ALÈS Pour la première fois, le Cabri d'or voit triple !
Le 35e Cabri d’or, prix littéraire cévenol, a été décerné ce mercredi 10 novembre 2021, à Alès, parmi 18 ouvrages en compétition. Un choix rude pour les membres du jury qui constatent, d’année en année, une montée en puissance de la diversité et de la qualité des écrits, et qui n'ont ainsi pas su départager deux candidats.
Les Cévennes sont une source inépuisable d’inspiration pour tous ces auteurs qui, depuis plus de trois décennies, concourent au Cabri d’or. Pour sa 35e édition, ce prix littéraire décerné par l’Académie cévenole avec la ville et l’agglomération d’Alès ainsi que la librairie Sauramps, était de retour en présentiel, pour la plus grande "joie" de Max Roustan, après une cérémonie 2020 qui s'était tenue à distance, en visioconférence.
"Plus on attend, plus c’est bon et le Cabri d’or arrive dans les derniers prix littéraires remis de l'année", a d'abord soufflé Christophe Rivenq, le président d'Alès Agglo ne manquant pas de rappeler qu'il est aussi, avec 5 000 euros octroyés au vainqueur, "l’un des mieux dotés de France". La faiblesse initiale de la dotation, "c’est ce qui avait fait que ce prix était tombé en désuétude au début des années 2000", a d'ailleurs rappelé Alain Bensakoun, président de l'Académie Cévenole, heureux de la tournure favorable des événements.
L'Alésienne Mireille Pluchard honorée pour l'ensemble de son œuvre
Si le prix est "en train de monter" avec les candidatures de plus en plus abondantes de "grands éditeurs", c'est aussi "une fierté qui s’inscrit dans une dynamique territoriale", aux yeux d'un Christophe Rivenq qui a ensuite cédé la parole à Marion Mazauric, présidente du jury et par ailleurs éditrice d’Au diable vauvert. Saluant la "montée en puissance de la qualité et de la diversité des textes", elle s'est souvenue sans difficulté des "débats vifs" et des "désaccords réels" occasionnés par l'attribution du Cabri d'or 2021.
Une manière pour la présidente du jury d'introduire une cérémonie "particulière", entamée par la remise d'un "prix exceptionnel" à Mireille Pluchard, "pour l’ensemble de son œuvre", sa fidélité au concours, et ce livre "très achevé", De soie et de cendres, publié aux éditions Presses de la Cité. C'est un trophée réalisé par l'artiste grand-combien Nicolas Ribot, en "bois cévenol", qu'a reçu la romancière alésienne, dédiant cette distinction à ses lecteurs, sans qui elle n'est "rien".
Mais le jury ne s'est pas arrêté en si bon chemin en matière d'exceptions à la règle, en décernant, pour la toute première fois, le prix du Cabri d'or à deux lauréats. Le premier d'entre eux, co-écrit par Jean-Noël Pelen, Daniel Travier, et Nicole Coulomb (éd. Alcide), intitulé Conter, chanter, raconter la tradition orale en Cévennes, est défini par Jean-Noël Pelen comme le fruit d'un "travail de mémoire de plus de 40 ans", "un hommage à la littérature en passant par la parole", "une mémoire du passé qui nous informe de l’intelligence des gens d’autrefois". Un livre "incomparable aux autres", d'après Marion Mazauric, compte tenu de ses dimensions atypiques, et de son poids (près de trois kilos), "un vrai pari" de la maison d'édition.
Submergée par l’émotion, Bénédicte Belpois était à son tour décorée, en recevant le chèque remis aux gagnants, dont le montant a été scindé en deux (2 500 euros). La sage-femme de formation, qui dit écrire la nuit, s'est transcendée pour livrer Saint-Jacques (Gallimard), "un roman d'amour" qui fait le récit d'un changement de vie avec une installation en Cévennes. "Un très beau moment de lecture d'un roman totalement addictif", a salué la présidente du jury, avant la séquence finale des photos mêlant auteurs, éditeurs, membres du jury et élus.
Corentin Migoule