Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 19.08.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 2023 fois

BEAUCAIRE Trois ans de prison pour l’agresseur à la hachette

Photos illustration police pénitentiaire avocat Palais de justice Nîmes (Photo Yannick pons) - Yannick Pons

Après avoir participé à un toro-piscine, un groupe de cinq jeunes âgés de 14 à 16 ans tombent sur Walid à Beaucaire, dimanche 14 août 2022 au petit matin. Armé d’une hachette, celui-ci les force à s’agenouiller, avant de les frapper un-par-un. L'agresseur est condamné à trois ans d’emprisonnement, mercredi 17 août, au tribunal judiciaire de Nîmes.

Alors qu’ils rentrent de soirée, vers 4 heures du matin, Éloïse, Tony, Julian, Melissa et Maelly font une mauvaise rencontre. En bas de son immeuble, Walid, 19 ans, armé d’un marteau-hachette, les insulte dès qu’il les aperçoit. Apeuré, le groupe d’amis se réfugie derrière le centre aéré, mais Walid les retrouve. Il leur ordonne alors de s’agenouiller devant un mur, puis leur assène des gifles au visage ou des coups de plat de son marteau sur le crâne, tout en les filmant avec son téléphone portable. La terreur règne pendant de longues minutes jusqu’à l’arrivée de la police municipale de Beaucaire, qui interpelle l’agresseur alors que celui-ci prend la fuite en jetant son arme. « Ce qui a fait très peur aux victimes, c’est que vous leur avez annoncé que vous alliez les laisser en sang… », résume la présidente Sophie Baudis, en audience de comparution immédiate, mercredi 17 août 2022.

« Je buvais pour oublier mon agression »

Mais à la surprise générale, c’est bien le prévenu qui explique être traumatisé par une agression quelques jours plus tôt. « Je buvais pour oublier mon agression, il y a 3 ou 4 jours. J’ai encore des plaies sur le crâne…, assure Walid dans le box des détenus du tribunal. Alors quand j’ai entendu des cris, j’ai eu peur. J’ai pris la fuite et je suis tombé sur eux par hasard. » La juge lève un sourcil. « Là, vous n’aviez pas peur… », fait-elle remarquer. Le jeune majeur ne se démonte pas. « Qui me dit que ce ne sont pas mes agresseurs, ceux qui sont venus chez moi pour tenter de me kidnapper ?rétorque-t-il, sans logique. Mais ça ne me donne pas le droit de faire ça. C’est complètement fou ça… Je suis vraiment désolé, j’étais sous alcool, madame. »

De leur côté de la barre, les jeunes victimes paraissent encore sous le choc. L’une d’elle s’est vue prescrire une ITT de 3 jours. « Quand j’ai essayé de parler, il s’est dirigé sur moi en me menaçant avec son arme, nous disant qu’il allait nous chercher dans Beaucaire et nous tuer. On a encore peur de sortir », pointe l’une d’elle, d’une petite voix.

Overdose de protoxyde d’azote

Il faut dire que le profil de Walid inquiète. Sans travail depuis qu’il a arrêté sa formation en boulangerie par peur que « la farine lui rentre dans le corps », déjà condamné deux fois, le jeune désœuvré s’est depuis retrouvé accro au protoxyde d’azote au point de faire une overdose qui a failli le laisser les pieds et les mains paralysés.

Devant le danger que représente Walid, la procureure de la République Estelle Meyer requiert une peine de 3 ans à son encontre. « Comme les adolescents de leur âge, ces jeunes profitaient simplement de l’été pour faire la fête. Mais quand on voit l’arme, une sorte de marteau avec un côté contondant en métal et un autre tranchant, on se dit que les conséquences auraient pu être bien pires. Finalement, ce qui restera le plus longtemps, c’est le stress, l’angoisse et la peur, décrit la magistrate. Car au-delà des gifles, des coups de genoux ou de hachette pendant plus de dix minutes, il y a une mise en scène : alignés à genoux contre un mur tel un peloton d’exécution, et cet interrogatoire filmé par leur agresseur, un par un, avec le flash du téléphone dans le visage... Il y a une volonté de soumission et d’humiliation. Pourquoi un tel acharnement ? Il veut jouer au justicier car ils auraient cassé des arroseurs automatiques et se croit le gardien du quartier, décidant de qui peut y entrer ou non. »

« Il veut punir mais s’y prend mal »

L’avocat de Walid tente de relativiser l’image laissée par cette description. « Je ne crois pas que nous ayons frôlé la catastrophe, c’est le comportement de quelqu’un qui veut punir, même s’il s’y prend mal, c’est vrai, avance Carmelo Vialette. Il est possible que son discernement ait été altéré par sa consommation excessive d’alcool ce soir-là liée à sa personnalité. Mais heureusement, dans son délire, il frappe avec le manche. Ce n’est pas une peine de prison dont il a besoin, mais de soins. »

Le tribunal déclare Walid coupable, le condamne à trois ans ferme et révoque un précédent sursis probatoire de six mois. Le jeune sera également interdit de port d’arme pendant trois ans et de séjour à Beaucaire pendant deux ans.

Pierre Havez

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