CULTURE Après quatre ans passés à Vancouver, un court-métrage primé et un livre publié pour Andréa Saunier
S'expatrier à Vancouver en parlant un anglais sommaire et avec un mois d'économies en poche. C'est l'aventure folle qu'a vécu Andréa Saunier. Originaire du petit village de Cornillon, cette trentenaire a tout plaqué en octobre 2016 pour vivre outre-Atlantique. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça lui a réussi.
Après avoir suivi sa scolarité à Bagnols-sur-Cèze, Andréa Saunier a fait son lycée à Jean-Baptiste-Dumas à Alès pour l'option théâtre. Avec l'idée de devenir actrice. C'est son père qui lui a donné le goût du 7e art en l'emmenant toutes les semaines au cinéma Casino. Elle a intégré ensuite le cours Florent à Paris avant de rentrer un peu par hasard sur un plateau de tournage. Passer derrière la caméra l'intéresse de plus en plus. De fil en aiguille, elle s'occupe des comédiens, des figurants, s'occupe de transmettre le scénario, etc., et devient un pilier du plateau comme assistante de réalisation.
Tout roule, comme on dit. Mais alors âgée de 28 ans, son propriétaire lui annonce qu'elle a un mois pour quitter son appartement dans la capitale. André Saunier retourne alors à Cornillon, loin de l'univers du cinéma. Sur un coup de tête, elle demande son visa pour Vancouver, au Canada. Il sera accepté quelques mois plus tard. Après 10h d'avion la voilà sur les terres canadiennes.
Un court-métrage tourné à Cornillon, primé à Los Angeles
Les premiers mois n'ont pas été toujours simples. Sur le plan social, émotionnel, professionnel... "On glorifie beaucoup l'expatriation, mais c'est difficile de s'adapter. Beaucoup de personnes surqualifiées viennent au Canada et se retrouvent à faire des petits boulots pour vivre", raconte Andréa Saunier. Elle a participé plusieurs actions bénévoles notamment à la Fashion week pour se faire remarquer et espérer pouvoir décrocher un job. Et ça a payé, elle a été engagée comme photographe pour promouvoir la danse classique.
Mais la Gardoise n'est pas partie les mains vides au Canada. Elle a emporté avec elle son court-métrage "À notre liberté retrouvée" tourné à Cornillon et Saint-Gély, en 2012. Un projet de longue haleine qu'elle a mis quatre ans à faire aboutir. Une histoire un peu autobiographique "comme tout premier film", tournant autour de l'amour. Un homme écrivain en manque d'inspiration revient dans le Sud et rencontre une femme artiste. Leur rencontre va les libérer chacun de leur côté. Ce court-métrage de 14'09 minutes, elle l'a présenté lors de plusieurs festivals de cinéma. La consécration est tombée à celui de Los Angeles en 2018 où il a été primé.
"J'ai appris à me découvrir, à me regarder de l'intérieur à travers les autres"
Dès le début de sa nouvelle vie à l'étranger, Andréa Saunier a également ressenti le besoin d'écrire. Chaque jour, elle tenait un journal de bord. Au départ, elle le partageait avec ses proches pour raconter "le choc de l'expatriation. Il y a quand même une différence culturelle. Surtout que je ne connaissais personne." L'idée d'en faire un livre est née. Un ouvrage s'adressant à toutes les personnes souhaitant s'installer à Vancouver. Pas seulement les bonnes adresses ou les spots à ne pas manquer.
Andréa Saunier va plus loin qu'un "Petit routard" personnalisé, elle parle aussi de l'intime. "Se faire aborder dans la rue au Canada, ça n'existe pas. C'est très respectueux. Les hommes sont trop timides. Mais au bout d'un an, quand on n'a toujours personne, on se pose des questions", plaisante-t-elle. Là-bas, on est davantage branché sites de rencontres pour trouver l'amour.
L'ouvrage "Le Monde n'est pas fait à ton image !" est donc sorti le 21 juillet dernier. Illustré de nombreuses images captées par Andréa. Le 2e tome tome est déjà écrit et les 3 et 4 sont en préparation. Le premier livre est disponible sur Amazon et le sera dès le 1er octobre dans deux commerces du Gard rhodanien : au restaurant Ô Pas Sage et au salon de coiffure de Léa à Saint-Laurent-les-Arbres.
Après un bref retour en France, Andréa Saunier reprendra l'avion pour retourner à Vancouver. Là où elle pense avoir trouver sa place: "Ça a révélé quelque chose en moi. J'ai appris à me découvrir, à me regarder de l'intérieur à travers les autres." Et l'ouvrage, regorgeant d'anecdotes délicieuses, invite le lecteur à plonger dans un quotidien sur lequel elle pose un regard plein d'humour et d'ironie.
Marie Meunier
"Le monde n'est pas fait à ton image !" d'Andréa Saunier, 239 pages, 34,90 €.