FAIT DU JOUR Audrey Arlabosse : la chauffeuse nîmoise du Tour de France
Chauffeuse dans la caravane pour Leclerc, elle repart pour un quatrième Tour de France ce samedi
« Mes parents aimaient faire plusieurs heures de route pour aller voir la caravane ». Cet esprit de fête et de convivialité si particulier que réserve le Tour de France, Audrey Arlabosse l’a côtoyé tôt dans sa jeunesse. La Nîmoise, qui a grandi à Codognan, a été initiée jeune à ce folklore de la caravane qui a marqué bon nombre d’enfants. Après avoir fait ses études de commerce à Montpellier, la Gardoise postule en 2021 pour intégrer la caravane d’un événement sportif à résonance mondiale diffusée dans 190 pays pour 150 millions de téléspectateurs rien qu’en Europe.
« Le temps de négocier ma rupture conventionnelle, j’ai fait ma demande au dernier moment. Juste avant le début du Tour, une personne s’est désistée et j’ai été prise. Finalement, c’est une histoire d’amour qui dure depuis trois ans », raconte l’intéressée, passionnée par la Grande boucle et les voyages. Le job lui colle à la peau et elle intègre à l’été 2021 la caravane Leclerc en tant qu’hôtesse. Clin d’œil du destin, la 12e étape arrive à Nîmes et le peloton repart devant les arènes le lendemain. « C’était plein d’émotions et un bonheur sans nom d’arriver dans ma ville natale devant ma famille. »
Danse et tresses africaines
Dès l’édition suivante, Audrey a envie de prendre le volant et souhaite devenir chauffeuse. « Ça a été une demande de ma part car je suis très à l’aise en conduite et j’adore ça. D’autant plus qu’il y a beaucoup de demandes pour être hôtesse et moins pour la partie chauffeur donc cela convenait aussi à l’équipe Leclerc », explique la trentenaire. L’enseigne de supermarché, partenaire historique du Tour associé au maillot à pois de meilleur grimpeur, est la marque la plus représentée dans la caravane avec 11 véhicules.
Si les chauffeuses restent en minorité, elles sont néanmoins de plus en plus présentes sur la caravane. Trois éditions déjà bouclées, une quatrième qui débute aujourd’hui, Audrey apprécie l’ambiance et la bienveillance qui règnent entre les caravaniers. « C’est une sorte de famille. Pour certains, on se retrouve chaque année. Chaque matin sur le parking tout le monde danse pour se mettre dans une bonne énergie ». La Nîmoise contribue largement à cette bonne humeur en faisant des tresses africaines à ses camarades.
"Les gens ont aidé à pousser les voitures"
Une bonne ambiance et surtout une énorme concentration sur la route. Car il faut avant tout assurer la sécurité des hôtesses et du public au bord de la route. Même si elle parvient à profiter de ces moments uniques, la foule rassemblée peut être source de frayeurs notamment en montagne où les voies sont étroites. « Lors de la montée de l’Alpe d’Huez en 2022, il y avait énormément de monde, on voyait même plus la route. Tous les passages en col, ce sont des ambiances incroyables et des souvenirs impérissables », garde en mémoire Audrey.
Des souvenirs et des anecdotes gravés à jamais : « Une fois sur une côte très abrupte, les voitures peinaient à monter notamment les 4L de Cochonou, alors les gens ont aidé à pousser les voitures. » Quasiment un mois à sillonner les routes de France. Pour tenir le rythme, la Nîmoise fait attention à son hygiène de vie et surveille son alimentation ainsi que son sommeil. « On est obligé de s’imposer certaines limites. Avant le début du Tour, je ne prévois rien et je fais une activité physique sportive pour arriver en bonne forme. Surtout en tant que chauffeuse, on n’a pas le droit à l’erreur », confie-t-elle.
"Une dédicace au micro à mes proches"
Au mois six heures de sommeil par nuit et aller courir deux fois par semaine, voilà ce que s’impose Audrey durant la Grande boucle. De longues heures au volant tous les jours, même si elle peut compter sur des relais durant les transferts vers l’étape du lendemain. Une fois sur le lieu d'arrivée entre 15 heures et 17 heures, la journée n’est pas finie. Il faut démonter les véhicules car ils ne sont pas immatriculés et ne peuvent donc pas prendre la route. Puis une fois à l’hôtel, il faut recharger les goodies pour le lendemain.
Une expérience éprouvante mais tellement enrichissante pour cette auto-entrepreneuse dans l’événementiel. À nouveau cet été, elle aura l’occasion de revenir sur ses terres lors de la 16e étape, le 16 juillet, qui verra le Tour s’arrêter à Nîmes. « Je ferai passer le message à l’animateur de faire une dédicace au micro à mes proches », a-t-elle déjà prévu.
Concernant cette aventure, elle ne s’est pas encore posée la question de savoir si elle souhaite s’y inscrire sur le long terme : « Je profite de chaque tour que je peux faire. » En revanche, elle sait le lieu où elle aimerait passer au volant de la caravane : « Le Viaduc de Millau, ça me plairait beaucoup. C’est un monument impressionnant. » Un souhait qui se réalisera peut-être avec, d’ici là, d’autres moments inoubliables à raconter.
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