BAGNOLS/CÈZE La programmation de rentrée de la Moba en partie reportée à 2021
"En raison de la crise du covid-19 et le passage du Gard en zone rouge, nous sommes contraints de reporter à 2021 l'ensemble de la programmation prévu jusqu’au 15 octobre", est-il annoncé sur la page Facebook de la scène musicale La Moba. Soit au total 7-8 dates payantes et une dizaine gratuites...
Les mesures de réouverture étaient trop contraignantes aux yeux du co-directeur de la Moba, Arnold Métrot, et des coopérateurs : "Une jauge réduite n'est pas forcément adaptée à notre public et à notre programmation." Des concerts masqués, assis, sans grande foule s'éloignent de la genèse de la Moba, "lieu de vie, de fête et de musique." En temps normal, la salle a une capacité de 450 places debout et 100 en configuration assise.
"Avec les conditions de distanciation sociale actuelles et en configuration assise, La Moba ne pourrait accueillir plus de 50 spectateurs. Ce mode de fonctionnement n’est pas économiquement viable pour cette structure autofinancée à près de 90%. La Moba ayant perdu déjà 60 % de son chiffre d’affaires annuel depuis le début de la crise sanitaire", est-il précisé dans un communiqué. Autre problématique : le public ne pourrait venir au bar mais devrait se faire servir par le personnel, pas du tout formé à cela. "On est limité pour des animations en extérieur avec le voisinage. Ce n'est pas fait pour faire du bruit en nocturne", poursuit Arnold Métrot. Bref, la rentrée musicale paraissait très, très compliquée.
Garder ses billets pour ne pas mettre à mal la trésorerie
Pour certains artistes, c'est déjà la deuxième fois que leur date de représentation est repoussée. "Il faut à chaque fois casser les contrats, rembourser les gens qui ont payé leur billet s'ils le souhaitent...", raconte le co-directeur. Du temps de travail en plus passé sur la paperasse pour le salarié et les coopérateurs de la Moba. Après quasiment une année culturelle blanche, Arnold Métrot craint l'embouteillage des dates dès que l'activité reprendra. "Et le public ne va pas se dédoubler non plus..."
Il invite les spectateurs ayant déjà payé leur billet à le conserver car il sera toujours valable en 2021. Trop de demandes de remboursement pourraient mettre à mal la trésorerie de la Moba qui pour rappel n'est pas une association mais une société coopérative d'intérêt collectif. "C'est grâce à notre trésorerie qu'on peut programmer les artistes et signer les contrats", assure Arnold Métrot.
Se réinventer comme fabrique culturelle ?
Comme le cinéma Casino de Bagnols, la salle de spectacle a aussi bénéficié d'une subvention exceptionnelle de la mairie. Elle a contracté un prêt garanti par l'État de 40 000 € pour continuer à fonctionner. De l'argent "qu'il faudra bien rembourser un jour".
Sans s'éloigner de sa vocation première, les coopérateurs de la Moba réfléchissent à élargir leur spectre. Une réflexion accélérée par le flou qui plane encore au-dessus du monde du spectacle pour les mois à venir. Ils profitent de la fermeture pour mener des travaux dans la salle de plus de 300m² où sont accueillis les artistes. Elle va devenir un local de répétition et un studio d'enregistrement. Ils veulent que la structure devienne un lieu d'accueil pour les artistes en organisant plusieurs résidences artistiques dont ils deviendraient co-producteurs. Et ainsi mettre au profit des autres l'expérience et les savoir-faire des coopérateurs de la Moba qui travaillent quasiment tous dans le milieu culturel. Se réinventer pour survivre ?
Marie Meunier