ÉDITORIAL Mohamed Amra : la prison comme à la maison ?
Il semblerait bien que Mohamed Amra s'était procuré de multiples téléphones portables pour continuer à gérer son trafic de drogue, au fil de ses détentions. Comment est-ce possible ? Si les prisonniers ont les mêmes activités qu'à l'extérieur, à quoi bon les enfermer ?
Les évènements tragiques ces derniers jours avec l'évasion sanglante sur un péage dans l'Eure du prisonnier Mohamed Amra qui a provoqué la mort de deux surveillants pénitentiaires, abattus par un commando, ont relancé la question de la sécurité dans les prisons, dans le transfert des détenus vers les palais de justice ou vers une nouvelle prison. C'était un sujet de préoccupation depuis longtemps, il est devenu central aujourd'hui en France. Car ces assassinats par des individus qui l'ont libéré montrent comment l'action politique, malgré les bonnes intentions, reste limitée en réalité en termes de moyen. Il n'y a qu'à voir la densité carcérale depuis fort longtemps. Avec encore en début d'année, le chiffre incroyable de près de 80 000 personnes incarcérées dans les prisons françaises pour 60 000 places disponibles. Pourtant, les gouvernements successifs ont engagé leur responsabilité à la création de nouvelles cellules. Mais le temps de la décision et de la concrétisation n'est pas tout à fait le même... L'autre interrogation révélée par la presse depuis quelques heures concerne les conditions d'incarcération. Il semblerait bien que Mohamed Amra s'était procuré de multiples téléphones portables pour continuer à gérer son trafic de drogue, au fil de ses détentions. Pire, il aurait même cherché à se procurer des armes de guerre tout en menaçant ses interlocuteurs lors de ses appels. Comment est-ce possible ? Si les prisonniers ont les mêmes activités qu'à l'extérieur, à quoi bon les enfermer ? Ils ne sont écartés de la société que physiquement. Pour le reste... Déjà, en juillet 2022, une polémique avait éclaté après la découverte de course de karting organisée au sein du centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne). Probablement vital dans une volonté de réinsertion des détenus, la question de l'objectif de la détention demeure. Dans une société française en proie à une violence de plus en plus exacerbée, il est difficilement compréhensible, pour les citoyens, de passer sous silence la punition comme la mission première des prisons. Mais aussi la réparation vis-à-vis de la société après des actes délictueux. Il y a quelques années, ces mêmes prisonniers étaient engagés dans des missions professionnelles au sein des prisons. Abandonné depuis longtemps, il serait peut-être judicieux de remettre au goût du jour cette fonction. Et de mettre en place, pour quelques centaines d'euros, des brouilleurs d'antennes téléphoniques.
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