Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 12.02.2021 - thierry-allard - 4 min  - vu 742 fois

ALÈS AGGLO Plein gaz sur l’hydrogène vert

Le directeur du Pôle mécanique d'Alès, Jérémy Martin-Cudraz, et le président d'Alès Agglo, Christophe Rivenq, ce vendredi matin lors de la présentation de l'écosystème hydrogène vert (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Alès Agglomération mise sur l’hydrogène vert. Un comité de pilotage regroupant de nombreux acteurs s’est réuni pour la première fois ce vendredi matin pour aboutir à la création d’un écosystème hydrogène vert sur le territoire.

Le président d’Alès Agglo Christophe Rivenq en est convaincu, avec l’hydrogène, « on est à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle. » C’est que ce gaz présente de nombreux atouts, le premier d’entre eux étant qu’il ne produit « aucune émission de gaz à effet de serre », rappelle Christophe Rivenq, tout en pouvant être produit localement et écologiquement.

De quoi retenir l’attention d’un territoire qui revendique une inclination forte sur le développement durable et plus spécifiquement sur les véhicules écologiques, avec chaque année depuis dix ans l’organisation des Rencontres internationales des véhicules écologiques (RIVE). « Il y a dix ans quand on a lancé ces rencontres, nous avons été précurseurs », affirme-t-il. L’Agglo souhaite donc s’inscrire dans cette dynamique en répondant à l’appel à projets sur les écosystèmes territoriaux lancé par l’Ademe, pour aller sur l’hydrogène vert.

Alors un comité de pilotage a été mis sur pied pour mettre en place l’écosystème alésien, dans lequel on retrouve l’État, la Région, la Banque des territoires, des bureaux d’études spécialisés, l’IMT Mines Alès, EDF, le CEA Marcoule, le Syndicat mixte d’électrification du Gard ou encore des entreprises comme les Transports Capelle et Rio Tinto. « Tous nous ont confirmé leur engagement pour la création de cet écosystème », souligne le président de l’Agglo. Le comité de pilotage est lui même piloté par Jérémy Martin-Cudraz, directeur du Pôle mécanique.

Un plan d’action

Trois axes ont été définis pour la constitution de cet écosystème. « La mobilité, avec l’engagement de déterminer les usages en interne et avec les Transports Capelle, l’industrie, avec la vocation d’aller chercher les usages en créant un consortium public/privé et l’habitat, en cherchant une solution pour hybrider le gaz de ville et l’hydrogène vert », présente Jérémy Martin-Cudraz. L’idée de l’écosystème est simple, en tout cas sur le papier. « Avoir toute la chaîne de valeur, avec une production d’hydrogène à base d’énergie verte, mailler la distribution sur le territoire avec des stations, et mobiliser les acteurs pour développer les usages », poursuit-il.

Pour y parvenir, le comité de pilotage a couché sur le papier trois grandes étapes de lancement de son écosystème. La première consiste à confirmer sa viabilité, avec un objectif de 400 kilos par jour de consommation à l’horizon 2025, « ce qui équivaut à 4 000 litres environ de carburant », précise le directeur du Pôle mécanique. La deuxième concerne le déploiement de l’écosystème, avec l’implantation de panneaux photovoltaïques sur des sites industriels, à Mercoirol et Rio Tinto, des implantations qui présentent l’avantage de disposer de réserves en eau, indispensables à la fabrication de l’hydrogène vert.

Car toujours dans cette deuxième étape, un électrolyseur sera installé sur un site industriel de Salindres, pour produire le gaz vert à partir de l’énergie photovoltaïque, et ainsi « stocker les énergies renouvelables sous forme de gaz », note Christophe Rivenq. C’est aussi à cette étape que le maillage des stations hydrogène sera déployé, tout comme les usages. Les camions-poubelle, les transports en communs ou encore les tracteurs poids-lourds et les automoteurs des Transports Capelle sont concernés. La mise en place de formations dédiés à l’IMT Mines Alès est également au programme.

La troisième étape consiste en de la recherche, de la formation et de l’implantation, avec notamment une phase de recherche et développement. Au-delà, l’idée est aussi d’aller plus loin en travaillant à de la production d’hydrogène vert à partir de biomasses (la filière bois et les déchets verts, NDLR), ou encore d’aller sur d’autres domaines que la mobilité, comme l’habitat. « On essaiera quelques chose qui n’existe nulle part ailleurs avec la chaufferie à bois, qui ne tourne que quatre mois par an », avance Christophe Rivenq.

Une expérimentation en juin

Bien avant ça, une première expérimentation avec un bus à pile à combustible hydrogène sera lancée en juin prochain, pour trois à quatre semaines. « Il y aura un véhicule sur les lignes urbaines, alternativement sur quatre lignes différentes, ce qui nous permettra de tester les conditions d’utilisation », explique Sylvain Rochas, responsable du délégataire Keolis pour le secteur. Les résultats de cette expérimentation doivent être présentés lors des RIVE les 7 et 8 juillet prochains au Pôle mécanique en présence de SAS Albert II de Monaco.

Un bus à hydrogène va être testé en juin prochain à Alès (Photo : Solaris / DR) • Lukasz Bera

Bref, les grandes manœuvres sont lancées pour faire du bassin alésien un territoire précurseur sur l’hydrogène vert. Les études débutent ce mois-ci, avant la création du consortium en mai, puis la candidature à l’appel à projets de l’Ademe en septembre. Le système de production et de distribution doit quant à lui être lancé fin 2023 avec pour objectif qu’à l’horizon 2025, 50 % de la production soit consommée par le consortium.

Reste que ça coûte un peu d’argent : un électrolyseur coûte entre 3 et 5 millions d’euros, et un camion-poubelle à l’hydrogène 500 000 euros l’unité, soit deux fois plus que l’équivalent au gasoil. « Il y a des subventions pour combler l’écart de coût, et l’idée est de réussir à créer un modèle économique, pour proposer un coût du kilo d’hydrogène viable », précise Jérémy Martin-Cudraz. « Il y a des millions d’euros d’aides de l’Europe, l’Ademe et des partenaires privés, rajoute Christophe Rivenq. L’argent il y en a pour l’expérimentation, il faut le prendre. »

Avec pour but in fine de proposer « une production locale pour une consommation locale, c’est un projet d’aménagement du territoire, de filière courte, avec des retombées économiques », résume le président de l’Agglo. Hors de question donc d’exporter de l’hydrogène vert alésien. « Par contre, on va pouvoir exporter le modèle sur d’autres territoires », avance l’élu.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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