Publié il y a 1 h - Mise à jour le 22.04.2025 - Propos recueillis par Abdel Samari - 4 min  - vu 2354 fois

EXCLUSIF Éric Giraudier, suspendu de la présidence de la CCI Gard : "C'est une histoire de fou"

Éric Giraudier

Éric Giraudier ne sera plus le président de la CCI Gard pendant six mois à compter du 1er mai 2025

- Yannick Pons

Selon nos informations exclusives, le préfet d'Occitanie, tutelle des Chambres de commerces et d'industrie de la région, vient de prendre une décision inédite et lourde de conséquence en suspendant le président de la CCI du Gard, Éric Giraudier, pour une période de six mois à compter du 1er mai 2025.

Dans un courrier adressé au président de la CCI du Gard, le préfet de la région Occitanie fait état de plusieurs griefs concernant la gestion administrative de la Chambre, en particulier sur la nouvelle Maison de l'entreprise, pas encore inaugurée... Contacté depuis le début du week-end, Éric Giraudier a assuré à notre rédaction ne pas avoir reçu le courrier lui signifiant la décision. Il aurait reçu en réalité le recommandé avec accusé de réception ce mardi matin. Le président a accepté de nous répondre après avoir réuni tous ses élus ce mardi soir. Interview.

Objectif Gard & Arles : Quelle est votre réaction après la réception de ce courrier ?

Éric Giraudier : C'est une surprise totale. Je suis complètement abasourdi par cette sanction administrative. Car il s’agit de sujets qui ont été traités depuis plusieurs années, auxquels on a déjà répondu. Pour bien comprendre, une sanction administrative, pour qu'elle intervienne dans le cadre qui a été précisé, il faut qu'il y ait une matière d'urgence et il faut qu'il y ait une matière de gravité. Or, il n'y a ni urgence, ni gravité. D’ailleurs, on a eu un premier courrier le 12 février dernier. Nous nous sommes déplacés avec mon directeur général à la préfecture de région le 11 mars pour s’expliquer. On nous a dit : tout est bon, c’est très bien. Répondez-nous avec les éléments de contexte. Ce que l’on a fait. Depuis un mois, pas de son, pas d'image. Donc, vous comprenez ma surprise aujourd’hui !

Comment expliquez-vous cette sanction disproportionnée selon vous ? Puisque vous êtes suspendu de vos fonctions de président de la CCI du Gard à partir du 1er mai 2025…

D’abord, je voudrais dire que je pense que l’on fait face à une très forte déconnexion entre la réalité du terrain, telle qu'elle existe dans le département du Gard, et ce qui est perçu de façon très lointaine à Toulouse. Depuis la loi NOTRe, on est passé d'une tutelle départementale à une tutelle régionale. Notre tutelle régionale, ça fait huit ans qu'on l'invite, elle n'est jamais venue sur place voir ce qu'il se passe. Une grande différence avec la préfecture du Gard qui est très présente. Mais malheureusement, elle n'est plus notre tutelle. Il ne se serait jamais passé tout ça. Il n'y aurait même rien eu si on était rattaché à une tutelle départementale.

Quel est le sujet principal de cette sanction ? C'est lié au nouveau siège de la CCI ?

La Maison de l’entreprise n’est pas seule la cause. C’est lié plus particulièrement à des process. Par exemple, sur des transferts exécutés par la commission des Finances. Mais la commission des finances, ce n’est pas moi, je n'ai pas le droit d’y siéger. Ils nous disent, on ne veut pas que vous comptabilisiez comme ci, on veut que vous comptabilisiez comme ça. Sur l'aérodrome de Deaux, le grief porte sur l’analyse des offres. On a fait 26 réunions, il y a des tableaux d'analyse, il y a des documents qu'on leur avait fournis. Pareil sur les assemblées générales. Ils nous reprochent que certains sujets n’ont pas été mis à l'ordre du jour. Alors que cela a bien été le cas… Au total, cinq griefs. Franchement, c'est une histoire de fou.

Quels sont les recours possibles pour votre défense ?

Demain mercredi, on va envoyer un dossier pour un recours gracieux. Avec des nouveaux éléments. Mais quelque chose m’échappe. Pour suspendre un président de Chambre de commerce, il faut un fait qui vienne juste de se passer, et qu'on ne puisse pas arrêter. Et entraînant un dysfonctionnement de la CCI. Or, notre chambre fonctionne très bien. C'est ce qu'ils ont convenu quand on les a rencontrés le 11 mars. Donc, ce n'est pas possible, à notre sens, de faire une suspension dans le cas présent. Maintenant, si notre recours n'aboutit pas, je serai en effet suspendu du 1er mai au 31 octobre. Six mois. C'est le premier vice-président qui prendra le relais.

Est-ce que vous pensez sérieusement que le préfet de Région aurait pu prendre cette forte sanction sans élément probant pour soutenir sa décision ?

Moi, je ne veux pas faire de complotisme... La première grille de lecture, c'est l'éloignement et la déconnexion de la réalité du Gard. Deuxièmement, aujourd'hui, j’ai le sentiment que l’on veut nous taper dessus et surtout taper sur les CCI qui ont des projets qui avancent. Après, moi, ce que je trouve grave, c’est la disproportion entre les faits reprochés et la décision prise. Au regard de la nature des faits, de leur ancienneté et l'absence de conséquences dommageables identifiées. C'est une vraie sévérité qui tranche avec le dialogue constant que nous avons toujours entretenu. Sans compter que cela nous laisse peu de temps pour réagir. Et les conséquences dommageables dans un contexte économique, dans le Gard, très difficile. Le président n'est pas seul, mais il y a un certain nombre de sujets stratégiques, de relations avec des interlocuteurs, des parties prenantes que je gère en direct. Donc cela signifie que tout va s'arrêter du jour au lendemain.

Vous avez réuni vos élus pour les informer de la situation ?

Oui bien sûr. Tous étaient présents en présentiel ou en visioconférence ce mardi soir. Il y a eu une unanimité pour un soutien et pour continuer le travail qu'on fait en faveur des entreprises sur le département.

Propos recueillis par Abdel Samari

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