COMMERCE Grand déstockage chez "Alès Vape" avant la fermeture qui en appelle d'autres
Gérant de la boutique spécialisée dans la vente de cigarettes électroniques Alès Vape depuis l'été 2020, Rémi Cortes mettra la clé sous la porte au 31 décembre. En attendant la fermeture de ce commerce implanté en cœur de ville, rue Taisson, laquelle va subir d'autres pertes, le trentenaire procède à un déstockage massif.
Il n'a "aucun regret". C'est avec le sentiment d'avoir tout essayé pour sauver son commerce que Rémi Cortes s'apprête à refermer la parenthèse "Alès Vape", ouverte en août 2020. À l'issue du premier confinement, ce père de famille qui vit à Alès décide de mettre fin à son activité initiale pour retrouver la capitale des Cévennes. "Je tenais une boutique de motoculture à Pont-Saint-Esprit. Comme beaucoup avec le Covid, j'ai quitté mon métier pour me rapprocher de mes enfants", rejoue ce dynamique trentenaire, qui trouve toujours un motif de sourire.
Après avoir remis sur pied la boutique spécialisée dans la vente de cigarettes électroniques à la faveur de nombreuses améliorations, tout en profitant d'un marché encore "porteur", le chef d'entreprise clôture une première année qu'il qualifie de "positive", et ce malgré "les confinements successifs". "Même si plusieurs confrères étaient déjà là, dont Cigatek, le précurseur à Alès, ça a bien fonctionné au début", rejoue en effet Rémi Cortes, doté d'un bagout qui fait le secret d'un bon commerçant.
Pour la boutique installée au n°20 de la rue Taisson, en plein centre-ville d'Alès, tout se complique fin 2021. Hormis sa clientèle faite de "fidèles" qui lui rendent visite régulièrement, l'Alésien passe son temps à attendre des clients qui se font rares. "Depuis quelques temps, le centre-ville est déserté. Il y a moins de flux. Je n'ai pas réussi à capter une nouvelle clientèle", reconnaît le principal intéressé.
Un déménagement un temps envisagé
Et ce dernier d'analyser avec lucidité : "Même si certains gros évènements comme la Semaine cévenole ont fait venir beaucoup de monde en ville, ce n'est pas une clientèle avec du 'paquet'. Il n'y a pas de démarches d'achats. Les gens ont pris leurs habitudes sur Internet ou en périphérie avec la possibilité de stationner facilement et gratuitement. Ça tue les centres-villes !"
Parce que le marché de la vape reste à ses yeux toujours attractif, pragmatique, Rémi Cortes a donc un temps envisagé un déménagement en rocade. "Mais d'autres se sont installés entre-temps. Une fois que le train est passé, c'est trop tard", résume-t-il. C'est donc la mort dans l'âme que le père de famille s'est résigné à mettre la clé sous la porte en clôturant le chapitre "Alès Vape" le 31 décembre prochain.
Ainsi, afin d'éviter de "se retrouver avec un stock de marchandises colossal qui va être détruit", l'entrepreneur a lancé un grand déstockage depuis le début de la semaine. Pour deux flacons de 100ml de "e-liquide" achetés, le troisième est offert, ramenant ainsi le prix de la fiole à 4 € au lieu de 5,90 €. Un tarif dégressif puisque pour trois flacons achetés, deux sont offerts (soit 3,50 € la fiole) et pour cinq achetés, cinq sont gratuits (soit 2,95 € la fiole).
Un inquiétant effet boule de neige
Une offre similaire a été enclenchée pour les gros volumes. "Plus la date fatidique s'approchera, plus les prix baisseront dans les limites de la loi", annonce celui qui laissera sa boutique ouverte aux horaires habituels. Rémi Cortes ne doute pas du succès d'une opération lancée en plein mois sans tabac et y voit le moyen pour "un primo-accédant de la vape de commencer une nouvelle pratique en se procurant des produits à petits prix".
S'il ne s'inquiète plus pour son sort, disposant d'une promesse d'embauche dans une société basée à Saint-Martin-de-Valgalgues, l'Alésien se montre soucieux à l'égard de ses futurs ex-voisins. La fermeture programmée de Fady Style, boutique de prêt-à-porter féminin située au n°21 de la même rue, ainsi que celle de l'atelier-boutique de créations végétales O'calme (au n°19) dont l'activité se poursuivra différemment, lui fait dire que "le bas de la rue Taisson sera bientôt moribond".
Ce possible effet boule de neige, dans une artère qui relie pourtant la très passante rue Saint-Vincent au parvis de l'hôtel de ville, est inquiétant. D'autant qu'à quelques mètres de là, dans la rue d'Avéjan, elle aussi réputée commerçante, plusieurs chefs d'entreprises tirent la langue et renoncent parfois à des projets d'installation.
Corentin Migoule