Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 18.09.2024 - François Desmeures - 3 min  - vu 628 fois

FAIT DU JOUR La lavande distillée apporte de nouveaux parfums sur le causse de Blandas

Arnaud Porée (à droite), avec Éric Darley et sa compagne

- François Desmeures

Arnaud Porée a inauguré, vendredi dernier, une nouvelle distillerie de lavande sur le causse de Blandas, dans la commune d'Arre. De son promontoire sur le causse ou les Cévennes, il s'inscrit dans un groupement d'une quinzaine de producteurs de plantes aromatiques, sur le Gard, l'Hérault et l'Aveyron, réunis sous la bannière Erboressens. Avec Arnaud Porée s'installe sur le causse une production en harmonie avec les contraintes du terrain, notamment le manque d'eau.

Arnaud Porée (à droite), avec Éric Darley et sa compagne • François Desmeures

D'Arre, il est impossibler d'accéder directement aux hectares de la propriété d'Arnaud Porée. Difficile, aussi, d'y monter à trottinette électrique, l'activité précédente du néo-exploitant lorsqu'il résidait à Nîmes. Pourtant, la vue mérite le détour sur ce qui est l'un des points hauts du causse de Blandas, à cheval sur des paysages de Cévennes et de plateaux. En s'alliant avec l'exploitation équestre de son oncle, Arnaud Porée a profité de la vente de sa société de trottinettes électriques pour acheter, avec son père, 250 hectares de terres agricoles sur le causse de Blandas, dont les rendements ne sont évidemment pas les plus élevés du département. 

On connaît la dynamique du causse et, surtout, ses aspérités dans un calcaire qui, en dehors des dolines et de la terre argileuse qu'elles contiennent, ne permet pas de conserver d'eau. Il faut donc une culture peu consommatrice en la matière. Arnaud Porée l'a trouvée avec les plantes aromatiques, en commençant par différentes variétés de lavandes : fine, diva, aspic, ou encore de lavandin grosso. "On fait des produits d'altitude pour l'aromathérapie, dont les cours sont plus stables."

L'exploitation domine le causse de Blandas • François Desmeures

Le projet se mûrit depuis 2015, date de l'achat des locaux et du début de la rénovation du bâti. "On a retapé", résume Arnaud Porée, qui a réussi à dégager un gîte et des chambres d'hôte des lieux pour un complément de revenus. Le hangar, où sont stockés le matériel agricole et ou sèchent les lavandes, s'est couvert de panneaux photovoltaïques dont l'énergie est totalement revendue, sans auto-consommation. Et ce pour une raison simple : "Pour alimenter la distillerie, il faudrait que les panneaux produisent trois fois plus d'énergie."

Arnaud Porée au-dessus de son nouveau distillateur de 2 000 litres • François Desmeures
 

Créée sur son mas, la distillerie doit servir au GIE (groupement d'intérêt économique) dans lequel il s'est inscrit, Erboressens. "L'outil sera utilisé par les membres du groupe", soit une dizaine répartis sur l'Aveyron, l'Hérault et le Gard, à Lanuéjols et, donc, Arre. Une grosse chaudière à bois assure l'énergie nécessaire à l'alambic de 2 000 litres. "La vapeur arrive au bas de la cuve, elle rencontre les plantes, ça passe par un condenseur." En sortie, huile essentielle et hydrolat se séparent naturellement. 

Le local à distillation, sur deux étages. Au fond, l'ouveture sert à évacuer les pailles des fleurs distillées • François Desmeures

Le bois provient de la ressource contenue sur les 250 hectares de terrains. "De toute façon, je suis soumis à un plan de gestion qui m'oblige à couper des arbres", explique Arnaud Porée. La distillation consomme énormément d'eau, ce qui aurait pu être un problème sur le causse, qui en manque. Arnaud Porée s'est organisé différemment, en récupérant de l'eau de pluie et, à l'aide d'un pompe en sortie de distillation, l'eau utilisée pour la stocker à nouveau dans un ancien wagon de marchandise SNCF qui servait aux transports de liquides (d'une capacité de 60 000 litres). 

Sous les panneaux photovoltaïques, sur le toit, coule l'eau qui a utilisée pour la distillation et est pompée, afin de revenir dans la cuve de 60 000 litres • François Desmeures

"Contrairement au projet de départ, qui était de constituer un groupe pour vendre en gros et demi-gros, on s'est mis à développer nos propres produits, parce que le contexte est difficile en ce moment." La production de lavande aspic part tout de même entièrement vers la marque Éthiquable, qui lui reconnaît son caractère de produit de terroir, bio et totalement traçable. 

Lavande, millepertuis et carotte sauvage, en attente de distillation pur l'inauguration, le 13 septembre • François Desmeures

Si le groupement revêt évidemment un intérêt économique, il est aussi utile en matière d'échange de matériels et de connaissances. Car c'est le savoir, l'expérience et la capacité de transmission des connaissances d'Éric Darley qui rendent aussi le GIE possible, lui qui étudie et distille depuis trente ans à deux pas de l'Hospitalet-du-Larzac. Et qui a toujours mis ses formules à disposition afin d'enrichir le processus plutôt que d'abonder sa fortune personnelle. 

Les produits du groupement d'intérêt économique sortent sous la marque Erboressens • François Desmeures

Sur le causse de Blandas, ce sont 15 hectares qu'Arnaud Porée mettra au total en production, après avoir broyé la roche calcaire qui affleure pour la transformer en cailloux. Son alambic est justement dimensionné pour traiter les plantes d'une telle surface. En plus de ses différentes variétés de lavande et de lavandin, Arnaud Porée distille du thym et fait des essais avec du millepertuis ou encore de la carotte sauvage, dont les vertus pour la peau sont reconnues. Pour avancer encore dans la découverte de son nouveau métier et d'une reconversion pleine de perspectives. 

www.erboressens.fr

Une partie de l'exploitation donne sur la vallée de l'Arre, côté Cévennes • François Desmeures

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