FAIT DU JOUR Agriculteurs et Parc national des Cévennes tentent de mettre leurs incompréhensions à plat

La réunion entre PNC et agriculteurs avait lieu à L'Espérou
- François DesmeuresDirecteur et référents agriculture du Parc national des Cévennes (PNC) font actuellement le tour de leur territoire à la rencontre des agriculteurs, afin d'élaguer les éventuels différends, mésententes ou francs désaccords. Pour apprendre à ne pas se regarder en chien de faïence, comme l'a souhaité le directeur du Parc, Vincent Cligniez. Ce dernier a aussi pris note d'améliorations possibles dans la forme de la communication des agents du PNC envers les exploitants, pour qui les normes touchent parfois à l'absurde.
L'ouverture et la clôture de la réunion, ce jeudi après-midi à L'Espérou, entre responsables du Parc national des Cévennes (PNC) et agriculteurs illustraient à elles seules un certain manque de lien entre les acteurs présents. En préambule, la présidente des Groupements pastoraux du Gard et de la Lozère, Christine Gros, a ainsi regretté que la réunion se tienne à l'heure la plus handicapante pour les éleveurs - ultra majoritaires parmi la quinzaine de professionnels présents - en plein après-midi. La matinée aurait mieux convenu, l'éleveur et responsable d'estive, Éric Martin, ajoutant par la suite : "Après, de midi à minuit, on est berger".
Il s'agissait, donc, de "faire un point lors d'une rencontre ouverte, a entamé Vincent Cligniez, d'un temps d'écoute, sans sujet tabou (...) pour avancer". Le tour de table a permis de constater qu'en dehors d'un castanéiculteur d'Aumessas, les agriculteurs du massif de l'Aigoual et alentour étaient exlcusivement des éleveurs, dont un seul caprin au milieu d'éleveurs ovins. Avec des problématiques communes, dont la prédation du loup, l'écobuage et l'entretien d'un chemin communal en coeur de parc.
"On demande que l'État prenne la responsabilité des chiens de troupeau"
Pierrick Garmath, éleveur à Val d'Aigoual et président du syndicat ovin du Gard
"Le PNC a vu, dans les six dernières années, l'installation de meutes de loup, valide Vincent Cligniez. Aujourd'hui, très modestement, on sait qu'il y en a au moins deux." Le directeur du parc laisse entendre que l'estimation serait sans doute sous-évaluée mais reste sur les chiffres connus. Président du syndicat ovin du Gard et éleveur à Val d'Aigoual, Pierrick Garmath se plaint du manque "de transparence entre les agents qui relèvent la présence et les éleveurs. Si on connaît le passage d'un loup six mois après, ça ne sert à rien." Et Pierrick Garmath prend l'exemple d'une observation, le 22 février à Dourbies, qui n'a pas encore été communiquée. "Et pourquoi pas une boucle Whatsapp, ou autre ?", sugère Bernard Grellier, élu de Val d'Aigoual.
La gestion des chiens de troupeau - obligatoires pour les éléveurs afin de lutter contre le loup mais aussi être dédommagé en cas d'attaque - est un problème lié au loup. "On y passe du temps, de l'argent et des soucis", résume Benjamin Peyre, éléveur à Arrigas et président d'estive. "On demande que l'État prenne la responsabilité de ces chiens, poursuit le président du syndicat ovin. S'il n'y avait pas de loup, il n'y aurait pas de chien de troupeau."
Une responsabilité de plus en plus engagée envers ceux qui arpentent la nature, à pieds ou à vélo, et qui n'ont pas forcément les bons réflexes face aux molosses peu accueillants. "J'ai assisté à une réunion du parc à l'estive de l'Aubaret, enchaîne Christine Gros. On nous a dit qu'il allait falloir augmenter le nombre de chiens face au loup. On ne veut pas gérer des meutes de chien dans notre territoire. On a déjà vu un procès, dans les Alpes, pour un patou qui avait mangé une marmotte !"
Après des inquiétudes émises sur une population de sanglier en hausse, notamment de la part du castanéiculteur, la question des normes à respecter en coeur de parc est mise sur la table à travers l'estive d'Éric Martin, sur la commune de Val d'Aigoual, dont la bergerie s'est partiellement écroulée en 2024 (relire ici). "On nous oblige à doubler la charpente, par rapport à ce qui existait, pour mettre comme sur le causse, des lauzes au lieu des ardoises." Vincent Cligniez s'étonne de l'impossibilité de reconstruire à l'existant, prend note et redoute que l'aide ne vienne pas pour cette transformation, "ce n'est pas dans l'air du temps d'avoir des crédits en plus..."
Autre sujet, pour lequel le maire de Val d'Aigoual, Joël Gauthier, avait même fait le déplacement, lui qui se remet doucement d'un grave souci de santé : le chemin communal de l'esstive de ce même Éric Martin qui, faute de curage du fossé attenant, se remplit d'eau, l'éleveur ayant même constaté du piétin sur les onglons de ses bêtes. Mais, impossible de curer le fossé en raison de la présence de drosera, plante carnivorie protégée. "Le chemin est pourri, on è vit six mois de l'année. J'ai mal reçu l'agente du PNC, et je m'en excuse, mais parce que mes bêtes avaient du piétin !" Pierrick Garmath s'exaspère : "Deux ou trois ans pour un fossé qui doit faire trente mètres de long !" Quand Marc Delpuech, éleveur à Sumène, appuie : "Si Éric demande ça, ce n'est pas pour emmerder le parc !"
"C'est un problème purement administratif, se désole Vincent Cligniez. Il faut que je le règle avec la DDTM en matière de loi sur l'eau. Et en fonction des départements, ils ne sont pas d'accord. Mais il faut revenir à l'esprit de la loi plutôt qu'au décret qui la réglemente." "Oui mais chaque jour, reprend Éric Martin, il y en a un qui se lève et invente une règle".
"Ça coûte moins cher d'écobuer en hiver que d'envoyer des Canadair l'été"
Éric Martin, éleveur à Val d'Aigoual et responsable de l'estive la Barraque neuve
L'écobuage a, ensuite, occupé un bon tiers de la réunion. Avec le constat, évident, que ce qui est indispensable à l'élevage en Cévennes devient méconnu d'une part de la population, c'est-à-dire la nécessité de brûler les herbes sèches des collines en hiver pour garantir aux bêtes de quoi se nourrir en été. Marc Delpuech raconte le procès verbal qui lui a été dressé de la part d'un agent du PNC, "entre Noël et le Jour de l'An", après quatre jours d'écobuage dans des conditions idéales. Un PV dressé après reproches sur la surface brûlée ou sur l'absence des pompiers...
"Quand j'étais petit, ça brûlait toutes les nuits à Valleraugue", se souvient Pierrick Garmath. "Et puis, enchaîne Éric Martin, ça coûte moins cher d'écobuer en hiver que d'envoyer des Canadair l'été". Vincent Cligniez en convient, "il faut que le PNC communique, en interne et en externe, sur les vertus de l'écobuage". L'éleveur caprin de Valleraugue résume alors le sentiment, en lien avec l'histoire de Marc Delpuech : "Il y a 15 ans, on ne faisait pas de goutte en voyant un uniforme du Parc". "Il faut effectivement sortir de ce paradigme", a appuyé Vincent Cligniez, critique aussi sur la façon dont certains agents du PNC pouvaient entretenir une méfiance sur les pratiques des éleveurs.
Puis, Vincent Cligniez émit un dernier regret, de ne pas avoir eu le temps d'évoquer le sujet du logement d'éventuels agriculteurs en installation. Avant un dernier signe de méconnaissance, en écho à celui qui avait ouvert la réunion. Une éleveuse de Colognac raconte avoir suivi une formation aux mesures agro-environnementales compensatoires (MAEC), avec le PNC. "J'ai cru à une provocation, poursuit-elle : on nous a servi un repas végétarien, alors qu'il n'y avait que des éleveurs..." Christine Gros dit avoir vécu la même chose. En réponse, Vincent Cligniez plaide la maladresse des équipes, avant d'ajouter, en guise de conclusion apaisée : "La perception est importante. Si on se perçoit mal, on ne se comprend pas."
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