ÉDITORIAL Marine le Pen : l'arroseuse arrosée
Le parquet a fait connaitre ses réquisitions. Elles sont lourdes de conséquences politiques pour la star des prévenus : Marine Le Pen !
Il ne s'agit pas d'un procès politique. Bien entendu que non. La justice française mérite mieux que les commentaires politiques d'une extrême-droite désemparée par des réquisitions qu'elle considère comme sévère alors qu'elle passe son temps à reprocher aux tribunaux leur laxisme. L'arroseur arrosé. Après plus d'un mois de procès au tribunal correctionnel de Paris, après avoir décortiqué ce qui ressemble à un système de financement illégal de parti, le parquet a fait connaitre ses réquisitions. Elles sont lourdes de conséquences politiques pour la star des prévenus : Marine Le Pen et son ex-compagnon, le maire de Perpignan, Louis Aliot. Ils sont accusés tous les deux, avec leurs autres collègues, d’avoir détourné des fonds du Parlement européen au profit du Rassemblement national. Pas une mince affaire. Le Parlement européen avait évalué son préjudice financier à 4,5 millions d’euros. Les procureurs ont expliqué en détail l'organisation du RN entre 2004 et 2016, avec l'embauche des assistants parlementaires européens à des fins d'activité unique pour le parti politique. Difficile donc pour le parquet de ne pas appeler à une sanction exemplaire. Avec une amende de 2 millions d'euros contre le RN. Et cinq ans de prison dont deux ans ferme, cinq ans d’inéligibilité (avec exécution provisoire) et une amende de 300 000 euros contre la future ou ex-future candidate à la présidentielle de 2027. Malgré ses arguments, même en soupçonnant le tribunal de contraindre la France à se passer d'elle, et de surcroît en clamant son innocence au-delà des faits implacables et difficilement justifiables. Que les amis de Marine le Pen se rassurent toutefois. Les deux prochaines semaines, les avocats de la défense vont pouvoir s'exprimer très largement. Les réquisitions du parquet ne valent pas encore sanctions définitives. Enfin, nous l'avons vu aux États-Unis, malgré des procès, des sanctions et des outrances à répétition, cela n'empêche pas une élection. Peut-être pas en France certes. Mais Marine le Pen n'est pas forcément indispensable pour 2027. Elle a déjà son successeur : un nouvel écrivain de 29 ans, président de son mouvement qui s'y voit déjà à l'Élysée...