ÉDITORIAL Une belle idée de l'Europe ?
L'Europe est une réalité. Bien qu'elle partage sa destinée entre plusieurs pays, elle a démontré ces dernières années son efficacité.
À quelques heures du scrutin européen, et alors que les sondages annoncent, à la fois, un taux d’abstention élevé et un raz-de-marée de l'extrême-droite, plus de 1 000 élus d'Occitanie et du Gard appellent à se rendre aux urnes et à voter pour « Réveiller l’Europe », avec Raphaël Glucksmann et l’ensemble de sa liste. Ces appels servent-ils encore à quelque chose ? Les électeurs convaincus de ne pas voter Rassemblement national ou Reconquête ont-ils besoin d'être rappelés à l'ordre ? Probablement que non. Parce que le vote RN est vampirisé par plusieurs phénomènes. D'abord, une colère contre l'exécutif national, contre Emmanuel Macron. C'est aussi une cristallisation d'un vote en faveur de ceux qui promettent des miracles qui n'arriveront jamais ou des recettes faciles inapplicables. Enfin, c'est aussi un vote de séduction vis-à-vis d'une tête de liste de 28 ans qui a su adopter les nouveaux modes de consommation sur les réseaux sociaux. Des phrases coup de poing, un beau sourire pour le dire et le tour est joué. Mieux encore, quelques instants de coulisse, sous l'apparence d'images volées d'un candidat qui a toute une équipe de communicants payés pour monter des scénarios dignes d'une publicité. Alors, certainement que cet appel aura peu d'effet. Et bon nombre d'électeurs en France, ici en Occitanie, ou encore dans le Gard n'ont pas envie de voter pour Place Publique et le Parti socialiste sans pour autant voter nécessairement pour Bardella. D'autant que l'Europe est une réalité défendue par plusieurs listes. Et quand bien même le vieux continent partage sa destinée entre plusieurs pays, il a démontré ces dernières années son efficacité. Pendant le covid. Durant la crise économique suite à l'invasion de la Russie en Ukraine. Encore dernièrement par le versement complémentaire, dans le cadre du plan de relance européen, de 7,5 milliards d'euros de subventions à la France. Des sonnants et trébuchants pour financer la transition climatique et numérique, notamment la rénovation de 500 kilomètres de petites lignes ferroviaires locales et de 150 kilomètres de lignes de fret, l’ouverture de plus de 1 600 bornes de recharge sur les routes françaises et le raccordement à la fibre de 2,5 millions de logements et locaux d'entreprise grâce au déploiement du plan France Très Haut Débit. Depuis 2021, notre pays aura donc bénéficié directement de l'Europe de plus de 30 milliards d'euros, ce qui nous place en première position parmi les États membres de l’UE ayant reçu le plus d'argent du plan de relance européen. L'Europe, c'est aussi, le soutien à des projets éducatifs, agricoles, sociaux, culturels. Enfin, en ces temps incertains, c'est aussi un bloc uni face à des tentatives d'ingérences ou pour faire face au danger des nouvelles technologies. Tout n'est pas parfait bien sûr dans l'Europe de 2024. Mais cette belle idée d'Europe, même après dimanche prochain, ne peut pas rester seulement dans les livres d'Histoire. Elle a tellement de défis à relever...