ALÈS "Plus de moyens pour bien soigner" : les grévistes de Bonnefon au 15e jour de mobilisation
En parvenant à réunir près de 300 personnes ce jeudi soir devant la clinique, les salariés grévistes de Bonnefon ont donné à leur mobilisation déjà inédite une ampleur inattendue. Si les revendications sont désormais affinées, le conflit pourrait encore durer. Une nouvelle manifestation est programmée le samedi 19 février.
Environ 200 devant l'entrée de la clinique Bonnefon à 18 heures ce jeudi soir, les manifestants, parmi lesquels plusieurs élus communistes, étaient près de 300 quelques minutes plus tard lorsque Martine Sagit, secrétaire de l’Union locale de la CGT, a lancé une série de prises de parole. "Il faut mettre un terme à la marchandisation de la santé et même inverser son processus. C’est ce que nos camarades de la clinique Bonnefon revendiquent. Des moyens humains et matériels pour améliorer leurs conditions de travail pour mieux nous soigner. C’est tout ce qu'ils demandent !", a-t-elle hurlé dans le micro relié à l'enceinte du camion de la CGT.
Secrétaire général de l’Union syndicale départementale, Bruno Rivier lui a succédé : "Deux rencontres avec la direction ont eu lieu ces derniers jours, une autre avec le sous-préfet. Malgré ça, aucune réponse n'a été apportée pour sortir de ce conflit qui pénalise les malades de la clinique, les médecins, les personnels et la population alésienne." Après quoi, le dernier nommé s'est laissé aller à de longues tirades traduisant la fierté du syndicat CGT à l'égard d'un mouvement "exemplaire" qui constitue "une leçon d’humanisme et de solidarité". Et d'ajouter : "Vous décrivez la bienveillance qui fait défaut à votre direction !"
"Que cette lutte soit un exemple pour le bassin alésien"
Particulièrement loquace, Bruno Rivier n'a pu s'empêcher de comparer la situation de la clinique Bonnefon, propriété du groupe Elsan, avec celle d'Orpéa et Korian où "le seul objectif est de faire du cash sur le dos des soignés sans aucun respect des personnels et des malades". Aussi, le secrétaire général de l'Union départementale de la CGT, qui a apporté son expertise syndicale aux grévistes de Bonnefon il y a quelques jours afin que soient affinées leurs revendications (relire ici), a juré que ce que réclament ces derniers est "une goutte d’eau dans l’océan des bénéfices affichés par le groupe Elsan".
Un bon quart d'heure plus tard, Bruno Rivier invitait l’assistance à ovationner chaudement Hella Kherief, représentante syndicale CGT de la Nouvelle clinique Bonnefon, laquelle a saisi le micro pour dénoncer le "mutisme" de sa direction : "Ça fait 15 jours qu’on manifeste. Le préavis de grève avait été déposé cinq jours avant. Ce qui signifie que la direction est au courant depuis 20 jours et qu’elle nous laisse poireauter dans le froid. On est épuisés mais on ne lâchera rien !" Et d'enfoncer : "On veut que cette lutte soit un exemple pour le bassin alésien car il est inacceptable de se faire de l’argent sur le dos des malades !"
Sous bonne escorte, les manifestants ont ensuite battu le pavé alésien à l'occasion d'une déambulation nocturne dans le cœur de ville. Si le caractère inédit de ce mouvement à Bonnefon avait déjà été mis en exergue, sa longévité est détonante. D'autant qu'en annonçant une nouvelle manifestation le samedi 19 février à 11 heures dans le cas où la direction ne ferait pas un pas vers eux, les grévistes entendent inscrire le bras de fer dans la durée.
Corentin Migoule