Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 10.02.2020 - stephanie-marin - 3 min  - vu 1153 fois

LUNDI SANTÉ Deux maisons médicales pour stopper l'hémorragie de médecins

La maison médicale de Bellegarde devrait être terminée d'ici le mois de septembre 2020. Celle de Beaucaire, ouvrira ses portes en 2022. (Photo : Stéphanie Marin / Objectif Gard)

Près de trois millions d'euros. C'est le prix à payer par la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence pour lutter contre la pénurie de médecins sur son territoire.

D'une pierre deux coups... D'ici 2022, la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence (CCBTA) comptera sur ses terres deux maisons médicales. La première est en cours de construction, tout près des arènes de Bellegarde, sur un terrain communal cédé à la collectivité. Quant à l'installation de la deuxième, c'est l'ancien bâtiment du Sémaphore qui a été choisi. Le projet est, de ce côté-là, moins avancé. Les travaux de désamiantage viennent de s'achever, après une requalification des lieux, le chantier pour la réhabilitation pourra démarrer.

Pénurie de médecins et changement de modes d'exercice

La désertification médicale est un enjeu majeur auquel font face de nombreux territoires en France, qu'ils soient ruraux ou urbains. Celui de la CCBTA n'y échappe pas. Vallabrègues a vu son médecin partir il y a un peu plus d'un an, sans que personne ne vienne le remplacer. À Bellegarde, on en compte sept pour 7 200 habitants (source : Insee - recensement de la population 2017), à Beaucaire 11 pour 16 000 habitants. "Ils étaient encore 14 il n'y a pas si longtemps", commente Juan Martinez, président de la CCBTA.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène. D'abord et il faut remonter dans les années 70, à ce moment où l'État met en place pour la première fois le numerus clausus, afin de réguler de façon quantitative le nombre de médecins à former. La suppression de ce numerus clausus dès la rentrée 2020 était la mesure phare du projet de loi "Ma Santé 2022" adopté au mois de juillet dernier. Puis les hôpitaux, recruteurs en puissance, attirent les jeunes médecins bien plus que les petits cabinets médicaux de campagne. S'ajoutent les modes d'exercice de la médecine qui auraient changé, "les médecins ne veulent plus travailler 24h/24, 7j/7 comme avant, explique Juan Martinez. Les jeunes médecins et les professionnels de santé ne veulent plus être isolés, mais se regrouper dans un même lieu pour partager leurs diagnostics et le suivi de leurs patients."

Des arguments pour favoriser l'installation de nouveaux médecins

La CCBTA a donc investi près de trois millions d'euros(*) pour répondre à ces nouveaux modes d'exercice afin d'attirer de nouveaux médecins et de permettre ainsi de rétablir un équilibre entre l'offre et la demande. Et d'ores et déjà, des professionnels de santé se sont engagés par des contrats de réservation, sur ces deux équipements en cours de construction. Une fois installés, ils verseront un loyer mensuel "modéré" à la communauté de communes, huit euros le mètre carré à Bellegarde par exemple. "C'est un argument supplémentaire pour favoriser l'installation de nouveaux médecins et professionnels paramédicaux", souligne le président de la CCBTA.

Supplémentaire. Car depuis plusieurs années, la collectivité s'est lancée dans une opération séduction basée sur la communication notamment dans les facultés de médecine de la région, ainsi que sur une aide financière proposée aux étudiants en médecine sous forme de subvention conditionnée à leur installation sur le territoire. À ce jour, trois étudiants se sont engagés, en contrepartie d'une bourse de 800 euros mensuel jusqu'à la fin de leur internat, à exercer sur le territoire de la communauté de communes pour une durée égale à celle de leur indemnisation.

Stéphanie Marin

*Pour la maison médicale de Bellegarde, la CCBTA a obtenu une subvention globale (Région Occitanie et État) de 25%, pour celle de Beaucaire, le montant de l'attribution n'est pour l'heure pas connu.

Stéphanie Marin

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