FAIT DU JOUR Delga /Reynié : dernier ring avant le second tour des Régionales
Avant de se bousculer dans les isoloirs, ce dimanche pour le second tour des Régionales, Objectif Gard a réalisé une interview croisée de Carole Delga (PS-PRG-Front de gauche-EELV) et de Dominique Reynié (Les Républicains-UDI)*. Développement économique, formation professionnelle ou encore gestion des lycées… Découvrez leurs propositions pour la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.
Objectifgard : Imaginez, vous êtes élu(e) président(e) de la Région dimanche. Quelle serait votre première mesure ?
Dominique Reynié : C'est une mesure qui me concerne directement. Si je suis élu, je m'engage à démissionner de mon métier de professeur des universités à Sciences Po et de mes fonctions à la fondation pour l'innovation politique.
Carole Delga : Moi, je réunirai l'ensemble des acteurs économiques pour lancer un plan Marshall en faveur du bâtiment et des travaux publics. Il y a urgence. Il faut que l'investissement régional puisse relancer ce secteur et créer de l'emploi.
Citez pour chacune de ces compétences de la Région, une de vos propositions. Commençons par le développement économique ?
DR : Nous souhaitons aider les ménages à accéder à la propriété et par conséquent, aider le secteur du bâtiment. Ainsi, nous proposons d'attribuer à 10 000 ménages éligibles au prêt à taux zéro une prime de 10 000 €. Cela représenterait un fonds de 100 millions voué à être multiplié avec les contributions des autres partenaires financiers comme les banques. Par ailleurs, je tiens à vous faire remarquer que je suis le seul à avoir chiffré les mesures. Le budget de la grande région est de 2,5 milliards dont 1,1 dédié à l'investissement. Sur cette somme, 450 M ont déjà été engagés par l'équipe sortante. Il reste donc 650 M de crédits disponibles chaque année pour réaliser de nouvelles actions.
CD : Si je devais ne retenir qu'une seule proposition ce serait l'aide aux entreprises. D'abord les petites entreprises : nous devons émettre davantage de petits lots et favoriser les avances forfaitaires. Nous souhaitons créer à Montpellier et Toulouse la Cité des start'up pour promouvoir l'innovation. Il s'agit d'une sorte de campus avec des espaces de coworking et des incubateurs d'entreprises. Dans les territoires ruraux, nous soutiendrons financièrement ce type d'initiative.
En matière de formation professionnelle ?
DR : L'apprentissage est l'une des clefs pour combattre le chômage. Nous voulons augmenter le nombre d'apprentis de 30 000 à 50 000. Pour ce faire, nous devons développer des formations en cohérence avec les besoins des bassins d'activités de la région et en lien avec les acteurs économiques. Par ailleurs, nous souhaitons que les apprentis fassent l'objet d'un suivi pédagogique et social, ce qui permettrait de faire tomber le taux d'abandon des formations de 30 à 8%.
CD : Nous aiderons à la mise en en place du dispositif Garantie Jeune Emploi, destiné aux salariés en reconversion, aux jeunes sans formation ou aux chômeurs. Cela permettra aux jeunes d'avoir une formation diplômante. Chaque année dans la Région, 8 000 jeunes sortent du système scolaire sans formation.
Concernant les lycées ?
DR : Etalée sur 15 ans, nous voulons construire une dizaine de lycées, équipés numériquement. D'ailleurs, vous savez que je ne suis pas favorable à LoRdi (ordinateur offert pour les élèves de seconde). Par ailleurs, nous développerons un programme de vidéoprotection dans les lycées pour lutter contre le trafic de stupéfiants.
CD : LoRdi pour tous les lycéens et apprentis sera étendu sur l'ensemble de la région. Cela représente 60 000 ordinateurs, soit un coût de 22 millions d'euros. Nous souhaitons promouvoir une éducation du XXIème siècle, cela passe par une coopération resserrée avec l'Éducation nationale pour la mise en place de supports pédagogiques.
Concernant les subventions aux associations ?
DR : Les subventions aux associations sont nécessaires, notamment pour développer le lien social et préserver le patrimoine. Mais elles doivent être justifiées, évolutives et transparentes. Avant d'attribuer ces crédits, nous regarderons si les actions correspondent à l'intérêt régional et si les associations qui les portent ne consomment pas tout leur budget en salaire. Enfin, une évaluation sera faite chaque année et nous nous engageons à faire la publicité de ces subventions sur notre site Internet pour plus de transparence.
CD : Je maintiendrai le budget alloué aux associations, contrairement à mon adversaire. J'organiserai également une grande conférence de la vie associative, avec les structures sportives et culturelles, pour débattre. Les associations sont très importantes pour le lien social que ce soit dans les villes ou dans les villages.
Enfin, le FN est arrivé en tête au premier tour. Comment expliquez-vous ce résultat ?
DR : Je pense qu'il y a trois raisons. D'abord les attentats du 13 novembre expliquent une bonne partie des résultats de FN. C'est un vote en réaction de ce drame. Ensuite, il y a une partie de ce vote qui est contestataire : les gens sont déçus des responsables politiques de gauche comme de droite. Enfin, il y a des gens qui veulent réellement que le Front National arrive au pouvoir.
CD : C'est un vote d'inquiétude. Moi je veux rassurer les gens. Le seul programme du FN est le repli sur soi, comme la sortie de l'euro. Quand on sait que les richesses de la Région sont liées notamment aux exportations... Moi, je suis la seule en capacité à rassembler, à protéger et à faire partager la Région.
*Sollicité à de nombreuses reprises, le candidat Front National a refusé de nous répondre, invoquant un manque de temps.