FAIT DU JOUR Le froid s'empare des Gardois : quel dispositif pour les sans-abri ?
Alors que la neige tombait sur le département dans la nuit de samedi à dimanche, le froid s'est installé des Cévennes au littoral. Premières victimes des nuits glaciales : les sans-abri.
Entre 1 et 10 centimètres de neige sont tombés ce week-end, principalement dans le nord du département. Dans les plaines, même si elle n'a pas tenu, la neige a surpris les Gardois, y compris les observateurs. "On ne s'attendait pas à voir cette quantité là comme à Salindres et au Mont Bouquet où 3 à 4 centimètres se sont accumulés" précise Stéphane Roos, chef du centre Météo France dans le Gard. Au Mont Aigoual, la température a chuté jusqu'à - 15 degrés en pleine nuit.
Si la situation devrait se rétablir d'ici la fin de la semaine, les journées de mercredi et jeudi s'annoncent toujours aussi froides à cause du vent. "C'est le mistral qui provoque ces faibles températures records ressenties. On peut avoir 8 à 9 degrés d'écart entre la température sous un abri, et celle en plein vent". Une vague de froid qui rappelle celle de février 2012 et qui avait duré une dizaine de jours. Mais les prévisions sont bonnes : "Le vent va finir par retomber d'ici jeudi où l'on aura toujours ce temps froid mais beaucoup moins intense. D'ici la semaine prochaine, on sera de retour à des normales de saisons".
A Alès, une dizaine de SDF dans le froid
En attendant, les associations sont à pied d'oeuvre pour les sans-abri. Depuis le 1er novembre comme chaque année, le Samu social d'Alès se déplace à leur rencontre tous les soirs, aux quatre coins de la ville. Et parfois au-delà. Objectif : repas chaud et équilibré, vêtements, couvertures, et surtout un peu d'écoute. "On sait quand on part, on ne sait pas quand on revient. Ce qu'ils apprécient, c'est la relation humaine, la confiance et le respect", commente Zénon, responsable adjoint du centre.
Dans le cadre du plan Grand Froid, le préfet du Gard a annoncé lundi que la fréquence des maraudes était renforcée (trois fois par jour) et que 45 places d'hébergement supplémentaires étaient ouvertes en plus des 266 disponibles à l'année. A Alès, cette décision ne modifiera pas vraiment le fonctionnement déjà bien rodé des 50 bénévoles. "Dès que les températures sont basses, on va à la rencontre des personnes pour évaluer leurs besoins en chaussettes, parkas... On n'est pas vraiment regardant sur le nombre de couvertures. S'il faut les remplacer d'un jour sur l'autre à cause de l'humidité, on le fait", explique Michèle Coste, responsable du centre. C'est pour l'instant la priorité de l'association, "et ça durera le temps nécessaire".
Côté logement, la plupart vivent aujourd'hui dans des abris de fortune, voiture, squat, véhicule aménagé ou foyer. D'autres passent encore leurs nuits dehors, même en cette période d'extrême rigueur. Ils sont entre 6 et 10 à Alès, sur 70 bénéficiaires du Samu social. Par manque de places ? "Certains ne supportent pas d'être enfermés ou la promiscuité d'un foyer. Même s'ils risquent leur vie, ils sont habitués. Vous savez, si un jeune ne quitte pas la rue dans les deux ans, il perd ses repères", constate Zénon qui réfléchit avec son équipe à la création d'un mode d'hébergement complémentaire dans le centre ville. En tout cas, provisoirement, "s'il y a vraiment un besoin, on ouvrira un gymnase. Mais on a encore une chambre d'hébergement libre depuis hier, et l'on peut financer - ou le 115 - une chambre à l'hôtel".
Eloïse Levesque et Baptiste Manzinali
Pratique :
Numéro d'urgence sociale : 115 (appel gratuit, 24h/24)