ÉDITORIAL Perrier : le préfet en eaux troubles ?

On préfère ne pas être à sa place ce matin...
Une décision si difficile. Jérôme Bonet, le préfet du Gard va devoir trancher sur l'avenir de Perrier. Et soyons parfaitement honnête : on préfère ne pas être à sa place ce matin. Car entre pression politique, économique, et la réalité sanitaire, est-ce que le représentant local de l'État a véritablement le choix ? Les révélations journalistiques et, dans l'intervalle, les travaux de la commission sénatoriale sont venues préciser une situation bien complexe. Oui, il y a des emplois à préserver. Près de 1 000 salariés. Bien entendu que l'entreprise historiquement implantée dans le Gard rayonne économiquement bien largement au-delà de ses puits. Certainement que le groupe Nestlé qui a réalisé ces dernières années des investissements lourds au sein de l'usine de Vergèze veut éviter le pire. Mais l'on navigue déjà depuis trop longtemps en eaux troubles. Comment imaginer alors que l'autorisation d'exploitation de la source puisse être délivrée comme cela ? D'autant qu'à la fois, les premières conclusions du rapporteur du Sénat sont sans appel. Comme l'ARS Occitanie. Selon eux, il n'est plus possible d'autoriser la production d’eau minérale naturelle à Vergèze, et ce, pour l’ensemble des forages exploités. Il existe pour autant peut-être un autre chemin. Qui permettrait une transition en douceur sans engager d'un seul coup tous les risques. Permettre le renfort systématique des contrôles sur site afin d'évaluer les possibles indicateurs de contamination bactériologique. Aux frais de Perrier. Alourdir les conséquences administratives et même financières en cas de manquement ou défaut d'informations comme semble l'indiquer le dernier épisode en date. Enfin, établir un cap sur cinq ou dix ans avec le groupe propriétaire de la marque Perrier dans le but d'envisager une transition économique et écologique. Car à la fin, ce n'est ni pour satisfaire les médias. Ni le monde politique que le préfet du Gard doit décider. Sa seule boussole : ne pas faire l'impasse sur la santé publique Tout en mesurant la réalité des risques.