FAIT DU JOUR À Nîmes, comment changer l’image du Mas de Mingue ?
Inauguré hier, dans le populaire quartier du Mas de Mingue, le collège Ada-Lovelace veut conjuguer mixité sociale et réussite. Le défi de tout un quartier.
Changer l’image d’un collège et même de tout un quartier. C’est la difficile mission que s’est fixé le Département et ses partenaires (ville de Nîmes, rectorat, enseignants…). En 2015, après les élections départementales, le projet de reconstruction du collège Jules-Vallès est remis sur la table. Trop vieille, plus adaptée, la bâtisse des années 70 n’encourage pas vraiment l’apprentissage.
Implanté à l'est de Nîmes, sa mauvaise réputation lui colle à la brique… Le collège est fuit par les familles plutôt aisées de Courbessac et de Poulx. S’ils ne partent pas forcément dans le privé, les parents s’arrangent pour que leurs enfants obtiennent des dérogations. « La stratégie de l’évitement », déplore Laurent Noé, directeur académique des services de l'Éducation nationale du Gard.
24,5 M€ sur la table
Pour en finir avec cette situation, le Département - en charge de la gestion des collèges - contacte le cabinet A+ Architecture qui ressort ses plans du placard. La reconstruction du collège est un vieux serpent de mer qui court depuis des décennies. À la manœuvre, les architectes Bonon et Gal travaillent sur l’esthétique de la nouvelle bâtisse, reconstruite à quelques mètres de l’ancien.
D’une superficie de 4 674 m2 (sur un terrain de 18 000), le bâtiment regroupe tous les locaux nécessaires à l’enseignement : terrains omnisports avec vestiaires, cantine de 200 places ou parking pour le personnel de 60 places. L’établissement attire également l’œil. Sa façade en pierres originaires de Vers ne laisse personne indiffèrent.
L’utilisation de matériaux locaux est un atout brandi par ses concepteurs. À énergie positive, le bâtiment se veut ancré dans l’avenir. Il détient les labels Bâtiments durables en Occitanie et NoWatt qui lui ont permis de décrocher une subvention régionale de 1,946 M€.
Des élèves impliqués
Pour favoriser la mixité, des locaux neufs ne suffisent pas. L’autre plus de ce collège, c’est l’implication des élèves dans sa reconstruction. « C’est eux qui ont composé les musiques de la sonnerie ou du répondeur du collège, indique le principal, Frédéric Ollier. Ça permet d'accroître leur sentiment d’appropriation de l’établissement. »
L’implication se traduit aussi dans les arts numériques avec la mise en place du dispositif « 1% artistique. » Les élèves ont intégré le jury qui a choisi l’œuvre L’arbre à émotions du franco-colombien, Diego Ortiz. Installé dans le hall, il s’agit d’un écran à LED où l’on peut voir l'arbre réagir en temps réel aux émotions des élèves, grâce à un système de reconnaissance faciale.
Stop aux dérogations
L’Éducation nationale a apporté sa pierre à l'édifice en étant plus sévère sur « le respect de la sectorisation », relève Laurent Noé. D'ailleurs, le village de Poulx a été actif : « Nous avons organisé plusieurs réunions. Aujourd'hui, le regard a changé : 36 élèves de CM2 sur les 50 ont intégré Ada-Lovelace », se réjouit le maire, Patrice Quittard.
Ce nouveau collège participe au projet de rénovation du Mas de Mingue. Après les nouveaux logements du Mas de Teste, la ville de Nîmes inaugurera, en février, le pôle éducatif Jean-d’Ormesson. « On donne de l’espoir aux gens », commente Laurent Burgoa, adjoint à la ville de Nîmes et conseiller départemental d’opposition.
De l’espoir pour que demain « on ne dise plus que l’on vient du quartier de Pissevin, du Chemin-Bas ou du Mas de Mingue, mais bien de Nîmes et rien que de Nîmes ! », conclut le président du Département, Denis Bouad, sous une salve d’applaudissements.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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Qui est Ada Lovelace ? Née en 1815, cette mathématicienne anglaise est une pionnière de la science informatique. Elle est connue pour avoir conçu le tout premier programme informatique en travaillant sur la machine de Charles Babbage, ancêtre de l’ordinateur. « Dans le Gard, sur les 53 collèges seulement 18 portent des noms de femmes », a relevé le principal du collège, Frédéric Ollier.