NÎMES Des étudiants de l’université au secours des victimes de violences intrafamiliales
Comment remplir une demande d’aide juridictionnelle ? Qu’est-ce qu’une mesure de protection ? Des bénévoles assurent une permanence dans le cadre d’une « clinique juridique d’accompagnement de victimes de violence intrafamiliale ». Ce dispositif innovant a été officiellement lancé le 21 novembre.
Ils s’appellent Clara, Samahra, Chainae, Adrien, Laura… Ils sont 42. Ils étudient en troisième année de licence ou en master de droit à l’université de Nîmes. Leur point commun ? tous se sont portés volontaires pour assurer des permanences le vendredi matin dans les locaux de la Croix rouge à Nîmes. Par groupe de trois, ils reçoivent des personnes victimes de violences intrafamiliales. Comment porter plainte ? Qu’est-ce qu’une mesure de protection ? Comment remplir une demande d’aide juridictionnelle ? Quelles sont les règles en matière de garde d’enfants ? Ils les renseignent sur leurs droits et s’engagent à ne divulguer aucune information sur les situations rencontrées.
Une clinique juridique novatrice
Ces étudiants font partie d’un nouveau dispositif baptisé « clinique juridique d’accompagnement de victimes de violence intrafamiliale ». Son lancement est officiellement acté mardi 21 novembre par la signature d’une convention entre Benoît Roig, président d’Unîmes, Jérôme Bonet, préfet du Gard et Georges Labonne, président de la Croix rouge du Gard. « Le projet se veut être un remède mais il n’a pas vocation à agir seul. Il est pensé comme un adjuvant, un auxiliaire, un complément qui ne fonctionne pas seul pour apaiser ce mal sociétal », indique Vanessa Monteillet, doyen de la faculté de droit de l’université de Nîmes. L’idée a été lancée par Sandrine Bonnamich, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité. Concrètement, lorsque les victimes appellent le 115, elles peuvent être mises à l’abri par le Service d’intégré d’accueil et d’orientation de la Croix Rouge. « Les personnes que l’on a mises à l’hôtel ne franchissent pas les portes des associations spécialisées. Le but c’est d’aller les chercher et de ne pas les perdre », ajoute Muriel Vital, responsable du service pôle urgence/veille sociale/ SIAO de la Croix rouge.
Travail par groupe de trois
Le SIAO fait remonter chaque semaine à la clinique juridique un certain nombre de situations. Un groupe d’étudiants est sollicité et reçoit les problématiques en amont. Ils rencontrent ensuite les personnes concernées le vendredi matin. Il y a trois étudiants par groupe. Un sert d’interlocuteur principal, l’autre prend des notes et le dernier effectue, si nécessaire, des recherches complémentaires sur ordinateur. « Il faut garder un sang-froid permanent, témoigne Adrien Maniey. Il faut traduire la complexité du droit avec nos propres mots. Quand les victimes rentrent dans les détails, il faut être constructif tout en restant simple ».
Ils peuvent ensuite, en passant par la Croix rouge, transmettre des informations complémentaires, proposer d’aider à remplir un formulaire.
Samahra Vérité-Cravec, 26 ans, attend avec impatience sa première permanence. Trois raisons l’ont poussée à postuler. Elle voulait faire une action citoyenne, aider des personnes dans le besoin. Elle pense aussi que cela l’aidera pour exercer ensuite la profession d’avocat pénaliste. « Mais surtout, j’ai vécu cela et je ne me voyais pas passer à côté », lâche-t-elle. Cette jeune femme brune a été victime avec sa maman de violences intrafamiliales. C’est sa mère qui a enclenché les démarches leur permettant de s’en sortir. « Le processus de guérison est terminé. J’ai très hâte de participer à cette clinique ».