DISPARITION Stéphanie Sidolle, la fille de Marie-Pascale Sidolle témoigne
Marie-Pascalle Sidolle n’a plus donné signe de vie depuis ce dimanche de Pâques, le 14 avril 2019 au matin. Stéphanie Sidolle, l’unique enfant de celle qui est maintenant surnommée « la disparue de l’hôpital d’Avignon » témoigne pour Objectif Gard.
Objectif Gard : Comment avez-vous appris la disparition de votre maman ?
Stéphanie Sidolle : C’est l’hôpital qui m’a appelée le matin même de sa disparition pour me signaler que ma maman n’était pas venue travailler. J’ai tout de suite compris que c’était grave car ma mère n’était jamais en retard et si par hasard elle l’était, elle appelait obligatoirement pour signaler son retard ou son empêchement. Au départ, j’ai cru à un accident de voiture ou à un problème médical chez elle. Elle ne répondait pas à son téléphone. Là aussi c’était pour moi un autre élément très inquiétant. J’ai appelé ma marraine pour qu’elle aille voir chez ma mère à Roquemaure. À son domicile rien n’a été volé, fracturé ou cassé. Il y avait encore sa tasse de café dans l’évier. Et la voisine du dessous, qui était également son amie, a précisé qu’elle avait entendu ma mère partir ce matin-là.
Au fil des heures, l’inquiétude grandit. Comment apprenez-vous les circonstances particulières de sa disparition ?
La caméra du centre hospitalier a figé une image avec ma mère assise côté passager et un homme qui conduit sa voiture. Cet élément a fait grandir la crainte et la peur. Tu penses à l’enlèvement, mais là rien ne colle. Pourquoi enlever une dame qui est une grand-mère sans aucune histoire, quelqu’un qui était vigilante et méfiante. Elle était très peureuse et j’ai été élevée dans ce schéma de faire attention en permanence. Elle était volontaire pour travailler ce matin-là pour gagner un peu plus d’argent car elle voulait que l’on parte avec les enfants en vacances quelques jours. Elle voulait faire plaisir à mes enfants. Elle avait l’habitude de se garer toujours le plus près possible de la porte d’accès à son service, mais très peu de gens connaissaient ses horaires et ses habitudes.
L’enquête ne s’est jamais arrêtée, mais les pistes se referment une à une. Comment vivez-vous cette incertitude ?
C’est ce qu’il y a de plus difficile à vivre, ne pas savoir ce qui est arrivé et pourquoi c’est arrivé. Je sombre dans la paranoïa. Je suis encore plus méfiante sur ce qui pourrait arriver à mes enfants. C’est très dur de vivre le quotidien sans sa maman. Parfois je me dis qu’elle est vivante mais je n’imagine même pas ses conditions de vie depuis tant de temps. Le plus souvent, je me dis qu’elle est morte, qu’elle a été tuée. Car si l’on regarde les circonstances de cette disparition, il y a peu de chance que je la revoie un jour. J’oscille entre l’espoir de la revoir vivante et cette crainte qu’elle soit morte. Un jour elle m’a dit : « Mais ne t’inquiète pas pour moi, qui voudrais-tu qui veuille de moi, je suis trop vieille. » On a toujours l’impression que ce genre d’affaire n’arrive qu’aux autres, à des gens qui ont des problèmes, et bien non cela peut arriver à n’importe qui.
On vous a montré l’image de cet homme qui conduit votre mère et qui sort de l’hôpital. Avez-vous des soupçons ?
On refait toujours l’enquête dans sa tête mais sans preuve, il ne sert à rien de cibler quelqu’un. Je n’ai pas reconnu cet homme, qui a eu une chance inouïe ce jour-là. Deux caméras auraient pu permettre de l’identifier dans l’enceinte de l’hôpital mais pour des raisons techniques on ne le reconnaît pas. C’est flou. Plus loin, il aurait dû également être identifié sur une autre caméra mais là son visage est dans l’ombre. Je sais que les enquêteurs ne lâchent rien et je compte sur eux car je veux savoir ce qui est arrivé à ma mère. En attendant, j’ai gardé les cadeaux de son anniversaire, elle est née le même jour que moi à 20 ans d’intervalle. On devait fêter les anniversaires en famille trois jours après la date de sa disparition.
Propos recueillis par Boris de la Cruz
Depuis des mois, des années, Lucas, Marie-Pascale, Denis, Joséphine et son fils sont introuvables. Disparus du jour au lendemain, les recherches engagées pour les retrouver sont restées vaines. Où sont-ils ? Pourquoi d’un seul coup, malgré les nouveaux outils scientifiques et technologiques à disposition, est-il impossible de retrouver leur trace. Pour cette quinzaine, Objectif Gard, le magazine fait le point sur les différentes enquêtes et leurs avancées, apporte de nouveaux témoignages et remonte le fil de ces disparitions plus étranges les unes que les autres. Un numéro à retrouver chez votre marchand de journaux ce vendredi.