Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 12.03.2020 - anthony-maurin - 4 min  - vu 1037 fois

FAIT DU JOUR Colleurs d'affiche et d'identité politique

À l'oeuvre, les colleurs de la liste Nîmes citoyenne à gauche (Photo DR).

Le local de campagne situé au 2 de la rue Racine (Photo Anthony Maurin)

Campagne des municipales oblige, les colleurs d'affiche sont actifs à quelques heures du scrutin. Des communistes aux frontistes, Nîmes affiche toutes les voix des tendances politiques.

" Je me rappelle, dans les années 1960, nous collions les affiches du Parti communiste français et nous nous battions, littéralement, avec les colleurs des autres partis pour avoir les meilleures places. C'était stratégique mais nous voulions en découdre avant tout car nous opposions plus que nos simples idées, nos visions du monde étaient totalement différentes ", avoue René, un militant de la vieille école.

Oui, les affiches et leur positionnement ont certainement fait gagner quelques candidats mais aujourd'hui, le virtuel remplace peu à peu les collages à la sauvette sur le domaine public, voire privé. Actuellement, le papier est en train de connaître une crise, pas seulement dans la presse. " Ça va plus loin que ça ! Ça coûte cher donc il faut essayer de rentabiliser les impressions grands formats ", lâche un soutien d'une liste nîmoise qui n'est pas sûre de rentrer dans ses frais.

Ici, le contre-exemple du collage d'affiche ! (Photo Anthony Maurin).

Les affiches, c'est aussi affirmer la possession d'un territoire, d'un quartier. " On colle parfois sur d'autres candidats pour leur faire comprendre qu'on est ici chez nous ! ", avoue un colleur discret mais qui affirme empéguer une dizaine de têtes par soirée.

Faire progresser la notoriété de la liste

En soirée, car c'est la nuit que les colleurs agissaient. Les interdictions pleuvent mais l'État laisse couler. Les temps changent... " Tout se passe bien pour nous ! Nous en sommes à plus d'un millier d'affiches collées et nous faisons tout de jour et sur les espaces d'expression dédiés à cet effet. Bon, on ne dit pas que quand un bel endroit est libre nous n'y affichons pas notre liste mais cela reste mineur... ", avoue Thomas Santucci colleur d'affiche qui officie pour la liste Nîmes citoyenne à Gauche.

Sur un panneau dédié à cet effet, un colleur nîmois (Photo DR).

Mais quel est le rôle, aujourd'hui, de ces affiches et des colleurs qui vont avec ? " La notoriété de la liste ! Ça a un rôle fondamental à plus d'un titre. Nous structurons l'espace public qui est aseptisé et lisse. Je trouve intéressant de voir ce qui se passe dans le monde mais surtout ce que les acteurs locaux peuvent faire, c'est une ambiance ", poursuit le colleur pas si fou que ça.

Ici, l'exemple parfait, dans les règles de l'art, sur un panneau d'expression libre (Photo Anthony Maurin).

Ok, colleur d'affiche n'est pas un métier sauf si vous travaillez dans la publicité mais comment en arrive-t-on à faire campagne pour un candidat ? " Je suis venu au collage par le biais du syndicalisme. C'est une tradition mais je n'ai aucune carte politique. Si je colle pour cette liste, c'est parce qu'elle m'intéresse mais je ne figure pas dessus volontairement. Je me réjouis de donner un coup de main car nous faisons aussi de la politique en collant ", assure le Nîmois.

Un petit manège bien rodé

Et les autres ? Les autres partis, les autres colleurs ? Comment se passent les relations avec eux ? Pour Thomas Santucci, " tout le monde est différent. Certains sont payés. Ils viennent et inondent un temps la ville avec de gros placards bien collés puis on ne les revoit plus. D'autres sont organisés différemment. Nous, nous fonctionnons par secteur. Nous essayons de faire trois ou quatre sorties par semaine et en binôme même si je n'ai jamais eu de problème. Si on se fait arracher ou recouvrir nos affiches, on recolle dessus. On n'arrache que quand c'est nécessaire mais ce n'est pas le but de notre démarche. "

Ici, on joue sur tous les tableaux, l'attente au feu rouge, non loin des travaux (Photo Anthony Maurin).

Il se dit, et on le constate si on y prête garde, que le Rassemblement national n'arrache plus la propagande de la Gauche, qu'il colle plus tôt et moins que par le passé. Les militants de celle menée par Daniel Richard sont parfois plus audacieux. Eh oui, la concurrence à Gauche fait rage ! Les réseaux sociaux aident pour savoir s'ils doivent et peuvent coller. Chaque liste constate des choses rigolotes et des arrachages un peu haineux !

Coller ses valeurs

Et le côté peu écologiste de la démarche ? En réalité, on colle moins qu'avant et les forêts ne sont pas menacées par ces affiches électorales. " C'est important de le dire car beaucoup de gens nous disent que ce n'est pas écolo. Oui j'assume ces quelques papiers collés car ils ont une vocation citoyenne. C'est de l'expression politique donc c'est la dernière chose à interdire ! Le capitalisme aseptise nos vies. Nul n'est parfait et c'est ce qu'il veut faire croire aux gens mais nous essayons d'être le plus propre possible. Depuis 15 ans, l'affichage à Nîmes a chuté. C'est triste et mauvais pour la démocratie... De plus, il ne faut pas confondre propreté et écologie ! " brosse Thomas Santucci.

Avec une campagne démarrée tardivement mais au fil de laquelle la liste a pu s'exprimer, Nîmes citoyenne a Gauche a travaillé intensément pour figurer un peu partout en ville sur les panneaux d'informations ou à divers endroits stratégiques. " Notre liste est citoyenne, c'est pour ça que je colle. Elle a tenté le rassemblement à Gauche mais c'est la seule liste de Gauche à Nîmes pour ces municipales. Ce qui m'importe maintenant, c'est d'agir pour les valeurs auxquelles je crois ", conclut le colleur nîmois.

Anthony Maurin

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