DEAUX Tensions à l'école primaire, sur fond de harcèlements dénoncés et de plainte déposée

Pour le Dasen du Gard, Christophe Mauny, "à la rentrée, les choses devraient s'apaiser" à l'école de Deaux
- François DesmeuresIl y a une dizaine de jours, selon plusieurs témoignages qui souhaitent rester anonymes, une professeure des écoles s'en serait prise à une mère d'élève venue signaler, une nouvelle fois, que son fils était harcelé. Ces mêmes parents dénoncent une ambiance dégradée dans l'école et un harcèlement qui aurait même été répercuté via le fil Whattsapp des parents d'élèves. Les services de l'Éducation nationale ont lancé une procédure, tandis qu'une plainte a été déposée à la gendarmerie.
Le 3 avril dernier n'était, finalement, qu'un chapitre de plus dans les dysfonctionnements que connaît l'école primaire de Deaux, selon plusieurs parents qui ont spontanément contacté Objectif Gard simultanément. "Mon fils, lui, a été harcelé depuis le CP, avance notamment un père. Par le même groupe de gamins. On a fait une procédure pour harcèlement. Et la directrice a été très efficace pour la procédure." Les familles, dont les enfants se sentaient harcelés, ont été reçus à l'école. Mais, selon le père, la situation ne s'est pas améliorée malgré une première intervention des services de l'Éducation nationale.
Au contraire, même. Des propos à l'encontre de parents qui se plaignent du comportement de certains enfants auraient même circulé sur la boucle Whattsapp qui réunit les parents d'élèves, au point qu'une main courante a été déposée. "La directrice et les maîtresses sont démunies", lâche un père. Jusqu'au paroxysme du 3 avril dernier, qui a éclaté devant une partie des parents et des enfants.
Selon les témoignages de trois parents, une mère est venue discuter avec l'enseignante de son enfant pour se plaindre du fait que le harcèlement de son enfant ne s'atténuait pas, malgré de nombreux signalements. La maîtresse se serait, alors, mise à hurler sur l'enfant en lui reprochant de ne pas être venu l'informer. La mère aurait demandé de cesser de crier sur son fils, arguant que cela n'allait sans doute pas l'aider à se confier. Toujours selon ces mêmes parents, la maîtresse aurait bondi vers la mère, et c'est une auxiliaire de vie scolaire qui aurait empêché que l'agression aille plus loin.
"La situation nécessite un regard par des tierces personnes, donc par nos services"
Christophe Mauny, Dasen du Gard
Pour les services de l'Éducation nationale, par la voix de son directeur départemental, Christophe Mauny, "la maîtresse a répondu à l'agression subie", ce qui est loin de la version donnée par les parents sur le ton employé par la mère. Le Dasen reconnaît toutefois que "la situation nécessite un regard par des tierces personnes, donc par nos services". Une plainte a été déposée. La mère et son enfant se sont vu attribuer - selon la formule - 7 jours d'ITT (interruption temporaire de travail) par leur médecin suite à l'incident.
Christophe Mauny relève l'historique des actions engagées, notamment - ce qui est prévu dans le programme PHARE contre le harcèlement scolaire - via la méthode des "préoccupations partagées", soit "des temps de rencontre avec les parties prenantes, pour permettre à l'enfant d'exprimer son vécu. Et que celui qui aurait été montré du doigt prenne conscience des effets de son action".
Pour le Dasen, c'est une situation "où plusieurs familes sont concernées, et les conflits sont souvent relayés, à l'extérieur, par les familles. Ici, on ne l'a pas détecté vraiment, même s'il y a des différends, certes." Christophe Mauny argumente qu'un "gros travail éducatif a été mené au sein de l'école, avec la présence d'une psychologue scolaire, sur une journée" et des actions concrètes "comme le banc de la laïcité, etc."
"Déplacer un enfant, a fortiori quand il est harcelé, c'est contre-productif"
Christophe Mauny, Dasen du Gard
Côté municipalité, le maire, Didier Salles, signale d'éntrée de conversation : "Je ne ferai aucun commentaire sur cette affaire, car une plainte a été déposée et une enquête administrative est en cours". "Le problème est pris en charge par notre pôle harcèlement", corrige Christophe Mauny, qui réfute le stade d'enquête administrative. Pour lui, il y a désormais un besoin "d'expertise", alors que le problème n'a pas pu être résolu au sein de l'établissement.
Le Dasen s'engage à ce que ses services travaillent vite pour "un retour le plus rapidement possible", sans doute juste après les vacances de printemps. "À la rentrée, les choses devraient s'apaiser", insiste-t-il. Avec deux options - hors de l'affaire du 3 avril elle-même : "Soit on qualifie le harcèlement, envisage Christophe Mauny, et il y aura mise en place d'un accompagnement ; soit le harcèlement n'est pas reconnu, et cela ne va pas contenter la mère..."
"Ce qui m'importe le plus, c'est de trouver une école à mon fils"
Le maire, Didier Salles, ne confirme qu'une seule chose : "La mairie ne fait pas de dérogation scolaire, pour le maintien de l'école. Il est important que les enfants soient à l'école sur le village. Il n'y a pas de raison qu'il y ait des dérogations de faites, sauf pour le problème médical d'un enfant. Ce qui nous intéresse, c'est leur bien-être." C'est sans doute ce volet qui a donc finalement convaincu le maire d'accepter, à titre exceptionnel, la dérogation. Car Christophe Mauny l'affirme : "Malheureusement, la maman a ancitipé la scolarisation dans une autre école, regrette-t-il, il y a donc sans doute eu accord entre maires. Je dis bien "malheureusement" car il faut une dimension éducative à la décision. Déplacer un enfant, a fortiori quand il est harcelé, c'est contre-productif."
"Il faut prendre de la hauteur par rapport à cela, poursuit Christophe Mauny. L'enfant revient avec son ressenti, on en discute tous les jours, et ça monte en épingle. Et, forcément, on a le sentiment que nos actions arrivent trop tard ou pas assez vite. Les effets des actions engagées peuvent prendre du temps. Mais je comprends que, quand on a le sentiment de le subir, on n'a pas cette patience-là." Jointe par téléphone, la semaine suivant l'incident, la mère n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Mais une phrase ressortait du peu d'échange accordé, alors qu'elle était encore en ITT : "Ce qui m'importe le plus, c'est de trouver une école à mon fils"...