ÉDITORIAL Le mépris pour la jeunesse cabossée
Alors que selon des études de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), plus des deux tiers des délinquants mineurs ne récidivent pas.
Dijon, Marseille, Vezoul, Montpellier, Avignon ou encore Nîmes, hier jeudi, la Protection judiciaire de la jeunesse était dans la rue partout en France pour alerter les pouvoirs publics et la population en général, sur la situation précaire déjà existante et les prochaines années périlleuses qui attendent les éducateurs. Il est bon de rappeler les 30 000 mesures éducatives décidées en matière pénale par le juge et mises en œuvre chaque année par la PJJ selon un rapport récent du Sénat. Cela n'empêche pas les restrictions budgétaires qui ont conduit la direction de la PJJ à ne pas renouveler 500 postes de contractuels à l’échelle nationale. Sauf que les manques d'effectif étaient déjà un problème avant cette annonce. Alors si les contractuels sont remerciés... Cette situation incroyable montre à quel point, une nouvelle fois, la déconnexion est profonde en France entre les décideurs et la réalité du terrain. Au contraire de coups de rabot, il aurait été bien plus efficace d'accroître l'ambition et les moyens pour ces acteurs en première ligne face au mal qui ronge notre société et l'unité du pays : la délinquance juvénile. Ce n'est pas comme si, depuis des années maintenant, on constatait un caractère plus grave des actes de violence sur une partie de la jeunesse. S'il n'y avait pas eu des émeutes en juillet 2023... Alors que selon des études de la Protection judiciaire de la jeunesse, plus des deux tiers des délinquants mineurs ne récidivent pas. Ce qui prouve bien que l’insertion et la rééducation de nos jeunes en difficulté fonctionnent, l'État fait le choix d'un plan social. Une vision court-termiste qui provoquera à plus long terme de nombreux dégâts. Ces jeunes sans solution pérenne sont jetés en prison et se retrouvent confrontés à bien pire. Impossible ensuite d'échapper pour eux au risque de récidive. Sans compter les problématiques psychiques et les conséquences désastreuses sur les familles. Bien entendu que la Protection judiciaire de la jeunesse ne peut pas résoudre tous les maux de cette jeunesse. Il est évident que le programme développé par les éducateurs spécialisés n'est pas adapté à tous. Mais on parle de mineurs ! Des jeunes qui n'ont connu souvent que le chaos, et des parcours cabossés, des conditions sociales très dégradées. Sans compter la misère qui s'est invitée dans leur quotidien pour créer de l'urgence… Tout cela ressemble furieusement à du mépris pour ceux qui ne valent rien...