CÉVENNES Entrain pour le retour de la ligne Alès-Bessèges
Ce mardi, une étape majeure de la réhabilitation de la ligne ferroviaire à l’arrêt depuis 2012 a été franchie. Pour une durée de quatre semaines, la concertation, phase obligatoire d'un tel projet, a été lancée.
Espéré depuis près d’une décennie par l’association des usagers de la SNCF du Gard et de nombreux acteurs locaux, le retour de la ligne ferroviaire Alès-Bessèges est plus que jamais en bonne voie. L’acheminement en gare d’Alès de plusieurs kilomètres de rails en décembre dernier, quelques jours après une phase de débroussaillage à proximité de la voie, étaient déjà des signaux favorables.
Ce mardi, une nouvelle étape fondamentale à la réhabilitation de cette ligne destinée en partie à désenclaver le nord du Gard a été franchie. Tout au long de la matinée, la SNCF et la Région, organisatrices de la concertation, étaient représentées par plusieurs agents sur le marché hebdomadaire de Saint-Ambroix. « On a choisi les marchés pour rencontrer un maximum de gens différents car si on leur demande de venir participer à des réunions, on a moins de chances de croiser la diversité des profils », a justifié Sophie Guillain, directrice de l’organisme Res Publica, en charge d’organiser la concertation.
Les derniers cités ont reçu la visite du maire de la commune, Jean-Pierre de Faria, accompagné du sous-préfet de l’arrondissement d’Alès, Jean Rampon, en milieu de matinée. L’occasion pour le représentant de l’État d’affirmer son attachement au dossier : « Même si c’est une compétence de la Région, j’ai participé avec assiduité au comité de pilotage et je me réjouis que cette ligne puisse retrouver son activité. »
Une soixantaine de participants à la première réunion
Après cette matinée consacrée à la distribution de tracts assortie d’explications à ceux qui en réclamaient, la première réunion de concertation s’est tenue en fin d’après-midi dans la salle du Tremplin de Saint-Ambroix. Pour répondre aux exigences sanitaires en vigueur, les organisateurs avaient sélectionné une quarantaine de personnes qui « se sont inscrites en quelques heures », d’après Sophie Guillain. La vingtaine de curieux excédentaire a pu suivre les débats à distance via une retransmission en live sur la plateforme Zoom.
D’emblée, Hilaire Hautem, directeur territorial du réseau SNCF, a présenté les modalités de cette concertation « obligatoire pour un tel projet au sens du code de l’urbanisme et du code de l’environnement. » Ce dernier, qui a rappelé que la circulation de la précédente ligne avait été stoppée à l’été 2012, a replacé le contexte dans le quel intervient le retour annoncé du trafic : « La mobilisation a été très importante pour le retour du train. Plusieurs sondages l’ont prouvé. »
Hilaire Hautem a ensuite présenté un projet de transport, qui est « surtout un projet de territoire », revêtant plusieurs objectifs dont une offre de transport plus économique et plus écologique, relier les communes entre elles, et rendre le nord du département plus attractif en favorisant le développement touristique.
Alès-Bessèges en 40 minutes
Une ligne ferroviaire longue de 31 kilomètres, fragmentée en neuf points d’arrêt, intégrée à un réseau régional, et qui sera « fret compatible. » « Chaque halte possédera un distributeurs de billets afin que les usagers soient parfaitement autonomes », a ensuite précisé Jennifer Desfontaine, en charge de la maîtrise d’ouvrage des études liées à l’aménagement des haltes de la ligne. La dernière nommée a par ailleurs annoncé la présence de box à vélo à chaque point d’arrêt.
À ses côtés, Fabrice Carayon, qui assure la maîtrise d’ouvrage des études liées aux installations ferroviaires de la ligne, a délivré les temps de parcours : il faudra 40 minutes pour rallier Alès à Bessèges et moitié moins pour atteindre Saint-Ambroix depuis la capitale des Cévennes. « Le train roulera à une vitesse de 100 km/h sur certaines portions, à 60 km/h sur d’autres », a-t-il rajouté, avant d’évoquer sept allers-retours chaque jour, du lundi au dimanche, avec « une forte amplitude horaire, de 6 heures du matin jusqu’à tard le soir. »
Ces points abordés, les membres de l’assemblée, comme les curieux qui ont suivi la réunion à distance derrière leur écran d’ordinateur, ont pu laisser libre cours à leur(s) questionnement(s). Un quinquagénaire, qui s’est défini comme « un néo saint-ambroisien », a ouvert le bal en regrettant le « timing » de la livraison de la ligne, prévue à l’été 2026 : « Je vais être actif pendant encore trois ans et cette ligne m’aurait été utile pour rallier Alès tous les jours avant ma retraite. »
60 millions d’euros d’investissement
Jean-Luc Gibelin, vice-président de la Région Occitanie délégué aux transports, a alors concédé : « C’est vrai que 2026 ça paraît loin. On va tout faire pour accélérer les choses. » Ce dernier, interrogé au sujet d’une potentielle indemnisation pour « les propriétaires d’une maison à proximité de la voie ferrée », a tout de suite écarté l’hypothèse d’un dédommagement : « Personne ne peut-être étonné du retour de la ligne. Il n’y a pas à ce stade de raisons de penser que ces personnes vont faire l’objet de nuisances. »
Enfin, si Jean-Pierre de Faria voit en ce projet un potentiel « changement des habitudes » qui aboutirait à l’installation de nouveaux habitants sur sa commune, un membre de l’assistance s’est interrogé au sujet de l’impact environnemental. « Quand verra-t-on arriver les trains à hydrogène », a-t-il notamment questionné, sans obtenir la réponse espérée.
Les organisateurs de la concertation obligatoire pour ce projet estimé à 60 millions d’euros auront peut-être l’occasion d’y répondre au cours de ces quatre semaines de consultation qui s’achèvera le 4 avril prochain.
Corentin Migoule