Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 26.08.2020 - thierry-allard - 3 min  - vu 568 fois

FAIT DU JOUR Le cinéma de Bagnols, le Casino, rouvre après cinq mois de fermeture

Anne-Marie et Mathieu Duffès, gérants du cinéma le Casino, à Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Plus qu’un cinéma, c’est un bout du patrimoine de Bagnols : le cinéma le Casino, qui a dû fermer le 15 mars dernier pour cause de confinement, rouvre ses portes ce mercredi 26 août. Enfin !

Depuis son ouverture à l’aube du XXe siècle à l’époque du cinéma muet, il n’avait jamais connu ça : plus de cinq mois de fermeture pure et simple. Une fermeture longue pour le seul cinéma de la troisième ville du Gard. Ses quatre salles désespèrent de retrouver des spectateurs, dont les nombreux fidèles de l’établissement. « Certains viennent même en avance pour être sûrs d’avoir leur place préférée, sinon ils reviennent le lendemain », s’amuse Mathieu Duffès, qui gère le cinéma indépendant avec son épouse Anne-Marie.

Une longue parenthèse, plus longue que pour nombre des cinémas de France et de Navarre, qui peuvent ouvrir depuis le 22 juin dernier, un peu plus d’un mois après la fin du confinement. « D’autres cinémas ont choisi de rouvrir, mais nous avons décidé que les conditions n’étaient pour le moins pas optimales », résume Mathieu Duffès. Plus précisément, les gérants se sont retrouvés « pris de court » en juin, et envisagent alors de reprendre en juillet, puis en août. « On attendait les nouvelles directives toutes les trois semaines », rembobine le gérant.

Ils ont bien failli rouvrir le cinéma en juillet. Seulement voilà, « alors que sur la deuxième quinzaine nous avions plus de films, comme Mulan ou Tenet, et ils ont été déprogrammés, comme d’autres films ensuite », poursuit Anne-Marie Duffès. Résultat : les cinémas qui ont rouvert pâtissent de ce manque de blockbusters, « et chez nos collègues, les entrées étaient très basses », affirme la gérante. « Entre moins 70 et moins 80 % », précise Mathieu Duffès.

L’équation est alors finalement simple : si le Casino rouvrait, c’était pour perdre de l’argent. « Nous en avons perdu, mais moins en restant fermés qu’en étant ouverts », souligne la gérante. D’ailleurs, certains de leurs confrères ont rouvert avant de refermer, soufflent-ils. « Même le Grand Rex à Paris a dû à nouveau fermer, faute de spectateurs », avance Anne-Marie Duffès. Une situation peut-être plus désastreuse que de ne pas rouvrir du tout.

Christopher Nolan en sauveur ?

Finalement, le Casino rouvre ce mercredi (*). « Les vacances finissant, l’offre devenant plus alléchante, nous espérons que les spectateurs vont retrouver le chemin des salles », avancent les gérants. Alors pour cette réouverture, ils sont « fébriles, mais anxieux quand même. » De la fébrilité, car le cinéma garde ses fidèles, qu’ils sont impatients de retrouver. « Nous avons eu beaucoup de soutien, des messages sympathiques. La réouverture est super bien accueillie, c’est réconfortant », affirme la gérante. Et anxieux car dans ce contexte encore difficile, rouvrir reste un pari.

Alors le Casino compte sur sa matière première : les films. Pour cette réouverture, le cinéma peut compter sur le tout nouveau film de Christopher Nolan, Tenet, peut-être le film événement de l’année. « Tout le monde espère que ce film sera la locomotive pour relancer la machine », notent les gérants, avant d’ajouter que dans leur métier, « tout dépend de l’offre. » D’autres films, comme le nouveau long-métrage de Benoit Delépine et Gustave Kervern Effacer l’historique, Les Blagues de Toto de Pascal Bourdiaux ou encore Scooby de Tony Cervone seront également projetés pour la réouverture. À plus long terme, le cinéma compte aussi sur le nouveau film de Nicolas Vanier, Poly, qui a été tourné dans le Gard rhodanien et sortira en octobre.

Une programmation éclectique, signature d’un cinéma qui veut s’adresser au public le plus large, pour résister face aux gros multiplexes avignonnais et nîmois. « C’est très difficile de lutter, mais nous avons la chance en France d’avoir un système qui aide les producteurs et les exploitants, un système vertueux », souligne Mathieu Duffès. La fameuse exception culturelle française. Reste que cette crise sanitaire a largement fragilisé le cinéma de Bagnols, comme toute la filière.

Alors au Casino comme ailleurs et plus que jamais, on compte sur le retour dans les salles des spectateurs, pour continuer à faire de la France ce pays de cinéma. Et pas que dans les grandes métropoles : nous restons le peuple le plus cinéphile d’Europe avec 213 millions d’entrées en 2019.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

* Une réouverture qui sera accompagnée de mesures sanitaires : masque obligatoire dans le hall et lors des déplacements pour les personnes de 11 ans et plus, une distanciation d’un siège entre les personnes ou entre les groupes, gel hydro-alcoolique à disposition et mise en place d’un sens de circulation.

Thierry Allard

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