FAIT DU JOUR Guéries du coronavirus, ces Gardoises témoignent
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Elles s’appellent Floriane, Émeline et Clara(*). Originaires du Gard, ces jeunes femmes ont contracté le covid-19 avant d’en venir à bout. Retour sur leur combat contre ce virus.
C’est un virus qui fait trembler la France. Depuis plusieurs semaines : soignants, élus locaux, associations et bien sûr, citoyens confinés, sont à pied d’œuvre pour éradiquer le covid-19. Une épidémie inédite que la France n’avait pas connu depuis près d’un siècle. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, près de 15 000 malades en sont décédés. Lundi soir dans son allocution, le Président Emmanuel Macron a annoncé que l’épidémie commençait à « marquer le pas. » Un message d’espoir à l'instar de ces Gardoises qui, infectées par le virus, s’en sont sorties. Elles témoignent pour Objectif Gard.
Accouchement sous covid pour Floriane
C’est une expérience que Floriane Margier, 32 ans, n’est pas prête d’oublier. Enceinte de six mois, la Nîmoise apprend qu’elle a contracté la cholestase gravidique. Une maladie du foie représentant un risque pour le fœtus. « Cette maladie touche 0,5% des femmes en France. J’ai vraiment pas eu de bol ! », raconte Floriane. Du coup, la future maman se rend toutes les semaines à l’hôpital pour surveiller sa grossesse. À l’issue de son rendez-vous, le 24 mars, « je suis remontée à ma voiture. Il m’était très difficile de marcher, je respirais mal. Le soir, j’ai eu de grosses quintes de toux. Ça a été l’horreur... », se souvient-elle.
Dépistée « covid positif », Floriane reste à la maison : « Je m'en doutais un peu. Après que ma maman a été très malade, j’ai commencé à avoir une perte de goût et d’odorat. » Tandis qu'elle est confinée chez elle, le CHU prend quotidiennement de ses nouvelles. Son état empirant, Floriane est transportée aux urgences avant d’être transférée dans le service réanimation : « J’avais vraiment du mal à respirer. Je n’arrivais plus à tenir une conversation. » En réanimation, « l’ambiance est pesante. C’est impressionnant, vous êtes isolés avec des soignants en surblouse qui ressemblent à des cosmonautes ! »
Enceinte, Floriane dispose de moins d’énergie pour respirer. Ce qui est problématique pour son bébé, « sachant que le placenta le protégeait du covid-19. » En contact avec d’autres hôpitaux de France, les soignants nîmois optent pour une césarienne. « Ce n'était pas évident, j’étais la première femme enceinte à Nîmes atteinte du covid », indique Floriane. Une épreuve difficile pour elle et sa famille qui n'est pas autorisée à la visiter. Le 31 mars à 10h31, la petite Lily, 2,160 kg, pointe le bout de son nez. « L’équipe de soignants a été formidable ! J’ai même eu droit à de la musique lors de mon accouchement : j’ai demandé à mettre "Héros" de Patrick Bruel pour les remercier », conclut Floriane. Un bon rétablissement à Lily et sa maman.
« J’ai fait l’erreur de ne pas respecter le confinement… »
Clara a 18 ans, originaire de Saint-Privat-des-Vieux. Déjà dans le monde du travail, l’adolescente occupe un emploi de serveuse. Un boulot, « le temps de réunir l’argent nécessaire pour passer mon permis et prendre mon envol », explique la jeune fille. Le 14 mars, le Gouvernement a annoncé la fermeture des établissements recevant du public, non-indispensables à la vie du pays. Du coup, Clara s’est retrouvée en chômage partiel. Deux jours plus tard, le confinement est décrété. « Pour être honnête, j’ai fait l’erreur de ne pas prendre au sérieux le confinement », avoue celle qui est « allée voir des amis et ma famille. »
Il y a deux semaines, Clara présente les premiers symptômes : « J’ai eu mal à la tête, au ventre, des vomissements. Ça s’est intensifié au fil des jours, j’ai saigné du nez. Franchement, ça fait peur… » Après avoir pris contact avec le Samu, la mère de Clara l’accompagne au centre de dépistage d’Alès : « J’ai été testé positive. Ma mère n’a rien eu heureusement, elle est asthmatique. J’ai cru que j’allais mourir. Je prenais peur à la moindre douleur. » Remise de sa mésaventure, Clara a pu enfin sortir, ce mardi : « Si j’ai un message à faire passer, c’est vraiment de prendre au sérieux le confinement. Moi, j’en ai payé le prix », confie celle qui, plus tard, aimerait devenir sapeur-pompier.
Émeline, la sportive venue à bout du virus
À 27 ans, la Redessanaise Émeline Fraux ne fait pas non plus partie des personnes vulnérables : « Je ne fume pas et je fais beaucoup de sport. » Pourtant, il y a trois semaines, Émeline contracte un rhume accompagné d’importants maux de tête : « Je pensais que c’étaient les allergies, les règles. » Employée dans un bureau de tabac, Émeline est aussi préparatrice en pharmacie. Lors de la fermeture des établissements recevant du public, la jeune femme se met à travailler dans une officine nîmoise. Au fil des jours, « la fièvre et les courbatures sont apparues puis, plus tard, une perte du goût et de l’odorat. »
Considérée comme personnel soignant, Émeline passe le test de dépistage de Labo-sud. Le résultat est sans appel : elle est atteinte du virus. Elle est confinée chez elle avec son compagnon : « Lui n'a rien eu. D’ailleurs même moi, je ne sais pas où je l’ai attrapé puisque mes collègues à la pharmacie n’ont pas été malades. » Si aujourd’hui Émeline est guérie, elle conserve encore quelques séquelles : « J’ai dû avoir quelques lésions aux poumons : quand je suis à l’extérieur, je tousse encore. » L’odorat n’est également pas tout à fait revenu : « Hier, le chat a fait caca et moi, je n’ai rien senti ! », raconte-t-elle, amusée.
La jeune femme attend l’aval de son médecin pour reprendre le travail et le sport. D’ailleurs avant la crise sanitaire, Émeline préparait la Veni Vici, un trail gardois de 65 kilomètres. Nul doute que, comme le virus, elle saura en venir à bout !
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
(*) Le prénom a été modifié.