L'INTERVIEW SPORT Lionel Bergeron : "On veut viser le podium aux 24 heures du Mans"

Lionel Bergeron au volant de sa Kawasaki l'an dernier avec son célèbre numéro 199.
- Etienne MaurinLionel Bergeron, nîmois et fondateur de la team ARTEC sera accompagné de ses pilotes Damien Martin, Mathieu Clément et Wayne Bourgeais pour boucler la mythique course des 24 Heures du Mans à moto. Avant de prendre le départ au guidon de sa Kawasaki ZX-10RR, le numéro #199 nous livre ses impressions du week-end.
Objectif Gard : Racontez-nous quel est votre projet fou ?
Lionel Bergeron : On est une équipe de moto nîmoise qui va participer pour la quatrième fois aux 24 Heures du Mans. Cette équipe c'est la Team ARTEC qui existe depuis 2014, et cette année on souhaite participer à l’ensemble des courses du championnat du monde en catégorie Production. Pour le moment, on manque de partenaires locaux et on reçoit très peu d’aides des entreprises de la région et du département.
Vous êtes dans quelle catégorie ?
On est en catégorie Production, c’est une nouvelle catégorie installée depuis 2025 aux 24 Heures du Mans. C’est un classement différent, mais la même course que les 24H. Au Mans, vous avez quatre catégories qui roulent toutes ensemble avec des classements différents. La catégorie Production, c’est une moto de base d’origine. On est sur quelque chose qui se rapproche beaucoup de l’origine, alors qu’avant, c’étaient des réservoirs de remplissage rapide et de grosse contenance. Maintenant, ils ont créé cette catégorie pour attirer plus de monde et limiter les coûts, car au fil des années, ils perdaient des équipages sur la grille de départ. Cette année, on est 53 équipages normalement.
Comment va se dérouler la course ?
On est quatre pilotes dans cette catégorie, on va se relayer durant 24 heures. On est arrivés lundi sur le circuit, on a fait des essais mardi, puis on a eu les contrôles techniques des motos, des boxes et les démarches administratives. Mercredi, il y a eu une présentation des motos dans la ville du Mans. Ensuite, du jeudi au vendredi, on a fait nos essais officiels, chronométrés, de jour comme de nuit. Le grand départ est prévu samedi à 15 heures, jusqu’à dimanche 15 heures.
Comment se déroulent les relais ?
Étant donné que ce sont des réservoirs d’origine, on va faire des relais de 35 à 40 minutes, avec un changement de réservoir spécifique à cette catégorie. En gros, on va faire une trentaine d’arrêts aux stands, avec un changement de pilote à chaque fois. On change aussi les pneus régulièrement. En moyenne, on pilote une fois toutes les deux heures.
Et la nuit, comment ça se passe ?
On ne se repose pas beaucoup. C’est quand même très physique et intense. On a des kinés qui nous détendent, car on roule au total environ six heures chacun sur les 24 heures.
C’est votre première participation ?
Non, je l’ai déjà fait six fois auparavant, mais ce sera la première fois dans cette catégorie. Avant, j’étais en catégorie Superstock. On a changé de catégorie pour des raisons budgétaires. Et comme c’est une nouveauté, on se dit qu’on a des chances de finir sur le podium si on termine la course. Pour une première, la catégorie n’est pas encore très remplie, donc si on va au bout, on peut espérer un podium. J’ai 45 ans, donc c’est ma dernière saison, et l’objectif, c’est de faire perdurer le Team en le faisant monter en gamme au fil des années, avec des pilotes plus jeunes, plus dans l’air du temps.
Qui sont vos coéquipiers ?
Damien Martin, Mathieu Clément et Wayne Bourgeais vont rouler avec moi. Ils ont entre 30 et 40 ans. Ce sont des pilotes avec qui on avait déjà participé aux 24 Heures de Barcelone, où on avait terminé sur le podium de notre catégorie. Trois d’entre nous ont déjà participé aux 24 Heures du Mans.
Quel est l’historique de votre Team ?
Notre Team est basé à Canaules-et-Argentières, mais notre association ASPI Racing, à qui appartient le team et qui existe depuis 2001, est aujourd’hui basée à Nîmes. Depuis notre création, on a déjà participé cinq fois aux 24 Heures du Mans, une fois aux 12 Heures d’Estoril, plusieurs fois au Bol d’Or, tout comme aux 24 Heures de Barcelone.
Comment vous est venue la passion pour la course d’endurance moto ?
J’ai commencé par mes propres moyens, assez tard, à l’âge de 21 ans. Petit à petit, on est monté de catégorie jusqu’à arriver en 1000cc en 2011. À partir de 2012, j’ai commencé à faire des courses d’endurance avec d’autres teams, puis j’ai monté ma propre équipe, ARTEC, en 2014. Notre passion, c’est avant tout la course moto, mais l’endurance, c’est ce qu’on préfère. Les 24 Heures, ça reste l’une des courses les plus prestigieuses au monde. Tout le monde la connaît, et c’est l’un des rares événements où les télévisions sont sur place. Cette année, il y aura 25 heures de direct sur Eurosport et sur L’Équipe 21, avec une visibilité en direct et gratuite sur cette dernière.
Quel est votre programme cette saison ?
Pour cette saison, on est surtout à la recherche de partenaires. L’idée, c’est de créer un échange, de leur faire vivre la course de l’intérieur. Ceux qui nous aident peuvent participer directement avec nous et venir voir la course, que ce soit en loge ou dans le paddock. En juin, on aura les 8 Heures de Spa sur le circuit de Spa-Francorchamps, puis le Bol d’Or au Castellet, en septembre.
Par exemple, si une entreprise investit dans notre équipe, elle pourra bénéficier d’une défiscalisation à hauteur de 60 %, et nous, on mettra tout en œuvre pour lui offrir un vrai retour sur investissement. Elle pourra aussi faire profiter ses clients de l’événement. L’idée, c’est que ce soit un cercle vertueux pour tout le monde. On a même loué une loge pour les 24 Heures, juste au-dessus du circuit.