Le Luech aura fait des misères aux ponts partagés de Génolhac et Chamborigaud. À moins que ce ne soit simplement, pour le pont de Rieu (dans le hameau de Pont de Rastel), l'usure du temps et des chaussures de randonnée qui arpentent le chemin de la Régordane toute l'année. Le 14 novembre dernier, alors que deux ponts manquaient toujours à l'appel entre les deux communes, le maire de Chamborigaud, Émile Corbier, prenait un arrêté interdisant le passage, sauf aux riverains, sur le pont de Rieu et dans la limite de trois tonnes. 

"En 2021, évoque le maire de Génolhac, Guy Chéron, à la crue du Luech qui a emporté le pont de Rastel, une première partie du pont avait été détruite. Il faut dire qu'il y avait 1,50 m d'eau à l'entrée du hameau." Une expertise de la Cerema permet "de constater des fissures". "C'est la calade qui rend le pont perméable, confirme le maire de Chamborigaud. Ce qui a créé de grosses fissures dans la voûte."

Ce pont, bien avant la construction à son emplacement actuel, en 1550, était situé plus à l'aval. "Mais il y avait été détruit deux fois, rembobine Guy Cheron. Déjà, à l'époque, il y avait beaucoup d'eau..." Aujourd'hui, il dessert un quartier de Chamborigaud où vit un résident permanent victime d'un AVC, il y a quelque temps, ce qui nécessite de garder absolument un accès à son domicile. "Et six ou sept maisons de résidents secondaires", poursuit Émile Corbier, qui signale que les maisons "sont toutes un peu surélevées" et ne sont pas soumises aux inondations. 

Entre deux ponts à peine refaits, l'espoir d'échapper à l'étude environnementale

Les travaux consisteraient dans la réfection de la calade, ainsi qu'en la pose d'un cerclage "de chaque côté des parois", précise Guy Cheron. Le tout pour un montant qui avoisinerait les 350 000 €, et même 380 000 € en cas d'étude environnementale supplémentaire. Mais les deux maires ont expressément demandé de passer outre l'étude envionnementale, alors que le pont de Rieu se situe entre deux ponts ayant récemment été refaits et qui ont bénéficié de cette même étude environnementale, à 240 mètres à vol d'oiseau (ou d'insecte vivant sur place...) du pont de Rastel (relire ici), et un peu moins de 800 mètres de celui des Châtaigniers... "J'en ai parlé au sous-préfet, je lui ai écrit, mais il ne m'a pas encore répondu", regrette Émile Corbier, qui a tout de même eu accès au directeur-adjoint de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) lors de l'inauguration du pont des Châtaigniers (relire ici). 

Restera, ensuite, à trouver les fonds, alors que les subsides de l'État sont en forte réduction et que la Région a annoncé ne plus étudier de nouveau dossier de subvention en 2025 (relire ici). Les deux maires tablent sur environ 30% de la dotation d'équilibre des territoires ruraux (DETR) et 25% via le contrat territorial du Département. Ils espèrent évidemment un fonds de concours de l'agglo d'Alès. Mais ne savent pas, encore, si le reste à payer ne sera pas trop important. En appréciant, de surcroît, que la participation de Génolhac aux travaux fait partie des bonnes relations - comme pour lors de la réfection du pont de Rastel - le pont de Rieu ne desservant pas la commune... 

Une fois restauré celui de Rieu, Chamborigaud devrait en avoir fini avec ses histoires de pont, même si le constat ne peut être que provisoire. Guy Cheron, lui, passera d'un pont à un autre. Celui qui permet d'aller à ses 40 habitants de se rendre au hameau de Mallenches, sur la commune de Sénéchas, et à vingt autres de rejoindre leur quartier de Génolhac, ou la station d'épuration, donne des signes évidents de fatigue. Montant des travaux, hors subvention : 130 000 €. Puis, ce sera celui du camping. Ou encore celui de l'usine à tanin, partagé avec la commune lozérienne de Vialas. "Ils sont tous à reprendre", constate le maire, résigné.