Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 18.11.2020 - stephanie-marin - 3 min  - vu 1343 fois

FAIT DU JOUR Le secteur de l'immobilier est-il la bête noire du Gouvernement ?

Ludovic Tourdiat, président régional de l'Union des syndicats de l'immobilier. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard)

L'Union des syndicats de l'immobilier juge bancale l'annonce faite par le Premier ministre le 12 novembre dernier de maintenir le principe de l’interdiction pour une durée indéterminée des visites immobilières dans le parc privé en vue de la vente ou de la location d’un bien.

"Le marché de l’immobilier est en berne". Ces propos de Ludovic Tourdiat, président régional de l'Union des syndicats de l'immobilier (UNIS), avaient été recueillis en mai dernier, quelques jours avant le déconfinement. Mais les mois qui ont suivi, notamment juin et juillet, ont permis aux agences immobilières de redresser la barre. "Après la pluie, le beau temps", comme dit le proverbe. "Après trois mois de quasi inactivité, nous avons énormément travaillé", assure le président régional de l'UNIS.

Les fameux 3D, comprenez "les décès, les déménagements, les divorces" ont engendré des mouvements de locations et de ventes. "Encore une fois, on se rend compte que la pierre reste une valeur refuge certaine. On a presque rattrapé le retard", insiste le gérant des structures Tourdiat gestion et Tourdiat immobilier à Nîmes. Au mois de mai dernier, il estimait une baisse d’activité économique de l’ordre de 30% pour 2020 par rapport à 2019, six mois après il revoit sa copie et annonce -20%.

"Une décision illogique, incohérente et injuste"

L'accalmie aura été de courte durée. L'avis de tempête a été lancé par le président de la République le 29 octobre dernier, annonçant à cette occasion une flopée de mesures pour casser la deuxième vague de la pandémie en France. Parmi lesquelles, l'interdiction des visites immobilières dans le parc privé en vue de la vente ou de la location d’un bien. Une décision réaffirmée le 12 novembre dernier par le Premier ministre, Jean Castex.

"Là, nous sommes en colère, réagit Ludovic Tourdiat. Cette décision est illogique, incohérente et injuste." Plusieurs interrogations le taraudent : pourquoi interdire les bailleurs privés et autoriser les bailleurs sociaux à faire des visites ? Pourquoi empêcher les visites et donc les agents immobiliers de travailler, alors que les notaires le peuvent, que les banquiers le peuvent, que les huissiers le peuvent, les entreprises du bâtiment aussi ainsi que les diagnostiqueurs, etc. ?

"Le logement, c'est 256 milliards en valeur ajoutée. C'est 11% du PIB (produit intérieur brut, Ndlr). C'est 2,1 millions d'emplois en France. C'est au-dessus des secteurs de l'automobile, de la santé, du luxe. Priver les agents immobiliers de travailler aura donc des conséquences graves sur cette chaîne économique du logement", avertit le représentant régional de l'UNIS.

La transaction, le maillon premier de la filière

Alors oui, même fermées au public les agences - dont bon nombre ont encore recours au chômage partiel et au télétravail - peuvent poursuivre une partie de leurs activités : les estimations, les états des lieux, tout le travail technique qui n'expose pas leurs clients ainsi que, pour ceux qui en ont la compétence, la gestion de copropriété. "Mais la transaction est le maillon premier de la filière."

L'interdiction des visites en présentiel l'empêche, dans un contexte où la demande est plus forte que l'offre. Que penser du virtuel ? "C'est un outil merveilleux, répond Ludovic Tourdiat. Mais c'est une aide à la présélection. En aucun cas une visite en présentiel ne peut être remplacée par une visite virtuelle. Au cours d'une visite en présentiel, il se passe des choses. On a des ressentis, on entend des bruits, on sent des odeurs, on peut rencontrer les voisins... C'est une addition de paramètres, de détails qui font que l'on s'oriente vers un logement plutôt qu'un autre."

Faire de la recherche d'une résidence principale un motif impérieux

Le constat est sans appel. Pour l'UNIS, interdire les visites des biens revient à "bafouer l'accès au logement. Aujourd’hui, en période de crise, ce droit fondamental n’est pas défendu. L’Immobilier est la bête noire de ce quinquennat".

"Nous demandons une déclaration expresse considérant que la recherche d’une résidence principale, pour des raisons de fragilité ou liée à l’emploi, constitue un motif impérieux permettant à un particulier de se déplacer", plaide dans un communiqué, Danielle Dubrac, la présidente nationale de l'organisation de professionnels de l’immobilier. Une demande adressée au Premier ministre, également signée par la Fédération nationale de l'immobilier et Pluriance. "Par le passé, à chaque fois qu'il y a eu une telle action conjointe, quelques retours positifs ont été obtenus", précise Ludovic Tourdiat, gardant ainsi espoir.

Un protocole sanitaire plus strict

Pour permettre les visites, et ainsi préserver la santé économique du secteur tout en protégeant leurs clients, les professionnels de l'immobilier se disent favorables à la mise en place d'un protocole plus strict que celui pratiqué lors du déconfinement. Les organisations syndicales revendiquent la possibilité d'être tiers de confiance de l'État. Rappelons que les professionnels qui feraient fi de l'interdiction actuelle, s'exposent à des sanctions financières, ainsi qu'au retrait de leur carte professionnelle et à l'interdiction d'exercer.

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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