FAIT DU JOUR Eau adoucie collective : Codognan s'équipe d’une usine de décarbonatation
Depuis la fin du mois de novembre 2023, l'eau potable adoucie est disponible directement au robinet des habitants de Mus, Vergèze et Codognan et grâce à la récente mise en service d'une usine de décarbonatation sur le territoire de la dernière nommée.
C’est le SIVOM (Syndicat intercommunal à vocation multiple) du Moyen Rhôny qui a initié le projet par la construction d’une usine de décarbonatation de l'eau développée par Suez et inaugurée ce mois de décembre au Grand noyer, à Codognan. Un investissement à hauteur de 2 772 833 € H.T., financé par le contrat de concession, l’usager sur sa facture à hauteur de 6 euros, et une participation financière du SIVOM.
Comme une huître géante
Le principe de l'unité est simple, abaisser de 48% la concentration de calcaire dans l'eau destinée à un usage domestique, que ce soit en cuisine ou dans la salle de bain. À la façon des huîtres, l’eau pompée dans les sols monte le long d’une tour avant d'être filtrée. Par injection de soude, les particules de calcaire sont attirées vers des microbilles. Ainsi, 19 kilos de tartre sont extraits chaque année de 120 mètres cubes d’eau, un volume qui correspond à la consommation annuelle moyenne d’un ménage.
Combattre le tartre
En France, à part les départements du centre ou la Bretagne, l'eau qui alimente les habitations est souvent riche en calcium et en magnésium. Dans le Gard, les ressources en eau qui alimentent le territoire sont très riches en calcium. Si le calcaire semble n’avoir aucun impact sur la santé au quotidien, il détériore les canalisations et les équipements sanitaires dont il entartre les résistances.
Le phénomène entraînerait un vieillissement prématuré des appareils électroménagers, comme les chaudières et les chauffe-eaux, les cumulus, ainsi qu'une surconsommation énergétique, des dépôts de tartre sur la robinetterie et donc la surutilisation de produits nettoyants... Sans oublier le dessèchement de la peau !
Le calcaire ça coûte cher
Ainsi l’eau des robinets gardois est considérée comme "calcaire" à "très calcaire". Celui-ci est agressif sur la peau (irritation et assèchement), s’agrège dans les canalisations, ce qui favorise notamment l'entartrage du matériel électroménager. L’eau "dure" atténue les propriétés détergentes des lessives et des savons. Selon Maison & Travaux du 5 avril 2023, un dépôt de tartre de 1 millimètre seulement sur une résistance (bouilloire, machine à café, lave-linge, lave-vaisselle...) suffit à entraîner un gaspillage pouvant aller jusqu'à 16 % d'énergie. Il n'est donc pas surprenant qu'au fil du temps, ces dépôts de calcaire engendrent une consommation d'énergie plus importante, mais aussi des pannes d'équipements parfois coûteuses qui alourdissent véritablement la facture.
6 euros sur la facture
La facture, parlons-en ! Acquérir un adoucisseur d'eau personnel demande un budget d'environ 2 000 euros, auxquels s'ajoutent des dépenses annuelles de fonctionnement d'environ 100 euros (sel et maintenance). La société de distribution d’eau potable Suez annonce un supplément de 6 euros par mois en plus par rapport à une facture de 2021, sur une facture annuelle de 120 mètres cubes (120 mètres cubes est la valeur de référence de l’INSEE sur la consommation moyenne annuelle d'un ménage, NDLR). Ainsi, la solution de l’adoucissement collectif de l’eau semble être une solution intéressante. Mais ce n’est pas l’avis de tous, notamment du côté de Vergèze.
Les élus Vergézois étaient contre
La maire Pascale Fortunat-Deschamps et les élus de Vergèze ont voté contre après consultation et avis par délibération du conseil municipal qui s'est prononcé en expliquant que le prix de l’eau pour un foyer consommant 30 m3, la hausse totale d'ici 4 ans serait de 11,25 %. Et que la commune de Vergèze subirait une hausse de 7 000 euros et une augmentation moyenne de 28 % sur l'ensemble de ses compteurs d'eau. Au surplus, selon la municipalité de Vergèze, ces augmentations liées à l'usine ne tiennent pas compte des hausses annuelles classiques qui viendront encore alourdir les factures.
Le procédé utilisé semble aussi consommer de l'eau notamment pour le rinçage des membranes. La lagune, "piscine extérieure", reçoit les eaux de trop-pleins des équipements, de ressuyage des billes de calcaire et de lavage des filtres. Elle sert donc de décantage des eaux. Le "surnageant "est évacué, par une pompe de rejet, vers le milieu naturel, à petit débit (5 m3/h). Ainsi chaque année, cette usine fabriquera 114 tonnes de petites perles calcaires. Suez annonce une étude en cours afin d'identifier des filières de valorisation des billes.
Le procédé de décarbonatation
Le procédé Softazur est un réacteur catalytique qui permet d’obtenir une eau à 18 degrés français +/- 3 (degrés de teneur en calcaire) par l'ajout d'un réactif alcalin (la soude) qui précipite le carbonate de calcium sous forme de billes, autour de micro-sable introduit dans l'ouvrage.