Publié il y a 7 h - Mise à jour le 07.04.2025 - Norman Jardin - 3 min  - vu 729 fois

FAIT DU JOUR Les tours Matisse foudroyées, la fin d’une époque à Pissevin

Les tours Matisse foudroyées.

- Photo : Ville de Nîmes / Dominique Marck

Hier, dimanche 6 avril, les deux tours situées dans le quartier de Pissevin à Nîmes, ont été détruites. L’opération a nécessité un an de préparatifs et l’évacuation de nombreux habitants.  

« Je me suis levée à 5 h du matin pour être ici ». La journée de ce dimanche a commencé très tôt pour Lucienne. La Nîmoise fait partie des familles évacuées et regroupées dans la Halle aux sports Ludivine-Furnon : « J'ai vu leur construction dans les années 1970 et je vais les regarder leur destruction à travers un écran. On aurait pu les conserver et en faire des logements ». Dans l’équipement sportif flambant neuf, tout a été prévu pour accueillir les habitants du quartier Pissevin, transportés dans sept bus. Petit déjeuner, jeux pour les enfants, animations et ateliers divers. Une séance de cinéma est même organisée pour voir « Le robot sauvage » et un quizz est proposé pour tuer le temps. 

Les familles évacuées et regroupées dans la Halle aux sports Ludivine-Furnon. • Photo : Norman Jardin.

Dans une grande salle aux murs blancs, les longues tables sont installées et visiblement les organisateurs ont prévu large puisque la majorité n’est pas occupée. Mais la démolition des tours Matisse laisse un goût de nostalgie pour Josette. « Ça fait 25 ans que j’habite à côté et j’aurais préféré qu’elles restent en place. Il y avait de la jeunesse avec les étudiants ». Pour ceux qui ne se rendent pas sur les lieux de la démolition, avenue Kennedy, un écran géant diffuse en direct la page qui se tourne dans le quartier de Pissevin. En ce début de matinée, le préfet et les élus échangent avec les habitants évacués.  

Puis, les institutionnels se rendent sur place, dans un espace délimité par des barrières en fer, juste en face des deux bâtiments condamnés. La démolition des tours Matisse représente un pas important dans le plan de renouvellement urbain et le projet est piloté par l’État : « Notre rôle est d’être le chef d’orchestre et le grand coordinateur notamment de la sécurité et des évacuations des personnes les plus sensibles et les plus vulnérables. C’est de notre responsabilité que de faire en sorte que tout se passe bien » explique Jérôme Bonet, le préfet du Gard. En quelques secondes, c'est un an de préparation et de travail qui doit partir en fumée. En plus des mesures techniques, il a fallu recenser les habitants et les périmètres. 

« Démolition dans une minute ! »

« Ça ne se fait pas comme ça, mais ça a au moins l’avantage de concentrer les nuisances sur une journée », abonde le représentant de l’État dans le Gard. Le foudroyage a beau être préparé, il demeure toutefois dans ce genre d’opération une incertitude et certains se souviennent de la cheminée de l'ancienne centrale thermique EDF d'Aramon qui avait résisté en partie aux artificiers en juin 2023. En fin de matinée, ils sont quelques centaines à attendre la disparition des imposants bâtiments. Les appareils photos sont de sortie pour immortaliser l’instant en photos ou en vidéos. Quand arrive 11h, l’heure prévue pour le foudroyage des tours, le silence se fait et tout le monde a les yeux rivés en direction des « Matisse ». Le doute s’installe puisque rien ne vient, mais à 11h04, une voix annonce « Démolition dans une minute ! ». 

Puis au loin, une sirène indique la proximité des explosions. Enfin, les bâtiments volent en éclats, s’effondrent et disparaissent dans un nuage de poussière. Cela n’a duré qu’une poignée de secondes, mais elles furent très spectaculaires. Les techniciens ont poussé la coquetterie jusqu’à faire apparaitre, furtivement, les couleurs bleu, blanc et rouge. Derrière les barrières où sont sagement parqués les journalistes, les officiels et le public, on entend « Oh putain ! ». Cette façon familière de manifester sa surprise traduit le sentiment de chacun. La destruction a été spectaculaire. Les tours foudroyées, les Nîmois impressionnés. 

« Ces deux tours étaient ignobles. Je ne les regretterai pas »

Si pour certains des adultes la disparition des deux immeubles est synonyme de mélancolie par rapport aux temps passés, les plus jeunes sont ravies de cette destruction : « J’habite dans le quartier et ça m’a fait un choc, car c’est la première fois que j’assiste à ce genre d’opération. Mais c’est bénéfique parce que ça va faire du changement dans le quartier. Il va être plus mis en valeur. Ces deux tours étaient ignobles. Je ne les regretterai pas. Le bleu, blanc et rouge comme le drapeau de la France, c’était super et symbolique. Ça faisait aussi penser à la cérémonie des Jeux olympiques de Paris », s’enthousiasme le jeune Nassim. 

Une partie des habitants est venue assister à la démolition. • Photo : Norman Jardin.

Le quartier se tourne désormais vers l’avenir avec le projet de renouvellement urbain. « À la place des tours Matisse, il y aura un projet immobilier mixte avec de l’habitat, du commerce et des services. C’est tout le quartier qui fait l’objet de cette rénovation urbaine, une des plus ambitieuses que nous avons en France. Le quartier sera plus vert, plus mixte et mieux sécurisé », rappelle Jérôme Bonet. Pendant ce temps, les tours Matisse se confondent dans un immense tas de gravats. La page est enfin tournée. 

Norman Jardin

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