FAIT DU JOUR La Baleine fête ses 90 ans
La Baleine, nichée dans l'écrin sauvage et somptueux du salin d'Aigues-Mortes, reste ancrée dans le cœur des Gardois. Au-delà du côté festif et de son lot de surprises, la marque aborde les enjeux climatiques sereinement.
La Baleine, allégorie marine du salin d’Aigues-Mortes, reste ancrée dans le cœur des gardois. N’est-elle pas régulièrement présente à la pégoulade de la feria nîmoise ? C’est la société des Salins du midi, créée par des négociants montpelliérains, qui exploite le sel de Méditerranée en Camargue depuis 1856.
Or blanc
Le sel est extrait des marais camarguais depuis la nuit des temps. Mais c’est un ingénieur romain, Peccius, qui a rationnalisé la production du sel sous le règne de l’empereur Octave afin de payer la solde des légionnaires. Cet or blanc possède des vertus alimentaires, mais également sacrées. Les sumos éloignent les mauvais esprits, et dans le monde entier, on utilise le sel pour les cuirs et peaux, mais aussi dans le but de conserver les aliments comme la charcuterie et le poisson.
Le corps humain a besoin de deux grammes de sel par jour. En France, la consommation est de huit grammes par jour alors que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) recommande un maximum de cinq grammes.
Baleine de BD
La société Les salins du midi a été créée en 1856 par des négociants montpelliérains. Ils ont développé l’activité de commerce du sel pour divers usages, dont le sel de table. Au début du XXe siècle, le principal concurrent de l’entreprise gardoise était les salines de Franche-Comté, dont l’emblème était un lion, comme sur le blason de la région.
Il fallait donc trouver un logo fort, un animal qui surpasse le lion. C’est l’illustrateur Benjamin Rabier qui propose alors une baleine ressemblant à celle qu’il a dessinée dans les aventures de Gédéon. C’est ainsi qu’est née la Baleine, en 1934 ! La jeune grand-mère gardoise dynamique a traversé son temps, deux grandes guerres et reste aujourd’hui leader sur son marché.
Anniversaire
Afin de fêter son anniversaire, ce grand cétacé est parti en tournée dans l’hexagone et propose une exposition itinérante ainsi qu’un concours d’humour à Metz, Paris, Nantes, Bordeaux, Lyon puis Marseille.
Une série de la fameuse salière triangulaire, icone des années 60, a été relancée, en bleu, un bouchon au fond permet de la remplir. Les sauniers, agriculteurs de la mer, ont empli de sel d’or une dizaine de salières distribuées sur le marché français. Celui qui en trouve une recevra la somme de 1 000 euros ! Un repas de gala est organisé le 6 juin. La presse internationale sera présente, avec notamment des télévisions du Moyen-Orient, puisque la Baleine fête ses 25 ans au Liban.
Goutte d’eau
Le salin Aigues-mortais s’étend sur 8 500 hectares. Il se situe 30 centimètres au-dessous du niveau de la mer. L’eau effectue un parcours en escargot depuis la mer jusqu’au centre du salin, où le sel est extrait sur les tables salantes. Les sauniers, une dizaine, manipulent des portes des martellières manuellement afin de faire circuler savamment l’eau entre les étangs. Ce sont les vents et le soleil du midi qui sont les acteurs de l’évaporation de l’eau.
Selon Franck Heurtebise, directeur commercial marketing des Salins du midi depuis 37 ans, une goutte aura parcouru 60 kilomètres avant de déposer son sel dans le dernier bassin. La dernière semaine d’août, à Aigues-Mortes, 250 000 tonnes de sel en moyenne sont récoltées chaque année. Aujourd’hui en France, on récolte le sel sur une couche de contre-sel comme en Tunisie. Fini le nettoyage du sable sur les tables de lavage.
Le groupe Salins
Le groupe Salins regroupe toutes les sociétés en Europe et en Afrique. Il est la propriété d’une famille composée de deux hommes. Hubert François, directeur, et son frère Olivier ont acheté l’entreprise en 2014. En dix ans, Hubert François a doublé le chiffre d’affaires, qui se monte à 500 millions d’euros pour 2 500 personnes dans le monde (155 à Aigues-Mortes). Les marques : La Baleine, Le Saunier de Camargue (fleur de sel, sel gros et sel fin). L’entreprise détient 36 % de part du marché français du sel de table et 70 % en agroalimentaire.
Soleil et vent
Selon Franck Heurtebise, avec la hausse du prix de l’énergie, les coûts du sel « de terre » se sont envolés, alors que l’essentiel de l’énergie indispensable à produire du sel en bord de mer, c'est le soleil et le vent. La volonté du groupe est de procéder à une décarbonation sur le site camarguais à l’horizon 2035, notamment en installant des panneaux photovoltaïques.
« Nous allons utiliser notre foncier afin de tendre vers une empreinte carbone positive dans les années à venir. Nous deviendrons ainsi des producteurs d’énergie verte », annonce le directeur marketing et commercial.
Le salin, qui accueille 192 000 visiteurs par an, se développe également dans le tourisme. Les anciens mas, situés en plein cœur du salin, ont été réhabilités afin d’accueillir des amateurs de nuits salines. Au sein d’un site naturel époustouflant, les tournages de séries comme Ici tout commence (ITC), de clips ou de publicités s’intensifient. Le mois dernier, une publicité Cartier a été tournée dans cet écrin, ce paysage hors du commun.