Publié il y a 1 an - Mise à jour le 20.04.2023 - Abdel Samari - 2 min  - vu 2430 fois

ÉDITORIAL Les points et les excès

Photo d'illustration.

- Photo archive Objectif Gard

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin tient promesse : il n'y aura plus de retrait de points pour les excès de vitesse de moins de 5 km/h à partir du 1er janvier 2024.

Hier, mercredi, on apprenait que désormais il sera possible de rouler un petit peu plus vite que la vitesse autorisée sans risquer de perdre des points sur son permis. Un sur les douze points disponibles. Attention, cette nouvelle règle s'applique seulement pour les excès de vitesse de moins de 5 km/h et à partir du 1er janvier 2024. Et n'imaginez pas que l'État vous fera cadeau de l'amende forfaitaire de 135 € en ville et 68 € hors agglomération. Il faudra toujours passer à la caisse. Pas fou, cela rapporte dans les caisses un petit trésor de guerre. Le ministère de l'Intérieur a révélé qu'en 2020, le total de contraventions dressées par des radars automatiques chaque année était supérieur à 10 millions. À 90 euros en moyenne l'amende, on vous laisse faire le calcul. Cependant, et c'est vrai, plus de la moitié (58 %) concernaient des excès de vitesse compris entre 1 et 5 km/h. On peut donc considérer qu'il s'agit là d'une mesure de bon sens et positive. D'ailleurs, l'association 40 millions d'automobilistes rappelle que ces petits dépassements de la limitation de vitesse sont régulièrement involontaires. Souvent dans le cadre d'un dépassement d'un autre véhicule. Alors, cette annonce réjouira pas mal de conducteurs mais difficile de ne pas prendre en compte le timing de l'annonce. Elle arrive pile poil au moment où le Gouvernement cherche à se sortir du guêpier de sa réforme des retraites. Vouloir redonner le sourire aux Français accrochés au volant permet dans le même temps, de s'offrir un peu d'oxygène. Un bel opportunisme ! Cela va en tout cas à rebrousse-poil de la politique répressive depuis des dizaines d'années et particulièrement au début des années 2000 où un ancien ministre de l'Intérieur, devenu président de la République ensuite, Nicolas Sarkozy, avait instauré les radars automatiques et les contraventions qui vont avec. En 2003, il installait le premier radar automatique. Vingt ans plus tard, on en compte 4 500 partout en France. Une action forte qui a indéniablement prouvé son efficacité, avec des chiffres de la sécurité routière qui se sont améliorés. D'ailleurs, en ce début d'année 2023, les résultats sont aussi à la baisse. Selon les estimations de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), en mars 2023, 195 personnes sont décédées sur les routes de France métropolitaine, soit un recul de -14 % par rapport au mois de mars 2022. Cette indicateur est également en baisse sur le 1er trimestre 2023 si on compare au 1er trimestre 2022. Reste à manier désormais avec prudence tous ces chiffres. Il faudra regarder en 2024 si la tendance se confirme. Ou au contraire, comme le redoute les associations de victimes : si ce signal envoyé aux conducteurs ne créera pas des dégâts irréversibles...

Abdel Samari

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