ÉDITORIAL Le Doliprane sous pavillon américain : plus de peur que de mal ?
La relocalisation industrielle à Roussillon (Isère) du principe actif du paracétamol, prévu à la fin de 2025, garantissant une autonomie stratégique à ce médicament, est toujours dans les tuyaux.
Le médicament le plus consommé en France est sans conteste le paracétamol. Ce n'est donc pas pour rien que la vente de 50 % de la filiale de Sanofi qui produit le Doliprane, à un fonds de pension américain soit au cœur d'une vaste polémique depuis plusieurs jours. À juste titre. À la différence d'un industriel mondial qui s'intéresserait à une partie de Sanofi, il s'agit là d'un groupe financier qui n'a pour seule obsession que la rentabilité à moyen ou long terme. Il pourrait alors mettre à mal l'emploi. Sans attendre, le gouvernement Barnier a décidé d'agir. L'État vient ainsi d'obtenir des garanties et un siège au conseil d'administration du groupe français. Est-ce que son poids dans la balance sera suffisant dans les choix stratégiques du laboratoire détenu à moitié par des Américains ? Difficile à dire. La France pourra toujours agiter le spectre des sanctions en cas de démantèlement des usines françaises. Ou de licenciement massif. Mais qu'est-ce que cela pèsera face aux milliards de fonds d'investissements ? La question centrale de cette future vente reste celle de l'indépendance de l’industrie pharmaceutique. Promis juré durant la covid, l'ambition de maitriser toute la chaîne médicale pour éviter les ruptures de produits soignants était annoncée partout. Face au rouleau compresseur de la mondialisation, cette promesse est tenable ? Est-ce que cette vente par Sanofi, le fleuron pharmaceutique français, est aussi grave que cela ? Il s'agit surtout de symbole. Sanofi conservera environ 50 % du capital encore quelques années. Le temps que l'État français place ses garde-fous pour protéger sa souveraineté et assurer une sécurité d’approvisionnement. Ensuite, il est évident que le Doliprane n'est pas le seul paracétamol sur le marché. D'ailleurs, de nombreux substituts et marques sont proposés dans toutes les pharmacies. Sanofi justifie aussi cette vente par sa volonté de se désengager des médicaments sans ordonnance ou compléments alimentaires. Afin de se concentrer financièrement sur les médicaments innovants de demain. Il est enfin nécessaire de rappeler que la relocalisation industrielle à Roussillon (Isère) du principe actif du paracétamol, prévu à la fin de 2025, garantissant une autonomie stratégique à ce médicament, est toujours dans les tuyaux. C'est probablement cela l'essentiel...
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