ÉDITORIAL Emmanuel Macron : parler pour ne rien dire ?
Le jour d'après. C'est ce lundi. Le président de la République prendra la parole devant les Français à 20 heures ce soir. Pour dire quoi précisément ? Probablement rien qui convaincra ses opposants et, aujourd'hui, une bonne partie de la France.
Prendre la parole pour marquer une rupture après trois mois de tension sociale sur fond de réforme des retraites contestée, mais approuvée par les sages du Conseil constitutionnel. Et promulguée dans la foulée. À présent, Emmanuel Macron veut reprendre la main. Pour apaiser et tenter de donner un cap social pour les prochains mois. Mais est-il encore audible aux yeux des Français ? Pour les plus fidèles de ce jeune Président entreprenant et volontaire, son message devrait faire mouche. Mais pour les trois quarts des autres habitants de notre beau pays, il aura beaucoup plus de mal à convaincre. Car, indéniablement, cette réforme et la méthode pour arriver à son but ont cassé quelque chose. D'abord la confiance avec les corps intermédiaires. Et particulièrement avec la CFDT, considérée comme le syndicat le plus réformiste, qui a vécu ces dernières semaines comme un mépris profond l'attitude de l'exécutif. Il reste déterminé à poursuivre le combat. Et n'acceptera pas le recul de l’âge légal à 64 ans. Tous les syndicats unis le diront encore et toujours le 1er mai à l'occasion d'un rassemblement inédit partout en France pour la fête du travail. Et ce n'est qu'après qu'ils iront peut-être à l’Élysée discuter avec Emmanuel Macron. À condition qu'il fasse un pas dans leur direction. Mais lequel ? Il ne s'est pas mis dans ce bourbier pour reculer aujourd'hui. Alors ? Alors le chef de l'État proposera probablement d'avancer sur les réformes sociales promises lors de la Présidentielle 2022. La mise en place d'un dispositif de partage des profits, obligatoire dans les entreprises versant des dividendes. La généralisation de la prime versée par les entreprises à leurs salariés, sans charges ni impôts. La réforme du compte épargne temps qui permet aux salariés soit de prendre des congés payés, soit d’avoir une rémunération quand ils ne les prennent pas. Enfin, le chef de l’État avait l'intention de mettre en place l'an dernier une promesse de 2017 : verser les aides sociales à la source, de manière automatique. Une manière de n'oublier personne, mais surtout de lutter contre la fraude. Enlever de la main droite et redonner de la main gauche. Le recyclage du "en même-temps" qui a, malheureusement, pour Emmanuel Macron, un peu du plomb dans l'aile...