 !
Phases finales
Il reste quatre matches à jouer avant de disputer les playoffs. Les deux premiers de chaque poule joueront le quart de finale à domicile, un seul match, sans aller-retour. Les autres, de la 3ᵉ à la 6ᵉ place, disputeront des barrages inter-poules. Le premier monte directement en Nationale, l'antichambre de la Pro D2. « On essaye de gagner tous les matchs que l’on joue, mais Mâcon est bien devant. Notre objectif est de rester intraitable à la maison. Il faut que l’on réussisse à aller chercher une victoire à l’extérieur, dès le match à Fleurance », explique Guillaume Aguilar.
Nîmes, troisième, souhaite finir à la deuxième place du championnat afin d’aborder les playoffs sereinement : recevoir leur adversaire en quart de finale lors d’un match unique. Il faudra combler ce petit retard de trois points sur le Stade Métropolitain. Pour cela, il reste quatre matchs de saison régulière et la prochaine étape, c'est le déplacement à l’AS Fleurantine, demain, lors de la 19ᵉ journée. Nul doute que les deux Fidjiens réservent encore quelques misères à leurs adversaires.