DEPARTEMENTALES Canton du Vigan : les gauches se livrent bataille
Diviser pour mieux régner. La gauche viganaise a peut-être pris cette expression un peu trop au pied de la lettre. Dans la course aux élections départementales sur le canton du Vigan, trois binômes de gauche ont décidé de se présenter. Pour leurs adversaires de droite et d'extrême droite, l'espoir de décrocher une victoire est d'autant plus vivace.
Avec ses 23 000 habitants répartis dans 46 communes, le nouveau canton du Vigan est le plus vaste du département. Parmi les huit conseillers généraux sortants, seul Thomas Vidal, élu sur le canton de Valleraugue, ne faisait pas partie de la Majorité départementale. C'est sur ce territoire très marqué à gauche où l'actuel président de région, Damien Alary, est élu (Saint-Hippolyte-du-Fort), Eric Doulcier (Le Vigan) et Martin Delord (Trèves), sont tous deux candidats à leur propre succession élection.
Le grand bazar à gauche
Comme dans beaucoup d'autres cantons, la gauche n'a pas réussi à trouver un terrain d'entente. Les électeurs ont donc l'embarras du choix avec trois binômes aux sensibilités politiques similaires.
Pour la Majorité départementale, Martin Delord, élu depuis 1992 et maire de Lanuéjols, brigue un nouveau mandat avec Hélène Meunier, enseignante et adjointe au maire de Saint-Hippolyte-du-Fort. S'il reconnaît que la mésentente à gauche « nuit à l'avancée des projets », il reste persuadé que les électeurs voteront « pour une personne et non pour un parti ». « C'est pas un avantage d'être divisé, mais je pense que ça ne va pas beaucoup gêner », soutient-il. Son grand projet pour dynamiser le canton : « créer un guichet unique en partenariat avec la Région pour que les porteurs de projets puissent avoir des réponses rapides ».
Son adversaire Eric Doulcier, maire du Vigan, regrette quant à lui le manque d'union. « Je n'étais pas très exigeant. Je demandais simplement à être le remplaçant de Martin Delord, explique t-il, mais il a préféré écouter les sirènes du PS plutôt que de s'appuyer sur quelqu'un comme moi ». Qu'à cela ne tienne, l'élu viganais a décidé de se présenter sans étiquette avec Muriel Martinet, élue à Conqueyrac. S'il conserve son fauteuil, il souhaite faire de l'emploi « sa priorité, sans faire de promesses inconsidérées comme le font les autres ».
Troisième tandem : Martine Gayraud, ex-secrétaire départementale du parti communiste et Richard Valmalle, maire de Saumane. Ils veulent combattre « l'austérité imposée par le gouvernement » et ne craignent guère leurs rivaux. « Les gens s'interrogent sur la politique menée par le conseil général. Eric Doulcier se situe en dehors des partis. Et la menace du Front national est moindre sur ce canton », commente la communiste. Leur grande ambition ? « Lutter contre la désertification médicale et développer un vrai service d'accueil pour attirer et garder la population ».
L'espoir à droite
Hubert Norbert, ancien maire de Saint-Hippolyte-du-Fort et Elise Viala, restauratrice à Saint-Laurent-le-Minier, constituent l'union de la droite. « J'avais deux solutions, indique Hubert Norbert, rester chez moi à rouspéter sur ce qu'il se passe ou travailler pour que l'on puisse changer les choses ». Et il compte sur la division de la gauche pour pouvoir concrétiser ses idées. « Je pense que les trois binômes de gauche seront éliminés dès le premier tour. On devrait se retrouver en face du FN », assure le candidat.
Enfin, le Front national est représenté par Germain Spagnol, poissonnier à Nîmes, et Aurélie Wagner, chauffeur de taxi à Alès. Tous deux habitent dans les villes où ils travaillent, bien loin des enjeux du canton viganais. D'ailleurs, Germain Spagnol avoue « ne pas avoir de projet spécifique pour le territoire » et se cache derrière le programme national du FN. « Nous représentons Marine Le Pen. C'est sur le plan national que ça se passe », assure Germain Spagnol. Les élections des 22 et 29 mars sont pourtant départementales.
Elodie Boschet