ÉDITORIAL Le Gard, terre définitivement frontiste ?
Hier soir, il est évident que notre département a basculé dans une autre dimension...
Le Gard n'est pas la France. Ou inversement. Hier soir, il est évident que notre département a basculé dans une autre dimension avec l'élection et la réélection de six députés Rassemblement national. Un grand chelem, une performance, au contraire du national qui place le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella en troisième position, derrière la Gauche et, pire pour eux, Emmanuel Macron et ses alliés. Comment expliquer cette réalité qui fait défaut ? Notre territoire trop attaché à ses traditions ? Nos politiques qui n'assument plus le barrage républicain ? Une bonne partie de la classe politique semble en effet s'être accommodée depuis quatre ans de la présence sur le Gard de quatre députés RN. Ils leur donnent la parole au moment des cérémonies de début d'année, reçoivent sans difficulté dans leur mairie, échangent longuement dans leur bureau ou sur le marché. Les grandes entreprises aussi jouent leur partition en organisant des visites avec ces députés, jusqu'à se prendre en photo très facilement pour alimenter les réseaux sociaux frontistes. Plus personne dans le Gard ne fait la différence entre eux et les autres élus. Est-ce normal ? C'est tout simplement le bon sens républicain, répondront l'ensemble des personnalités en cœur. La normalisation est là, chez nous. Pas encore dans les autres régions de France apparemment. Jusqu'à quand ? Il est évident que le combat ne se joue pas en stigmatisant ceux qui ont été élus par les Gardois. Mais il est bon de s'interroger sur les deux circonscriptions arrachées par le RN hier soir lors du second tour des Législatives. Michel Sala, député sortant battu de la 5ᵉ circonscription, est le seul à ne pas voir et entendre que pendant deux ans, peu de monde l'a vu sur le terrain. Philippe Berta, qui ne s'est pas représenté sur la 6ᵉ circonscription, souffrait de la même remarque. Focalisé par les enjeux de l'Assemblée nationale, ils n'ont pas pris le temps de labourer le terrain local. À la différence d'un certain Yoann Gillet réélu sur la 1ʳᵉ circonscription, présent localement en continu, en dehors des mardis ou mercredis par obligation de siéger à Paris. Pierre Meurin, sur la 4ᵉ circonscription, bien que moins présent que son collègue nîmois, a su jouer de stratégie pour être là sans l'être totalement. Tout comme l'avocate Pascale Bordes sur la 3ᵉ circonscription. Les trois sont réélus sans grande difficulté. Après avoir déploré cette réalité, il serait donc temps pour les responsables gardois modérés de réfléchir posément. L'ancrage d'un parti politique ne fait pas tout localement. La présence médiatique et sur le terrain semblent être une bonne première étape pour durer. Enfin, il est évident qu'il faut être présent pour tenter de résoudre les difficultés des gens. Quand on sait que dans le Gard, elles sont immenses...