Alors que vient de sortir un film d’animation « Yakari », André Jobin, le créateur du personnage, continue de s’étonner du succès planétaire de son petit indien. Rencontre.

« Quand je vois un enfant lire un album de Yakari, j’ai le cœur qui bat très fort. »  Avec le temps, la sensibilité et l’enthousiasme d’André Jobin (dit Job) ne se sont pas érodés. Tout comme l’intérêt des petits et des grands pour les aventures du jeune indien et de son cheval « Petit Tonnerre »

Il débute dans le journalisme

Nîmois depuis plus de vingt ans, Job se replonge dans cette aventure qui a marqué l'histoire de la bande dessinée. Il n’était pourtant pas destiné à écrire des aventures se déroulant en Amérique du Nord au XIXe siècle. Au départ, il se lance dans le journalisme dans sa Suisse natale. De localier à rédacteur en chef il fait le tour de la question, au point de s’en lasser.

« À un moment, j’ai voulu faire autre chose, et écrire pour les enfants. »  Nous sommes alors dans les années 1960, et André fait la connaissance de Claude de Ribaupierre (dit Derib). Entre les deux hommes, l’alchimie est immédiate. Elle débouche sur la naissance de Yakari. Job au scénario et Derib au dessin.

Militant écologiste

André est inspiré par les enfants, les animaux et la nature. Le succès est au rendez-vous, et de nombreuses écoles achètent régulièrement les albums de Yakari. Au fil de ses aventures, le petit indien aborde la problématique de l’écologie. « C’est un thème qui me tient à cœur, et il y avait certainement un peu de militantisme dans mes scénarios », confesse le Nîmois. L’artiste se souvient aussi de ses facéties de gamin en Suisse : « Je m’amusais à donner des noms de chefs d’États aux animaux du village, et ça avait beaucoup de succès dans mon entourage. »

L’enfant issu de la tribu des Lakotas fait une première apparition dans l'hebdomadaire « Le Crapaud à lunettes » en 1970. Mais c’est avec les bandes-dessinées que Yakari prend son véritable envol. Entre 1973 et 2014, le duo helvète produit 39 albums pendant lesquels le héros parle aux animaux : « Moi aussi je leur parle », souligne malicieusement Job. Cela fait désormais un demi-siècle que le petit indien triomphe dans le monde entier, et son papa n’en revient toujours pas : « Je ne m’attendais pas à un tel succès, ça a très vite marché. »

« Le film m’a saisi au cœur ! » 

En 1999, André et son épouse cherchent à s’installer au soleil. En parcourant la région nîmoise, ils ont le coup de foudre pour une maison aux vertus écologiques. Ils s’installent dans la cité des Antonins, pour ne plus la quitter. Depuis trois ans, il vit dans un bel appartement du centre-ville.

Il y a eu les revues, les bandes-dessinée, les dessins-animés et les produits dérivés. Depuis cet été, Yakari est le héros d’un film d’animation (sorti le 12 août) auquel n’a pas participé André. Mais il est allé le voir, et il a été enthousiasmé : « Le film m’a saisi au cœur. J’ai été soufflé ! »

Mais Job ne se contente pas d’être spectateur, il a des projets : « J’aimerais que les timbres de Yakari, qui ont été édités en Suisse, le soient maintenant en France et en Allemagne. » Puis il envisage sérieusement de faire réparer sa vieille machine à écrire sur laquelle il crée toutes ses histoires.

« Je vais m’y remettre et faire une ou deux histoires »

« Je vais m’y remettre et faire une ou deux histoires. J’ai des idées en tête mais je les garde secrètement. »  Les aventures de Yakari pourraient bien dans les prochains mois connaître de nouveaux épisodes, et ce sera alors à Nîmes que tout commencera.

Norman Jardin