EXPRESSO Banque alimentaire : la ville de Nîmes ne fait pas dans le social
Dans le cadre des travaux du Marché gare, la Banque alimentaire est contrainte de déménager. Elle a candidaté auprès de la ville de Nîmes pour acquérir un hangar, situé au Mas des abeilles. Une proposition jugée trop faible pour la Mairie qui, selon nos sources, souhaiterait le vendre au plus offrant !
Depuis des mois, la Banque alimentaire est une patate chaude que se refile la ville de Nîmes et l’Agglo. À ceci près que l’association caritative, il est bien de le rappeler, livre 10 000 repas par jour et compte pas moins de 32 000 bénéficiaires. Installée sur la zone d’activité du Marché gare, l’association doit réaliser 600 000 € de travaux si elle souhaite rester sur le site. Problème : elle n’a pas l'argent. Du coup, le président Joseph Pronesti et ses équipes cherchent un nouveau point de chute.
Le hasard faisant bien les choses, la ville de Nîmes a mis en vente, en mai dernier, un local de stockage au Mas des abeilles. Cet hangar serait idéal pour accueillir les denrées de la Banque alimentaire. La ville a mis son bien en vente via un appel à projets. En clair : chaque candidat doit faire une proposition au-dessus du prix plancher axé à 800 000 €. Joseph Pronesti, lui, a fait une proposition à 800 000 €.
Un déménagement en or offert par l'Agglo
À Nîmes métropole - l'intercommunalité qui pilote la réhabilitation du Marché gare - on applaudit des deux mains. Son président Les Républicains, Franck Proust, est même prêt à leur offrir un déménagement en or. Selon nos sources, l’Agglo se propose d’acheter les locaux actuels 15 % plus cher que le prix de France domaines, soit 293 000€. Elle verserait une indemnité de réemploi à 30 000€ et prévoirait même une indemnité de déménagement de 150 000 €. « On ne fait pas ça pour tout le monde ! », commente-t-on du côté du Colisée.
Le plan pourrait marcher à merveille si la Ville donnait son accord... Or, c’est loin d’être le cas. Toujours selon nos informations, il semblerait que la Mairie de Nîmes ait reçu une offre « deux à trois fois supérieure » à celle de la Banque alimentaire pour l’achat du hangar du Mas des abeilles. Certains grincent des dents : « La Ville veut faire de l’argent sur le dos du social ? » Absente le 8 juillet lors d’une réunion en préfecture, la ville de Nîmes n’a, hélas, pas pu s’exprimer sur le dossier. De quoi laisser les mauvaises langues s'interroger : « La ville fuit-elle la banque alimentaire ? »
Le directeur général des services a besoin d’argent !
Au Colisée et ailleurs, certains pensent que le maire « Jean-Paul Fournier n’est peut-être pas au courant du dossier ». Le problème ne serait pas politique mais plutôt comptable : « Le directeur général des services de la ville de Nîmes, Christophe Madalle, a besoin d’argent avec la hausse de certaines dépenses de la Ville liée à l’inflation ou à la hausse des salaires des fonctionnaires. Il ne vendra jamais au-dessous, même à la Banque alimentaire ! On nous dit d'ailleurs qu'il ne vendra pas au-dessous de 2 M€ ! » Un budget à des siècles lumières de celui de l'association caritative...
Vrai ou faux ? En tous cas à l’hôtel de la rue Dorée, siège de la mairie, un élu voit dans ce dossier la résurgence d'animosités politiques : « Christophe Madalle continue de faire payer à Franck Proust, le fait qu’il ne l’ait pas nommé DGS de l’Agglo alors qu'il le lui avait promis. » Au milieu de ces chicayas, une seule vraie question : que fait-on de la Banque alimentaire ? Lors du Forum des associations, l’Agglo aurait laisser entendre que de toute façon, le projet de rénovation de Marché gare a encore deux ou trois ans devant lui. Le temps, on l'espère, pour tout ce petit monde de se mettre d’accord.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com